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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Tant pis, il le planterait une autre fois dans le cœur de son ennemi. Les occasions viendraient.
    D’un coup d’œil circulaire dans la pièce, il s’assura de l’ordre qui y régnait, tout manquement, il le savait, risquant d’amoindrir l’éclat de sa rigueur et de sa personnalité. Il ouvrit un tiroir, rangea le poignard effilé puis vérifia son allure. D’un geste vif, il tira sur sa chemise, rajusta son gilet par-dessus ses braies.
    Ses doigts légèrement moites achevaient de lisser vers l’arrière une mèche redevenue rebelle sur son front, lorsqu’on lui annonça leur arrivée.
    Il inspira une grande bouffée d’air pour se forcer au calme puis accorda qu’on les fasse entrer.
    La mine affectée que le prévôt afficha en le voyant paraître fit bouillir Enguerrand de l’envie de le découdre. Il ne la masqua point. Et ne s’avança pas non plus à répondre lorsque Hugues de Luirieux, ayant salué plus bas qu’il ne devait le baron et son épouse, lui demanda comment il se portait.
    Enguerrand se borna à un regard glacial. Puisqu’il n’avait d’autre arme pour se battre, il entendait faire mouche de silence autant que de chaque mot prononcé.
    Hugues de Luirieux se racla la gorge. S’il comprenait sans peine l’attitude hautaine de son ennemi, la froideur et la distance qu’adoptait son beau-père avaient toutes les raisons de le mortifier. C’était ce dernier qu’il devait retourner. Vite. S’il ne voulait perdre le bénéfice de son hyménée.
    Il s’abaissa donc. À une humilité feinte et contrariée. Au lieu de se réfugier derrière son bureau, dressé en plein centre de la pièce, il contourna l’obstacle que ces gens représentaient. Leur tournant le dos, il ouvrit grand la porte pour héler un soldat et lui réclamer des sièges plus appropriés à la qualité de ses hôtes.
    *
    Lorsqu’il revint vers eux, mielleux, tous trois avaient pris place sur un banc, dos au mur de côté.
    Mains croisées sur les genoux, ils le fixaient d’un même sourire narquois.
    Hugues de Luirieux sentit grandir en lui le malaise que, de toute évidence, ils espéraient provoquer.
    — En homme de terrain, je conçois que rien n’offusque votre époux ou votre fils, mais, de grâce, dame Sidonie, acceptez ce faudesteuil que vous voyez dans l’angle opposé. Il vous sera plus confortable.
    Elle le toisa.
    — Mais moins approprié à l’attention réelle que vous me portez.
    Il blêmit, avança de quelques pas dans un espoir de conciliation.
    — Je suis navré que vous le pensiez, mais si vous vous référez pour cela à ces quelques mots échangés à l’occasion de mes épousailles, sachez que je n’en retire pas un seul. J’avais devoir de protéger mon aimée, autant que mes invités.
    Rattrapé par l’injure et sa haine, Enguerrand bondit.
    — Osez insinuer que j’aie pu constituer une menace pour Hélène ! Osez-le, Luirieux !
    Jacques de Sassenage se dressa à son tour. D’une main, il retint le chevalier par la manche, l’autre qu’il brandit à plat devant le prévôt appela à la tempérance. Sourcils froncés, il éleva une voix aussi froide que posée.
    — Suffit, l’un et l’autre. Je n’ai pas quitté une guerre de pouvoir pour en souffrir une autre, d’intérêt.
    On toqua à la porte. Luirieux tarda quelques secondes de trop à réagir. Emporté par son élan et une naturelle autorité, Jacques de Sassenage haussa le ton pour qu’il perce le battant.
    — Remportez vos chaises ! Nous ne resterons pas assez longtemps pour en profiter !
    Luirieux n’insista pas. En quatre enjambées, il mit entre eux et lui la barrière naturelle de son bureau. Il y posa ses poings refermés pour se réapproprier une contenance. Inutile de composer plus avant ou d’espérer une quelconque amitié de la part du baron. Tout gendre qu’il lui soit, Luirieux venait de comprendre qu’il aurait pour Jacques de Sassenage moins encore de légitimité qu’un valet pour son écurie.
    — Soit, puisqu’il faut en venir aux faits, chevalier, je vous rappelle que la nef était emplie de gens bien nés qui, tous, pourront témoigner de votre folie.
    Enguerrand eut un sourire mauvais.
    — Alors quoi ? Vous ne me prêtez plus d’accointances avec les détrousseurs et les meurtriers ?
    Luirieux haussa les épaules de fatalité.
    — Il me faudrait des preuves et je n’en ai pas, votre complice ayant eu le mauvais goût de mourir avant que j’aie pu

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