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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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Philip Francis – ne fît une cour effrénée à sa jeune épouse et n’atterrît dans son lit, via une échelle de corde, pendant que lui dînait en ville.
    À la suite de quoi l’Anglais acrobate ne fut pas long à convaincre sa conquête de le suivre en Angleterre.
    Catherine ne s’y attarda pas cependant, puisque l’on sait, d’après quelques factures de bijoutiers, qu’à la veille de la Révolution elle se fournissait en parures chez le joaillier de Monsieur, à Paris, au Palais-Royal.
    C’était l’époque où elle avait « pignon sur trottoir » dans un hôtel de la rue du Sentier et où elle se faisait entretenir par le banquier Waldec de Lessart, qui fut – curieusement – un des prédécesseurs de Talleyrand (en 1791) aux Affaires étrangères.
    Abandonnant volontiers son corps mais tenant tout de même à garder la tête sur les épaules, lorsque les crissements de la lame de la guillotine commença de se faire entendre sinistrement en place de la Révolution, elle préféra retraverser le Channel, au grand désespoir d’avoir à abandonner ses fourrures, sa vaisselle d’or et ses bijoux si durement gagnés à la sueur de ses reins.
    Mais elle s’ennuya à Londres où elle ne supporta pas le mépris des dames de la high society . Pourquoi lui claquaient-elles méchamment la porte au nez alors qu’elle ouvrait volontiers la sienne à ces messieurs ?
    Aussi, quand elle apprit que Robespierre avait à son tour – et à ses dépens – expérimenté la guillotine, elle choisit de rentrer à Paris. Elle y avait de nombreux amis et il s’en trouverait bien un, parmi eux, qui accepterait de la protéger, dût-elle payer un peu de sa personne.
    Par hasard, ce fut Montrond.
    Et comme les deux vieux camarades de parties fines avaient coutume d’échanger ou de partager leurs carnets d’adresses coquines, le comte n’hésita pas à envoyer madame Grand à l’hôtel de Galliffet.
    Avec pour mission d’annoncer au ministre une nouvelle désastreuse.
    — Quelle nouvelle, quel désastre ? demanda Talleyrand.
    — Monsieur le comte de Montrond m’a dit de vous annoncer que Bonaparte se prépare à envahir l’Angleterre. Il tient cela de source sûre. Il m’a dit aussi que comme dans la panique toutes les banques vont être pillées, je vais perdre tout mon bien. Il m’a dit enfin que vous seul pouvez me sauver...
    « Sacré Montrond, songea alors Charles Maurice, il me fait là un bien joli cadeau. »
    Puis, s’étant empressé de rassurer la charmante paniquée, il lui conseilla vivement de ne pas rentrer chez elle en pleine nuit...
    On a vu qu’elle ne se fit pas prier.
    À la suite de quoi elle s’installera chez lui, et pour vingt-cinq ans !
    Il y eut pourtant panique en la demeure au tout début de leur relation. Le jour – 23 mars de 1798 – où Charles Maurice apprit que ses belles amours allaient être mises en état d’arrestation pour espionnage. Alors son sang ne fit pas trois tours, il n’en fit qu’un, il bondit sur son écritoire et alerta Barras.
    « J’apprends que l’on va arrêter madame Grand comme conspiratrice. Allons ! C’est la personne du monde la plus éloignée et la plus incapable de se mêler d’aucune affaire ; c’est une Indienne bien belle, bien paresseuse, la plus désoccupée de toutes les femmes que j’aie jamais rencontrées. Je vous demande donc intérêt pour elle ; je suis sûr qu’on ne trouvera point l’ombre d’un prétexte pour terminer cette petite affaire à laquelle je serais fâché que l’on mît de l’éclat. Je l’aime et, d’homme à homme, j’atteste que de sa vie elle ne s’est mêlée et n’est en état de se mêler d’aucune affaire. »
    Bien belle, on le sait déjà. Bien paresseuse, c’était une autre histoire.
    Ne disait-on pas, en effet, qu’elle avait coutume de déployer des trésors d’énergie pour que ses amants pussent garder d’elle des souvenirs impérissables ?
    — Elle joignait aux habitudes voluptueuses de l’Inde les secrets de la débauche d’Europe, se souvient Mathieu Molé.
    — C’était Ève avant qu’aucun tissu n’eût été inventé, mais avec moins d’innocence, naked and not ashamed  ! ajoute Édouard Dillon, l’oncle de la comtesse de Boigne.
    — Elle mettait le ministre à rude épreuve, confie Bourdois qui était alors le médecin du ministre des Affaires étrangères. Je lui conseillais pourtant de ne pas abuser des aphrodisiaques, tels que les

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