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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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public à ton frère bien-aimé ? Lui donner de la face devant la vraie population de Hong Kong ? Naturellement, il doit y avoir des pleureurs ! Ne sommes-nous pas la Noble Maison ? Est-ce que nous pouvons perdre la face devant le plus misérable des coolies ? À part que ce serait vilainement de mauvaises manières et du très mauvais joss, nous ne pouvons pas ne pas le faire, c’est tout !
    — Ce n’est pas notre habitude, May-may. Ce ne sont pas nos usages. Nous faisons les choses autrement.
    — Naturellement. C’est bien ce que je dis. Tu t’occuperas de ta face avec les barbares, mais moi je ferai de même avec les miens. Je porterai le deuil en privé pendant cent jours, car naturellement je ne peux aller publiquement à ton enterrement ni à l’enterrement chinois. Je m’habillerai tout en blanc, qui est la couleur du deuil. Je ferai faire une plaquette et tous les soirs nous ferons kowtow devant. Et puis au bout des cent jours nous brûlerons la plaquette, comme ça se fait, et son âme pourra renaître en sécurité, comme toujours. C’est le joss, Taï-pan. Les dieux avaient besoin de lui, ça ne fait rien. »
    Mais il ne l’écoutait plus. Il se creusait la cervelle et cherchait désespérément une solution : comment vaincre la fièvre et comment sauver la vallée et comment préserver Hong Kong ?

28
    T ROIS jours plus tard, Robb fut enterré à côté de la tombe de la petite Karen. Wolfgang lut l’office des morts dans l’église sans toit, sous un ciel uniformément bleu.
    Tous les taï-pans étaient présents, sauf Tillman qui était toujours couché à bord du ponton de Cooper-Tillman, plus mort que vivant, avec la fièvre de la Vallée Heureuse. Longstaff n’assistait pas à la cérémonie. Avec le général et l’amiral, il s’était déjà embarqué pour Canton, avec la flotte et les transports de troupes et tous les soldats en état de combattre. La dysenterie avait décimé leurs rangs. Le vapeur H.M.S. Némésis avait été envoyé en avant-garde.
    Sarah était assise au premier rang, sur le banc de bois brut, toute en noir et voilée de crêpe. Shevaun aussi était en noir. Et Mary, Liza, Tess et toutes les autres. Les hommes portaient leurs costumes de cérémonie, et suaient abondamment sous l’épais drap sombre.
    Struan se leva pour lire les versets de la Bible, et Shevaun le contempla avidement. Elle lui avait fait ses condoléances la veille et savait que maintenant il lui fallait attendre. Dans une quinzaine de jours, tout irait mieux. Maintenant que Robb n’était plus là, elle allait être obligée de réviser son plan. Elle avait projeté d’épouser Struan rapidement et de l’emmener d’abord à Washington pour y faire la connaissance d’importantes personnalités, puis à Londres et au Parlement, mais avec le soutien de ses liens politiques américains. Plus tard, retour à Washington, ambassadeur. Mais le plan devait être remis à plus tard, car elle savait qu’il ne partirait jamais tant que Culum ne serait pas de taille à le remplacer.
    Simultanément, tandis que le sombre cortège suivait Queen’s Road jusqu’au cimetière, une assourdissante procession funèbre blanche serpentait entre les murs des étroites ruelles de Tai Ping Shan en criant aux dieux la grande perte de la Noble Maison, glapissant, hurlant, pleurant, gémissant en se déchirant les vêtements, au son des tambours et des crécelles.
    Et le peuple de Tai Ping Shan était énormément impressionné par les manières du Taï-pan et la grandeur de sa maison. Gordon Chen grandit à leurs yeux de toute la face de son père, car aucun des habitants de la colline chinoise n’aurait imaginé que le Taï-pan honorerait ainsi leurs dieux et leurs coutumes. Non que Gordon Chen eût besoin d’accroître sa face. N’était-il pas déjà le plus gros propriétaire de Hong Kong et ses affaires ne s’étendaient-elles pas dans tous les domaines ? Ne possédait-il pas la majorité des immeubles ? Et la compagnie des chaises à porteurs ? Trois blanchisseries, quatorze sampans de pêche, deux boutiques d’apothicaire, six restaurants, dix-neuf échoppes de cireurs, et des magasins de friperie et des cordonneries et des fabriques de couteaux… Et ne détenait-il pas une part de cinquante et un pour cent dans la première joaillerie où des orfèvres et graveurs de Canton travaillaient les pierres et les métaux précieux et le bois ?
    Tout cela, à côté de sa vaste entreprise de

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