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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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s’emmêlant parfois dans ses souvenirs.
    Dame Blandine serrait les lèvres depuis quelques instants et tapotait le plateau de la table de ses doigts effilés.
    — Auriez-vous des réserves, madame ? voulut savoir Druon.
    — Le mot serait excessif. Je suis en accord avec mon époux. Le père Simonet de Bonneuil ne savait que tenter pour venir en aide aux uns et aux autres. Toutefois…
    — Toutefois ?
    — Parlez, ma mie.
    — Eh bien… Grande paix à sa belle âme… mais… il pouvait virer aigrelet.
    — De tempérament soupe au lait ?
    — Ma foi… en effet.
    — Avec tous ou s’agit-il, de votre part, d’une réflexion plus particulière ? insista Druon.
    Blandine hésita, quêtant l’approbation de son époux.
    — Nous sommes en bonne compagnie, ma chère bonne. Nul doute que nos invités garderont le silence au sujet d’une conversation privée.
    — Ma parole, madame, approuva le jeune mire.
    Blandine compléta :
    — Il s’agit certes d’ouï-dire, cependant… Le père Simonet aurait eu des mots… vifs, tranchés, en deux occasions, au moins.
    — Diantre, je l’ignorais, s’étonna son mari. Éclairez-nous. Une vengeance ? Un échauffement de bile de la part d’un rancunier ?
    — Je ne me prononcerai pas, mon aimé. Les femmes ne dédaignent pas les causeries de jours de marché ou au sortir de la messe. Il s’échange de petites confidences, voire des clabaudages. Quoi qu’il en soit, il semble que le père Simonet ait eu maille à départir 6 avec Jacques, le fils aîné d’Urdin le forgeron et… avec… le seigneur Luc.
    — Vraiment ? lâcha son mari, stupéfait. Pourquoi ne me l’avoir jamais conté, ma mie ?
    — Vous savez comme je déteste rapporter ce qui peut se révéler ragots de langues fourchues.
    — Le seigneur Luc… ? interrogea Druon.
    — Notre seigneur. Luc d’Errefond.
    Au regard appuyé qu’échangèrent mari et femme, Druon sentit que le sujet les embarrassait.
    — Oh, on ne le voit guère, biaisa Leguet. Il demeure souvent à Paris depuis le trépas de sa dame, survenu au dernier hiver.
    — Troisième épouse. Le seigneur Luc ne doit guère avoir plus de quarante ans, précisa Blandine.
    — C’est que… le malheur s’acharne parfois sur certains, commenta l’apothicaire.
    — Certaines plutôt, et avec une sidérante obstination, observa Blandine d’un ton plat.
    Huguelin, qui n’avait pipé 7 mot jusque-là, sentit la gêne qui venait de naître et chercha un moyen d’y mettre un terme.
    — Euh… ce nougat noir est une pure merveille, lança-t-il en désespoir de cause.
    Gabrien Leguet sauta sur l’occasion de dévier une discussion à l’évidence pesante.
    — Oui-da, notre aimable Martine le réussit aussi bien qu’une fée. Moelleux bien que ferme, très riche en éclats de noix ou de noisettes. Ainsi que je l’apprécie ! Elle ne sait qu’inventer pour le bonheur de nos panses et nous gave à la manière d’oies de Noël.

    Une conversation plus badine reprit. Druon y participa de bonne grâce. Néanmoins, sa curiosité venait d’être piquée. Qu’avait insinué dame Blandine ? Que le seigneur Luc d’Errefond n’était pas étranger aux trépas de ses trois épouses ? Grave soupçon pour une femme aussi sensée, surtout devant deux étrangers. Après tout, peut-être laissait-il trop de liberté à son imagination ? Peut-être Blandine, en femme comblée, reprochait-elle au seigneur Luc son manque de tendresse envers ses épouses ? Quant à l’aîné du forgeron, ce Jacques, il comptait également s’y intéresser.
    1 - Petite béquille.

    2 - Environ ½ litre.

    3 - Liquide obtenu par la dissolution des principes actifs des plantes dans de l’eau, de l’huile ou de l’alcool.

    4 - Le sucre était inabordable à l’époque, sauf pour les très riches. Aussi était-il paré de vertus médicamenteuses. On réalisait donc des sirops dits « solides » en le mélangeant aux principes actifs.

    5 - De « bi » (deux) et « rouettes » (roues). Brouette.

    6 - Sous cette forme, l’expression date du Moyen Âge. « Départir » signifiait « partager ». La maille, unité de mesure, était également la pièce de monnaie de plus faible valeur. En d’autres termes, on ne pouvait pas la diviser, donc la partager. Au sens figuré, cette impossibilité devait donc se solder par un litige. L’expression, telle que nous la connaissons, « maille à partir », date du XVIII e

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