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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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le maître du dernier territoire dépendant du calife
de Damas. Celui-ci aura donc tout intérêt à te ménager de peur que tu ne
t’allies avec son ennemi le plus mortel qui recherchera également tes faveurs
pour s’assurer de ta neutralité. Crois-moi, tu dois laisser vivre cet Abd
al-Rahman mais, pour parvenir à tes fins, tu dois le chasser de ta cour.
    — Il est très populaire et son
renvoi risque de provoquer le mécontentement de mes administrés, en particulier
des Chrétiens qui relèvent la tête et qui s’agitent. Je n’ai pas assez d’hommes
pour réprimer une révolte.
    — Laisse-moi agir. J’irai voir
ton hôte et saurai le convaincre de partir discrètement.
    — Si tu y parviens, fit le
gouverneur, sache que ma reconnaissance t’est acquise. Que souhaites-tu comme
récompense ?
    — J’ai une seule faveur à te
demander. La synagogue où prient mes frères tombe en ruines. Je te demande
l’autorisation d’en ouvrir une nouvelle, dans les faubourgs de la ville.
    — Tu sais bien que notre loi
permet uniquement la réfection des anciens lieux de culte non musulmans et
proscrit la construction de nouveaux.
    — J’entends bien mais il se
trouve que tu as le pouvoir de décider de l’âge d’un bâtiment. Admets que celui
que je mets à la disposition de mes frères fut jadis une synagogue que, faute
de moyens, ils ne pouvaient rénover.
    — Soit, je donnerai des ordres
pour que satisfaction te soit donnée.
    Obadiah tint parole. Il se rendit
chez le jeune prince omeyyade et eut avec lui de longs et amicaux entretiens.
Petit à petit, il gagna sa confiance et se mit alors à expliquer au fugitif la
situation qui régnait en Espagne :
    — Mon pays, qui regorge de
richesses, est en proie aux divisions et aux querelles internes. Bien entendu,
en tant que Juif, je n’ai guère à en souffrir et je me contente d’observer ce
qui se passe avec douleur et amertume. Je ne puis oublier que les miens doivent
d’avoir retrouvé leur liberté à Tarik Ibn Zyad et à ses guerriers, qui nous ont
délivrés du joug des Nazaréens. Mais les successeurs de ce brave n’ont pas su
profiter de ses sages conseils. Au lieu de mettre en valeur notre contrée, ils
passent leur temps à se quereller pour les raisons les plus diverses. Les
Arabes kalbites détestent les Kaisites et tous deux vouent une haine féroce aux
Berbères qui, en représailles, fomentent révolte sur révolte.
    — Le tableau que tu me brosses
n’est guère joyeux. Je suis jeune mais j’ai déjà assez souffert. Je n’ai pas
envie de risquer ma vie dans une aventure sans lendemain.
    — Tu le regretteras, Abd
al-Rahman. Sache que beaucoup d’Arabes appartiennent au djund de Damas, à
commencer par leur chef, al-Sumayl Ibn Halim al-Kilabi. Ils doivent leur
fortune à ton grand-père Hisham et haïssent le nouveau calife, al-Saffah, qui
protège les Kaisites. Ils n’hésiteront pas un seul instant à se rallier à toi
et ils ne seront pas seuls.
    — Quels seront mes autres
alliés ?
    — Les Chrétiens et les
Berbères.
    — Après tout, ma mère, Rah,
était de la tribu des Nefaza et les Berbères peuvent espérer que je les
comblerai de bienfaits. Mais pourquoi les Nazaréens se rallieraient-ils à
moi ?
    — Ils n’ont rien à attendre de
l’actuel gouverneur, Youssouf al-Fihri. Celui-ci ne les persécute pas mais il
fait comme s’ils n’existaient pas alors qu’ils constituent la majorité de la
population. Ils en ont conçu une grande amertume et s’agitent en secret.
    — Ne pourraient-ils pas
s’allier avec leurs frères réfugiés dans les montagnes du Nord ?
    — Ils les méprisent car ils
leur reprochent d’avoir accepté votre pouvoir sans combattre. Ils les
considèrent comme des traîtres et je ne serais pas étonné que, s’ils
parvenaient à s’emparer d’une de nos villes, ils commencent par massacrer leurs
coreligionnaires qui ont adopté votre mode de vie et sont déjà nombreux à
parler l’arabe. Et tu dois compter aussi sur les muwalladun, qui se plaignent
de ne pas être traités sur un pied d’égalité avec les autres Musulmans. Si tu
promets de prendre en considération leurs revendications, ils t’aideront
financièrement.
    — Qui sont ces
muwalladun ?
    — Leur chef est un certain
Othman Ibn Kasi, fils de Saïd Ibn Kasi – le premier Wisigoth à avoir
embrassé votre foi – et de Florinda, la fille d’un gouverneur byzantin
qui, pour venger son honneur, aida

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