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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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l’insurrection. Il y avait eu des révoltes dans tout l’Empire chinois, du Tibet à Formose, de Mongolie en Indochine. Chaque fois qu’il y avait une famine, de l’oppression, du mécontentement, le Hung Mun soulevait les paysans contre les Ch’ings et leurs mandarins. Toutes les insurrections avaient échoué et avaient été sauvagement réprimées par les Ch’ings. Mais la société secrète avait survécu.
    Gordon Chen s’estimait honoré, lui qui n’était qu’à moitié chinois, d’avoir été jugé digne du Hung Mun. Mort aux Ch’ings. Il bénissait son joss qui l’avait fait naître à cette époque de l’Histoire, dans cette partie de la Chine, de ce père-là, car il savait que l’heure de la révolte générale de la Chine approchait.
    Et il bénissait le Taï-pan, car il avait donné au Hung Mun une perle inestimable : Hong Kong. Enfin, la société secrète aurait une base, à l’abri de la perpétuelle oppression des mandarins. Hong Kong serait sous la législation des barbares et là, sur cette petite île, il savait que la société prospérerait. Depuis l’abri sûr et secret de Hong Kong, ils se déploieraient sur le continent et harcèleraient les Ch’ings jusqu’au Jour J. Et, avec un peu de joss, pensait-il, avec du joss, je pourrai utiliser pour la cause la puissance de la Noble Maison.
    « Tire-toi de là, foutu païen ! »
    Gordon Chen sursauta et leva les yeux. Un petit matelot trapu le regardait méchamment. Il tenait entre ses deux mains une cuisse de cochon de lait qu’il dévorait goulûment, en arrachant des morceaux avec ses dents cassées.
    « Tire-toi de là ou je t’étrangle avec ta foutue queue. »
    Le bosco Mac Kay se précipita et poussa le matelot.
    « Tiens ta langue, Ramsey, foutu bougre, marmonna-t-il, puis, se tournant vers Gordon : Il ne pense pas à mal, monsieur Chen.
    — Oui. Merci, monsieur Mac Kay.
    — Vous voulez manger un morceau ? »
    Mac Kay piqua une volaille rôtie avec son couteau et la présenta. Gordon Chen cassa avec soin le petit bout de l’aile, atterré par les façons barbares de Mac Kay.
    « C’est tout ce que vous prenez ?
    — Oui. C’est le morceau le plus délicat, dit Chen en s’inclinant. Merci encore. »
    Il s’éloigna et le bosco rejoignit son matelot.
    « Je t’ai pas fait mal, matelot ?
    — Je devrais t’arracher ton sale cœur de bougre. C’est ton mignon chinois, Mac Kay ?
    — Parle pas si haut, je te dis. Faut pas toucher à ce Chinois-là. Si tu veux t’en prendre à un salaud de païen, c’est pas ça qui manque. Mais pas lui, bon Dieu. C’est le bâtard du Taï-pan, voilà qui c’est !
    — Alors pourquoi qu’il se met pas une foutue pancarte, ou qu’il coupe pas sa foutue tignasse ? protesta Ramsey, puis il baissa la voix, cligna de l’œil et dit d’un air égrillard : Paraît qu’ils sont différents – les mignons chinois. Pas faits comme nous autres.
    — J’en sais rien. J’en ai jamais point vu de si près. Y en a bien assez de notre espèce à nous, à Macao. »
    Struan contemplait un sampan au mouillage. C’était un petit bateau avec une cabine confortable faite de fines nattes de rotin tressé tendues sur des arceaux de bambou. Le pêcheur et sa famille étaient des Hàklos, un peuple flottant qui vivait sur des bateaux et n’allait que très rarement à terre, sinon jamais. Struan voyait qu’ils étaient quatre adultes et huit enfants. Certains bébés étaient attachés au bateau, par des laisses fixées à leur ceinture. Ce devaient être les fils. On n’attachait pas les filles, car elles n’avaient guère de valeur.
    « Quand pensez-vous que nous pourrons rentrer à Macao, monsieur Struan ? »
    Struan se retourna et sourit à Horatio.
    « Demain sans doute, gamin. Mais je suppose que Son Excellence aura besoin de vous pour la rencontre avec Ti-sen. Il va y avoir de nouveaux documents à traduire.
    — Quand a lieu la rencontre ?
    — Dans trois jours, je crois.
    — Si vous avez un navire en partance pour Macao, pourriez-vous accorder un passage à ma sœur ? Voilà deux mois que la pauvre Mary est à bord.
    — Avec plaisir. »
    Struan se demanda ce qu’Horatio ferait s’il savait. Struan avait découvert la vérité sur la vie de Mary il y avait un peu plus de trois ans…
    Cela s’était passé dans un marché grouillant de Macao ; un Chinois avait brusquement poussé un morceau de papier dans sa main et s’était enfui

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