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Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
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parterres de fleurs, à l’ombre des blocs attenants. Plus rien ne bougeait. Aucun des gardes n’était rentré.
    Le soir pointait et il ne se passait toujours rien. L’alerte n’avait pas encore été levée. Lorsque la nuit fut tombée, nous retournâmes dans nos blocs, mais plus de la moitié de mes camarades de chambrée ne purent réussir à rentrer. Nous étions tous en état de confusion, ne sachant qu’une chose avec certitude : la nuit à venir serait décisive. Soir après soir, nous espérions depuis une semaine que le lendemain nous apporterait la libération. Mais cette fois, il semblait qu’elle arrivait enfin et que le destin allait, dans les heures suivantes, nous apporter la réponse à la question de savoir si nous avions l’avenir devant nous ou pas. Nous devions passer la nuit dans les blocs qui bordaient le camp, le long de l’immense plaine. Il s’engagea alors de vives discussions entre nous sur le fait que nous courions plus le risque d’être touchés et d’être blessés à l’endroit où nous étions qu’ailleurs, car les minces planches en bois du bloc n’offraient aucune protection. Nous restâmes éveillés, spéculant sur les ricochets de tirs, les bombes, les grenades et les obus. Puis vaincu par le sommeil, je m’endormis.
    Lorsque nous nous réveillâmes, rien n’avait encore changé. Le couvre-feu était toujours décrété et un silence de plomb régnait sur le camp. Nous ne pouvions pas voir ce qui se passait au niveau du portail et des bâtiments administratifs, car la vue nous en était obstruée par l’océan de baraquements, que formait le camp. Nous étions sans nouvelles fraîches depuis vingt heures. Deux jours s’étaient écoulés depuis notre dernière ration – 300 grammes de pain et l’habituelle petite cuillère de miel de synthèse.
    Vers midi, nous entendîmes le hurlement de la sirène, tel qu’il n’avait encore jamais été utilisé : les Allemands l’appelaient « Sirène d’alarme antichar ». L’heure de la décision était venue. Nous scrutions la vallée. Nous vîmes une file de manteaux gris et de casques d’acier courir en lisière de forêt, des SS qui se retranchaient avec des caisses de munitions et des mitraillettes. Un peu plus tard, nous en aperçûmes d’autres, plus nombreux cette fois, courant encore plus vite, armés d’un fusil seulement. Puis ce fut à nouveau le calme, et l’incertitude continuait de planer. Je remettais entièrement mon sort dans les mains de ces camarades, dont on m’avait dit : « Ils veillent toujours, même quand on ne s’en aperçoit pas. » En cas de tentative de tous nous liquider, ils agiraient. Leur nombre ne suffisait pas, craignais-je, mais leur résistance serait d’autant plus terrible. Nous n’étions pas sans défense. Nous nous battrions.
    11 avril 1945 – il était entre trois et quatre heures. Nous attendions, rongés par l’incertitude et la tension était à son comble. Quelques garçons, couchés sur leurs planches, fixaient le plafond. D’autres regardaient ce qui se passait dans la vallée, à travers des fentes du mur.
    Brusquement, venant de l’autre côté, c’est-à-dire du Grand camp, des clameurs, de plus en plus fortes… nous nous ruâmes à l’extérieur pour vérifier : rien ne bougeait. Tout à coup, quelqu’un cria : « Regarde, la tour !!! » Je levai les yeux, cherchant du regard le toit de forme pyramidale, qui surplombait le camp. La croix gammée, de travers, avait disparu ! Quelque chose de blanc flottait sur ce mât symbolique. L’instant que nous avions si intensément désiré était arrivé : l’exquise minute de victoire, que nos camarades allemands avaient espérée durant 4 453 jours et 4 453 nuits, était enfin là !
    *
     
    Il y eut des larmes et des cris de joie. Un drapeau blanc flottait au-dessus de Buchenwald, mais ce n’était pas le drapeau de notre capitulation, c’était un drapeau de victoire – non pas de la victoire d’une armée, qui avait traversé l’océan pour venir jusqu’ici, mais d’une victoire gagnée au combat. Et ce n’était pas une victoire militaire. C’était une victoire sur le monde : notre victoire.
    1 - N.D.A. : J’appris par la suite que c’était le début de l’offensive russe qui se termina par l’encerclement de Breslau.
     
    2 - N.D.T : Pless sous le Reich
     
    3 - N.D.A. : J’appris plus tard, qu’il y avait eu des partisans dans cette forêt et que les

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