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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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soie de la saison arrivèrent de l’intérieur et remplirent les entrepôts du Co-hong au bord du fleuve.
    Enfin, Jin-qua arriva, de nuit, en grand secret.
    « Holà, Taï-pan, dit-il en entrant dans la salle à manger particulière de Struan, appuyé sur les bras de ses esclaves. Très bon voir vous. Pourquoi faire pas venir me voir, heya ? »
    Les esclaves l’aidèrent à s’asseoir, se prosternèrent et se retirèrent. Le vieillard paraissait vieilli, plus ridé, mais son regard pétillait de jeunesse et de sagacité. Il était vêtu d’une longue tunique et d’un pantalon de soie bleu pâle, avec une veste matelassée en brocart vert pour se protéger de l’humidité de la nuit de printemps. Il était coiffé d’un chapeau multicolore.
    « Holà, Jin-qua. Mandarin Longstaff pas mal beaucoup colère. No veux Taï-pan amis voir. Ayee yah. Thé ? »
    Struan le recevait exprès en manches de chemise car il voulait que Jin-qua comprenne tout de suite qu’il n’appréciait pas du tout la demi-pièce de Wu Fang Choi. Le thé fut servi et des domestiques apportèrent des plateaux de mets délicats commandés tout particulièrement par Struan.
    Struan servit des dim sum à Jin-qua et en prit lui-même.
    « Chow pas mal très bon, dit Jin-qua, tout raide sur son fauteuil.
    — Chow très mauvais », s’excusa protocolairement Struan, tout en sachant très bien qu’on ne trouvait rien de meilleur à Canton.
    Un domestique apporta du charbon au feu et y ajouta quelques bûches de bois odorant. Le parfum délectable du bois précieux emplit la pièce.
    Jin-qua mangea les dim sum avec élégance et but le vin chinois chambré à la température voulue. Le vin lui réchauffa le cœur et il fut enchanté de voir que son protégé, Struan, se conduisait à la perfection, comme le ferait un subtil adversaire chinois. En servant des dim sum en pleine nuit, alors que la tradition exigeait que l’on n’en mangeât que l’après-midi, Struan indiquait son déplaisir et le mettait à l’épreuve pour savoir ce qu’il avait appris de sa rencontre avec Wu Kwok.
    Et bien que Jin-qua fût ravi que ses enseignements – ou plutôt ceux de sa petite-fille T’chung May-may – portassent de tels fruits, il ne se défaisait pas d’une vague inquiétude. Voilà le risque infini que l’on encourt, se dit-il, quand on enseigne les manières de la civilisation à un barbare. L’élève apprend trop bien et peut souvent surpasser le maître. Attention…
    Jin-qua renonça donc à son intention de choisir le plus petit dim sum, le plus léger, et de l’offrir en l’air, comme Struan avait fait sur la jonque de Wu Kwok, ce qui aurait révélé avec une infinie subtilité qu’il savait ce qui s’était passé dans la cabine du pirate. Il prit donc un beignet de langoustine, et le mangea avec placidité. Il savait que la sagesse commandait, pour le moment, de cacher ce qu’il savait. Plus tard, s’il le désirait, il pourrait aider le Taï-pan à éviter le danger qu’il courait et lui montrer comment se libérer du désastre.
    Tout en mâchonnant les dim sum, il songeait à la stupidité incroyable des mandarins et des Mandchous. Imbéciles ! Méprisables fous sans mère et mangeurs d’ordure ! Que leurs pénis se dessèchent et que leurs boyaux grouillent de vers !
    Tout avait été imaginé et exécuté si adroitement ! pensait-il. Nous avons manœuvré les barbares et les avons poussés à la guerre – au lieu et à l’heure de notre choix – ce qui a résolu leurs problèmes économiques, mais dans la défaite nous n’avons rien accordé d’important. Le commerce a continué, par Canton uniquement, et l’Empire du Milieu est resté protégé, à l’abri des barbares envahisseurs. Et nous ne leur avons abandonné qu’un rocher malodorant que déjà, avec le premier coolie qui prit pied sur cette terre, nous commençons à récupérer.
    Jin-qua songea à la perfection du plan qui avait habilement exploité la cupidité de l’empereur et sa crainte que Ti-sen ne fût une menace pour le trône, et poussé l’empereur à causer la perte de son propre parent. Une malice divine. Ti-sen avait été parfaitement dupé, admirablement choisi pour sauver la face de l’empereur et de la Chine. Mais aujourd’hui, après des années de ruse et de patience, après une victoire totale sur les ennemis de l’Empire du Milieu, cet épouvantable morceau de viande pourrie contaminée par l’avarice –

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