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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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tenait, figé, les yeux écarquillés, devant la large cheminée. Assis sur le coffre-banc, un petit homme rondouillet, jeune malgré ses cheveux rares, avec une mine de fin du monde, les salua d’un simple mouvement de tête.
    Le silence persista quelques instants, comme si un malfaisant sortilège leur avait ôté tous les mots. Blandine le rompit enfin, murmurant d’une voix hachée :
    — Le mal… quoi d’autre ? (Elle parut reprendre un peu de vigueur et expliqua en désignant l’homme assis :) Messire Druon, notre précieux Anchier Vieil, secrétaire du seigneur bailli de Nogent-le-Rotrou, vient de nous avertir du décès… non pas, du meurtre effroyable de Jean Le Chauve… retrouvé ce tôt matin en forêt… par un serf berger des alentours. Imaginez notre bouleversement. Deux meurtres en deux jours. Mon tendre Gabrien, qui habite ce village depuis quarante ans, n’a jamais été témoin d’une telle monstruosité auparavant.
    — Jean Le Chauve, madame ?
    — Oui-da.
    Comprenant soudain le sens de sa question, elle ajouta :
    — Votre pardon. Jean servait d’homme à tout faire et surtout de scribe au père Simonet. Pour transcrire ses découvertes pieuses. Le prêtre commençait à souffrir de douleurs de mains.
    S’adressant à Anchier Vieil qui demeurait muet, hagard, Druon s’enquit :
    — Monsieur ? Avez-vous examiné le défunt ?
    — Euh… Si fait. À l’aube, lorsque le serf berger m’a mené.
    — Comment a-t-il trépassé ? insista Druon.
    — Une dague plantée dans la gorge. Euh… il portait aussi la marque circulaire d’une lame… autour du cou. Il… enfin, du sang avait été projeté partout alentour.
    Le jeune mire songea que le gentil secrétaire de Louis d’Avre ne devait guère régler que des querelles de voisinage ou des bagarres de sortie de taverne, tant la vue d’un trucidé l’affectait.
    — La plaie circulaire, autour du cou, avait-elle saigné ?
    — Je ne saurais l’affirmer, messire mire. À la vérité, j’en avais le cœur retourné. Certes, j’ai vu moult cadavres, ainsi que nous tous ici… Des vieillards, des trépassés de maladies… d’accidents ou des nouveau-nés… Mais, voyez-vous messire mire, les assassinés sont rares par chez nous.
    — On ne peut que s’en féliciter, rétorqua Druon, regrettant sa sécheresse.
    Ah, ça, il se sentait bien loti avec leurs effarouchements d’enfançons ! Il n’allait en tirer que des exclamations horrifiées ou scandalisées. L’enquête qu’il entendait mener au plus efficace et au plus preste afin de reprendre sa route risquait fort d’en pâtir.
    Une petite voix enfantine se fit entendre, le tirant de ses sombres ruminations.
    — Ne peut-on… enfin, je détesterais sembler présomptueux, mais ne peut-on en déduire que les deux meurtres sont liés ? Le prêtre, son secrétaire, tués tous deux d’un coup de dague dans la gorge…
    D’un clignement de paupières approbateur, le jeune mire encouragea Huguelin, intimidé.
    — … Il conviendrait de déterminer si les deux ont été tués à peu d’intervalle. Mon maître sait évaluer ce genre de choses.
    — Jusqu’à un certain point, rectifia Druon.
    — Vraiment ? s’exclama Vieil en se levant d’un bond. Qu’est cette divination ?
    — Oh, il ne s’agit en aucun cas de pouvoirs surnaturels, messire, mais de science née de l’observation rigoureuse des faits et de l’étude des textes anciens. Avez-vous fait transporter le cadavre en un lieu ?
    — Si fait. Nous ne pouvions point l’abandonner en forêt. Le berger est allé demander de l’aide à Berd’huis, situé à une demi-lieue d’ici et à moins d’un quart de lieue de l’endroit où fut retrouvée la dépouille. Jean Le Chauve repose dans la grange du croque-mort 1 , en attendant la mise en bière 2 .
    — Était-il toujours roide à l’aube ?
    — Oui-da, affirma Anchier Vieil.
    — De tout le corps ?
    — Certes, puisque nous avons bagarré afin de le déposer sur un brancard.
    — Son cou n’a donc pas fléchi à ce moment ?
    — Non pas.
    — Hum.
    — Qu’en faites-vous, messire mire ? demanda Gabrien Leguet qui sembla revenir à la vie.
    — Qu’il a dû être occis peu avant ou après le père Simonet, soulignant la justesse des déductions de mon jeune apprenti.
    Tous le dévisagèrent. Se rappelant le précieux enseignement de son père Jehan, Druon débita :
    — La rigor mortis 3 , bien qu’influencée

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