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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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de la place de la Concorde, pour lui conseiller de quitter la capitale et d’aller se faire oublier « dans une petite ville de province ».
    — Dans une petite ville de province ? Fi ! monsieur de Périgord, paysanne tant qu’on voudra mais bourgeoise jamais ! Non, fouette cocher, direction l’Allemagne !
    Et c’est ainsi que la maîtresse de Charles Maurice inaugura le chemin de l’émigration.
    Un chemin qui fut rapidement fort encombré. Avec le comte d’Artois et les Condé qui galopèrent aussitôt vers Bruxelles ; la duchesse de Polignac qui s’éloigna de son amie Marie-Antoinette pour aller trouver refuge à Bâle ; le prince de Conti, Calonne, Vaudreuil, les Rohan, les Castries, les Marsan... tous, la peur au ventre, ils prirent la poudre d’escampette.
    Mais pas Talleyrand. Du moins, pas dans l’immédiat.
    Après la Bastille, les chapitres de l’Histoire vont s’écrire très vite.
    Avec la griffe de Charles Maurice apposée au bas de certaines des pages décisives.
    D’abord il est élu membre du comité de Constitution, ce qui lui permet, entre autres, de participer à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et de concocter l’article VI de ce texte qui reste toujours d’actualité : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celles de leurs vertus et de leurs talents. »
    La trilogie républicaine dans toute sa splendeur une fois de plus : liberté, égalité, fraternité !
    — Non ! s’énervera Olympe de Gouges, quand elle proposera à la reine Marie-Antoinette – en 1791 – sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Non ! Ayez un peu de décence, messieurs ! Soyez justes ! Cherchez, fouillez et distinguez les sexes dans l’administration de la nature. Partout vous les trouverez confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux... Vous seuls, vous vous êtes fagoté un principe de cette exception. Bizarres, aveugles, boursouflés de sciences et dégénérés, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, vous voulez commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; vous prétendez jouir de la révolution, et réclamer vos droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus... En conséquence de quoi, le sexe supérieur en beauté, comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne...
    Et, dans la foulée de la belle Olympe, l’article VI de Talleyrand se voyait évidemment revu et corrigé. Il n’était plus seulement question du sexe dit fort, les citoyennes aussi avaient leur mot à dire : « Toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux », etc.
    Il est probable qu’en 1791 Marie-Antoinette, qui venait de manquer son évasion, à Varennes, avait d’autres préoccupations que la lecture des élucubrations avant-gardistes de madame de Gouges.
    Madame de Gouges qui, dix-huit jours après la reine, soit le 3 novembre de 1793, connaîtra elle aussi la guillotine.
    — C’était une femme immorale, vitupérera alors le procureur Chaumette, une virago, une impudente, une femme-homme ! Elle eut grand tort d’abandonner tous les soins de son ménage ! Elle voulut politiquer, elle commit tous les crimes... Cet oubli des vertus de son sexe l’a conduite à l’échafaud.
    La malheureuse Olympe de Gouges qui s’était permis de corriger les rédacteurs de la Constituante !
    Ces rédacteurs « machistes » avant l’heure, même si, à l’instar de Talleyrand, ils prétendaient aimer les femmes.
    D’ailleurs Talleyrand aime-t-il vraiment les femmes ?
    S’il a plaisir à glisser sa main sur le doux grain de leur peau, il caresse aussi – dès octobre de 1789 – le projet d’être ministre.
    Des Finances, ni plus ni moins.
    Parce qu’il est sûr de briller là où Necker s’était montré, somme toute, assez terne. Le père de la chère Germaine de Staël avait en effet lancé un emprunt mais peu de sujets y

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