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Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
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encore habitués à l’opiniâtreté des puces d’un camp de concentration et se grattaient jusqu’au sang. Plusieurs d’entre eux avaient également la gale, ce minuscule parasite, qu’un pauvre détenu suant et épuisé, une fois qu’il l’avait attrapée, n’avait pratiquement aucune chance de pouvoir s’en débarrasser.
     
    Le typhus, la fièvre typhoïde, la scarlatine frappaient leurs victimes avec une effrayante régularité, la diarrhée et la dysenterie n’étaient pas moins mortelles. « C’est à cause de toute cette nourriture dégueulasse », disaient ceux qui en souffraient. « C’est parce que nous sommes de constitution trop fragile », estimaient les autres. « Interdiction de boire l’eau ! – Risques d’épidémie ! », telles étaient les menaces affichées sur des panneaux, accrochés au-dessus des robinets et chargés de nous dissuader de boire cette eau précieuse au goût épicé de chlore, auxquels nous allions nous sustenter et nous rafraîchir sans compter.
    «  Eine Laus dein Tod !  » (« Un pou, ta mort ! »), était un des rappels figurant sur des plaques émaillées, suspendues aux murs et brandissant un portrait très représentatif de l’horrible vampire en question. Pour la première fois, nous avions des poux au camp, qui avaient d’abord été tâter le terrain à Birkenau, où souris, rats et vermine leur faisaient grande concurrence. À cause de cela, nous devions désormais, tous les dimanches matin après l’appel, passer au contrôle d’épouillage après avoir préalablement et soigneusement nettoyé les coutures de nos vêtements, pour parer à l’éventualité d’être accusés de propager des maladies.
    Une de ces chasses aux parasites s’avéra pour moi un pas supplémentaire sur la voie de vieux routier que j’empruntais. Chemise à la main, le pantalon baissé, je m’approchai d’un des « contrôleurs de poux », un détenu armé d’une loupe, qui devait consciencieusement vérifier si j’avais des poux de tête, des poux de corps ou des morpions. Avec un sourire amusé, il ajusta sa loupe devant les yeux : « Salut, vieux ! Encore en vie, toujours aussi râleur ? » me dit une voix avec un accent slave. C’était Ello, le garçon si sympathique, qui jadis, avait été l’assistant du doyen du bloc 7a. Il ajouta en me chuchotant à l’oreille : « Pas la peine que tu te donnes tant de mal, la prochaine fois, je te raye des listes, comme le personnel, et tu ne seras pas contrôlé. On peut faire confiance à tes vieilles mains expérimentées, pour faire claquer les poux entre les ongles. »
    En allant chercher ma ration de soupe quotidienne pour soudoyer mon estomac d’un litre de liquide, je regardai encore une fois ces adolescents attendant de passer le contrôle d’épouillage et observai leurs avant-bras nus, qui révélaient leur matricule. Tous avaient un numéro bien plus élevé que le mien et étaient arrivés plus d’un an après moi. C’est vrai ! Les détenus arrivés m’ayant précédé se comptaient sur les doigts d’une main. J’étais devenu un vieux routier.
    1 - NDLT : Dès 1933, les Nazis ouvrirent une quinzaine de camps dans la région maréageuse et isolée de l’Emsland (nord-ouest de l’Allemagne), regroupés sous l’appellation « camps des Marais ». Les conditions de survie y furent atroces. Les plus connus sont ceux de Börgermoor et Esterwege.
     

 
    Chapitre 5
    Ça continue
    Un jour, à l’automne 1944, une moto inattendue arriva sur notre chantier. Le chauffeur, un SS complètement excité, descendit, appela son collègue, le surveillant, avec lequel il échangea brièvement quelques mots : « Alerte » ; « Tout le monde au camp » ; « On reste en contact ».
    Lorsque nous arrivâmes – en quatrième vitesse – au portail du camp, nous vîmes que les gardiens, portant déjà leur casque, étaient postés devant les abris aériens. Le couvre-feu total était déclaré. Nos camarades chuchotèrent : « Tous les kommandos sont rentrés. Vous n’avez pas entendu ce qui s’est passé ? Birkenau brûle ! »
    Nerveux, à l’affût des nouvelles, nous faisions les cent pas dans le baraquement. Au cours de l’après-midi, une chose jamais vue jusqu’alors se passa : on nous distribua nos rations de la semaine à l’avance – un pain et demi pour six jours. Nos craintes allèrent grandissant. Même les détenus influents – certains avaient jusqu’à

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