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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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est le souvenir de Jehan. J’ai juré sur mon âme de te protéger, non pas pour obtenir le pardon, je ne le mérite point, mais afin de lui démontrer que la rouerie qu’il méprisait et conspuait se révèle parfois plus efficace que la pureté. On ne lutte avec honneur que contre ennemis honorables. L’inverse est une sombre bêtise, un enfantillage. Vois la preuve : je suis bien vif et il a péri.
    — Par votre faute ! cracha Héluise, haineuse.
    — Suis-moi en Alençon, Héluise. Je pourrai t’y protéger. Je t’en conjure !
    — Jamais ! feula-t-elle. Plutôt périr à l’instant.
    La tête lui tournait. Elle était incapable d’une pensée cohérente. Bras écartés en croix, Foulques de Sevrin avança encore d’un pas, jusqu’à la frôler. Elle découvrit le gouffre de son regard et sentit que Foulques n’appartenait plus tout à fait au monde des vivants.
    Un murmure :
    — Voici mon cœur, voici ma gorge. Frappe !
    La main droite d’Héluise caressa le pommeau de sa courte épée.
    — En vérité, ma bénédiction t’accompagne si tu me tues. Prends garde à toi. Ils te mettront en pièces, s’il le faut. Jehan ne me quitte plus, pas une seconde. Je le perçois à chaque instant autour de moi. C’est bien. Je crois… peut-être me fourvoie-je, qu’il ne m’en veut pas. Mais il insiste afin que je te sauve, toi, sa fille, sa plus complète, sa plus pure histoire d’amour.
    La main d’Héluise retomba. Elle chuchota :
    — Je vous hais. Pour l’éternité.
    — Tu as raison.
    — Partez. Hors de ma vue !
    Foulques de Sevrin acquiesça d’un mouvement de tête et se retourna avec lenteur. Il s’écarta de quelques pas et déclara, sans la regarder :
    — Dieu te garde toujours. Méfie-toi de tous. Tu connais leur puissance. Rien, aucune compassion, aucun honneur ne les arrêtera. Héluise… Le moment est venu… Ainsi que me l’avait fait promettre ton père, tu dois aujourd’hui l’apprendre… Catherine, ta mère, est vive. Du moins à ma connaissance.
    — Quoi ? rugit Héluise en le rattrapant, en se plantant devant lui.
    Jamais elle n’avait vu un tel visage, cireux, un visage de mort vivant. L’étincelle de vie semblait sur le point de s’éteindre dans ses yeux. Foulques de Sevrin était à l’agonie, une agonie qui ne le tuerait jamais mais qui rongerait chaque instant de son existence.
    — Jehan a failli l’occire un soir, après l’avoir surprise : elle voulait t’offrir en sacrifice à son maître immonde, le diable, t’égorger. Tu n’avais pas deux ans. Il t’a emmenée, loin d’elle, loin de ce monstre. À la demande de Jehan, horrifié par ce qu’il me narrait, j’ai fait connaître à Catherine le sort que je lui réserverais si elle s’approchait de toi. La Question, suivie du bûcher.
    Une onde glaciale dévala dans le cerveau de la jeune femme. La voix d’Igraine, enfantine :
    « Méfiez-vous de la femme très belle, très malfaisante. Surtout, méfiez-vous de vous-même. »
    Sa mère.
    — Je ne sais rien de plus, Héluise. Où que tu sois, sache : ma vie ne vaut rien et je la céderai volontiers en échange de la tienne. N’hésite pas à me faire prévenir si tu es en danger.
    — Jamais. Partez.
    Un malfaisant étau serrant ses tempes, le sang cognant dans les artères de son cou, luttant contre l’envie de dégorger, Druon/Héluise regarda l’homme honni disparaître.

    Sa mère. Sa mère dont elle avait imaginé le rire, les baisers sur son corps de bébé. Sa mère qui la berçait de chants, ou la faisait virevolter en la nommant « ma jolie princesse ». Sa mère, inquiète d’une fièvre ou d’une toux, arpentant toute la nuit sa chambre. Sa mère, roucoulant telle une colombe entre les bras de son père. Sa mère, rendant son dernier souffle sur un baiser pour son enfançonne et son tendre époux. Une fable ! Elle s’était raconté une fable durant toutes ces années. Fable encouragée par son père qui ne voulait pas qu’elle apprenne la meurtrière vérité. Ainsi s’expliquait son silence, qu’elle avait mis au compte d’un inconsolable chagrin de veuf. Où était-elle ? Qu’était-elle devenue ? Elle ne pouvait être le monstre que l’évêque avait décrit. Impossible puisque son père l’avait aimée.
    Une douleur en coup de poing la suffoqua et elle éclata en sanglots, tombant à genoux dans le chœur, dévastée.
    Deux bras frêles enserrèrent ses épaules. Une cascade de

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