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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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la lueur vacillante des cierges nouvellement allumés. Se tassant derrière un des piliers, cramponnant fermement l’éclat de terre cuite dans la main, il tendit l’oreille.

    — Vous moquez-vous ? cria Druon, la fureur faisant trembler sa voix. Gare, monsieur, tout évêque que vous êtes ! Vous avez vendu mon père, votre ami le plus cher. Osez ! Osez prétendre le contraire !
    Le silence. L’inquiétude et l’angoisse taraudaient Huguelin qui avança le cou afin d’apercevoir l’homme. Foulques de Sevrin avait passé l’habit d’un bourgeois cossu. Le regard du garçonnet descendit vers sa ceinture et il retint un mince soupir de soulagement : il ne semblait pas armé. Toutefois, certains dangereux madrés dissimulaient un stylet dans l’une de leurs manches.
    — Si je tentais d’affirmer le contraire, je ne serais pas ici, chère Héluise. J’ai peu de temps. Je me suis assuré qu’on ne me suivait pas. Toutefois, l’on me surveille. Tes ennemis sont les miens.
    — N’essayez pas de détourner la conversation, tonna la jeune femme. Mon père ! Mon père, homme de savoir et de lumière, a péri après votre trahison, dans d’innommables souffrances. J’ai payé un garde afin qu’il soit occis en sa geôle pour lui épargner d’interminables tourments. J’ai tué mon père par votre faute. Maudit, damné !
    D’une voix très douce, désespérée, Foulques de Sevrin répondit :
    — Oh, je le suis. Et justement, le pire allant m’échoir, je ne redoute plus rien. Tu peux me tuer. Je suis prêt. Je ne me défendrai pas.
    — Mais pourquoi, pourquoi ? hurla Héluise, déchirée entre l’envie de meurtre et les larmes.
    — Pourquoi ? Parce que j’ai eu peur, une peur abjecte. Sais-tu ce qu’est la véritable peur, celle qui te pousse à renier le plus cher à tes yeux, ton frère, ta foi ? Je n’en suis pas certain. Jehan n’a jamais eu peur. Sans doute ne t’a-t-il pas enseigné cette pourriture de l’âme, qui souille tout, qui rend veule et traître. M’écoute, Héluise, je dispose de peu de temps, je te l’ai dit. Tu me navreras ensuite, s’il te sied. Un dominicain, espion de Rome et très poche de l’Inquisition, Éloi Silage, te veut rejoindre à tout prix, et me fait espionner par mon entourage. Ne tombe jamais entre ses griffes. Il est redoutable et ne s’arrêtera à rien. Tue-le, s’il en vient à cela. Dieu te pardonnera. Chaque acte de cet homme est injure faite à notre Sauveur. Je suis presque certain que M. de Nogaret te fait aussi rechercher.
    Derrière son pilier, effaré, Huguelin se signa et plaqua la main sur ses lèvres. Divin Agneau !
    — Mais pourquoi ?
    Foulques plongea la main dans la bourse pendue à sa ceinture et en tira un petit objet enveloppé dans un bout de soie. Il avança de deux pas. Huguelin se tassa, prêt à foncer, son éclat de terre cuite brandi. Foulques de Sevrin tendit le bras vers Héluise.
    — À cause de ceci. Jehan me l’avait confiée, peu avant qu’il ne soit arrêté à cause de ma délation.
    Prudente, Héluise récupéra l’objet de sa main gauche. Dégageant le morceau de soie entre ses doigts, elle découvrit une large pierre rectangulaire, rouge vif. La pierre dont lui avait parlé Igraine, celle qui avait fait couler tant de sang. Elle sentit un froid mortifère l’envahir. La Pierre. Cette pierre que tous convoitaient. Cette pierre qui avait condamné son père au pire.
    — C’est elle que veut Silage. Elle est l’unique raison de la Question qui fut infligée à Jehan. Protège-la. Ne permet jamais qu’elle tombe entre leurs mains. Mieux vaudrait qu’elle disparaisse à jamais.
    — Que signifie-t-elle ? demanda la jeune femme.
    Le regard de Foulques se perdit vers les vitraux dont filtrait la parcimonieuse lumière d’un jour gris.
    — Je l’ignore, tout comme ton père. Elle lui fut remise par un moine de Tiron, un sien cousin, peu avant qu’il ne décède enherbé. À cause de la pierre. Cet Agnan Fauvel trépassa entre les bras de Jehan, répétant « Templa mentis, templa mentis » .
    — Le « sanctuaire de la pensée » ?
    Foulques hocha la tête. Puis, d’une voix hachée de sanglots secs, il avoua :
    — Héluise… J’ai tant menti, tant calculé, tant manigancé sans en jamais ressentir aucune honte, aucune peine. Ma vie, cette fable creuse que j’ai cru réelle durant de si longues années, est devenue un intenable désert. Le seul fil qui me retienne encore

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