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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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du Bengale, aux Indes britanniques. Ou de Malwa. Où est Malwa, petit ?
    — Aux Indes portugaises, monsieur.
    — C’était portugais, mais maintenant le pays appartient à la Compagnie des Indes britanniques. Elle s’en est emparée pour compléter son monopole international de l’opium et ruiner ainsi les trafiquants d’opium portugais ici à Macao. Tu fais trop de fautes, petit, alors tu vas avoir le fouet, hein ? »
    Gordon Chen se rappelait que ce jour-là, il avait détesté l’opium. Mais à présent il le bénissait. Et il rendait grâces à son joss de lui avoir donné son père et Hong Kong. Hong Kong allait le rendre riche, très riche.
    « Des fortunes vont se faire ici, dit-il à Horatio.
    — Certains négociants vont prospérer, répondit distraitement Horatio, en contemplant le canot qui approchait. Quelques-uns. Le négoce est bougrement difficile.
    — Tu penses toujours à l’argent, pas vrai, Gordon ? intervint Mauss d’une voix dure. Mieux vaudrait penser à ton âme immortelle et à ton salut, petit. L’argent n’a pas grande importance.
    — Oui, monsieur, bien sûr. »
    Gordon Chen dissimula son amusement devant la stupidité de cet homme.
    « Le Taï-pan a l’air d’un puissant prince venu réclamer son apanage », déclara Horatio presque pour lui-même.
    Mauss se tourna vers Struan.
    « Oui, en effet, hein ? »
    Le canot s’engageait dans le ressac.
    « Rentrez les avirons », cria le maître de nage.
    L’équipage obéit et sauta par-dessus bord pour tirer l’embarcation sur la plage.
    Struan hésita. Puis il sauta par l’avant. À l’instant même où ses bottes de marin touchèrent terre, il comprit que cette île allait avoir sa peau.
    « Jésus Dieu tout-puissant ! »
    Robb était à côté de lui et vit sa pâleur subite.
    « Qu’est-ce qui ne va pas, Dirk ?
    — Rien, répondit Struan en se forçant à sourire. Tout va bien, gamin. »
    Il essuya l’écume sur son front et s’engagea sur la plage, vers le mât du drapeau. Par le sang du Christ, songeait-il, j’ai sué et travaillé pendant des années pour t’avoir, Ile, et tu ne vas pas me battre maintenant. Que non, par la mordieu !
    Robb l’observait et le voyait boiter légèrement. Son pied doit le faire souffrir, pensa-t-il. Il se demanda comment la moitié d’un pied pouvait faire mal. L’accident était arrivé lors de l’unique course de contrebande qu’avait faite Robb. En sauvant la vie de son demi-frère paralysé de terreur, Struan avait été attaqué par les pirates. Une balle de mousquet avait emporté le côté extérieur de sa cheville et deux petits orteils. Quand l’attaque avait été repoussée, le médecin du bord avait cautérisé la blessure en y versant de la poix brûlante. Robb pouvait encore sentir l’odeur de la chair grillée. Sans moi, songeait-il, cela ne serait jamais arrivé.
    Il suivit Struan sur la plage, dégoûté de lui-même.
    « Bonjour, messieurs, dit Struan en rejoignant quelques marchands près du mât. Belle matinée, par Dieu !
    — Il fait froid, Dirk, grogna Brock. Et c’est bien courtois de ta part d’être si ponctuel.
    — Je suis en avance. Son Excellence n’est pas encore à terre et le canon n’a pas été tiré pour le signal.
    — Oui, et une heure et la demie de retard, et tout ça bien arrangé entre toi et ce laquais sans tripes, je veux bien parier.
    — Je vous serais reconnaissant, monsieur Brock, protesta le capitaine Glessing, de ne pas parler en ces termes de Son Excellence.
    — Et moi je vous serais reconnaissant de garder vos opinions pour vous. Je ne suis pas dans la marine et pas sous votre commandement, rétorqua Brock et il cracha par terre. Mieux vaudrait penser à votre guerre que vous ne faites pas… »
    La main de Glessing se crispait sur son épée.
    « Je n’aurais jamais cru voir le jour où la Royal Navy serait appelée à protéger des contrebandiers et des pirates ! Vous n’êtes pas autre chose, déclara-t-il en se tournant vers Struan. Tous, jusqu’au dernier. »
    Un silence subit tomba, et Struan éclata de rire.
    « Son Excellence n’est point d’accord avec vous.
    — Nous avons des décrets du Parlement, par Dieu, les Décrets de Navigation. L’un d’eux précise : “Tout navire armé sans autorisation pourra être considéré comme prise de guerre par la marine de n’importe quelle nation.” Votre flotte est-elle autorisée ?
    — Des tas de pirates croisent

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