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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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attentionnés.
    Elle eut un petit rire clair qui, soulevant sa poitrine gonflée, berça les deux enfançonnes.
    — Oh ! Enguerrand ! Je suis heureuse que tu le reconnaisses après toutes ces mises en garde injustifiées. Et vous aussi, père. Je vous le demande, par amour pour moi, vous qui me vîtes si désespérée de la mort de Djem, admettez que me voici non seulement remise, mais comblée. Comment pouvez-vous encore douter d’un homme qui accepte pour siens les enfants qu’un autre m’a donnés. De grâce, vous quatre, faites la paix.
    Hugues de Luirieux manqua s’étrangler devant semblable incongruité, mais plus encore lorsqu’il vit se dessiner sur le visage du baron et de Sidonie, qui s’étaient levés d’un même élan, l’amorce d’un sourire.
    — Soit, ma fille. Nous n’avons jamais rien su te refuser.
    Précédant Sidonie, le baron Jacques l’embrassa au front, rendu moite par la fatigue, puis se tourna vers Luirieux tandis qu’à son tour Enguerrand se redressait.
    — Je vous dois des excuses, il me semble, mon gendre. Elles ne rendent pas caduc mon discours pour autant, car il est du devoir d’un père de protéger les siens, et je veux croire que vous vous tourmenterez pour vos filles comme je me suis tourmenté pour la mienne. La revoir m’a convaincu de votre attachement et du sien, contre toute attente. Me pardonnerez-vous d’en avoir douté ?
    Luirieux ne sut que répondre. Si jeu il y avait pour le tromper, il était bien mené. Au point qu’il se demanda quel avantage ses ennemis en retireraient. Jacques de Sassenage venait d’ouvrir ses bras. Les refuser aurait réarmé leur guerre. Il accepta l’accolade, l’œil rivé sur Enguerrand qui s’était rapproché d’Hélène pour la biser à son tour.
    — Le passé doit appartenir au passé, Enguerrand.
    Il lissa sa chevelure collée de sueur.
    — Ton bonheur fera le mien, ma cousine, puisque tel est ton souhait. Je te promets de ne pas m’y opposer. Repose-toi, à présent. Nous allons te laisser. Des affaires m’attendent à la Rochette que je dois régler avant de quitter le Dauphiné.
    Hugues de Luirieux tiqua sur cette dernière phrase. Le reste lui paraissait, au mieux, destiné à rassurer Hélène. Il refusait de croire qu’Enguerrand ait rangé son épée. Pour preuve, le chevalier s’approcha de lui, l’œil noir.
    — Sortons, Luirieux. J’ai à te parler.
    Prenant le temps de promettre à Hélène d’être présent à son réveil, Luirieux rejoignit Enguerrand et Jacques sur le devant de la porte.
    Il la referma, plissa les yeux sur le soleil qui le frappait de plein fouet avant qu’Enguerrand ne le lui masque.
    — Je suis un homme d’honneur, Luirieux. Je tiendrai donc ma promesse à Hélène, puisqu’elle te veut voir non tel que je te sais, mais tel que tu lui parais. Puisqu’elle t’aime. Ou qu’elle croit t’aimer. Elle a bien assez souffert sans que je la prive encore de cette félicité. Ton attitude à mon égard m’empêche de croire que tu as changé, mais peut-être n’est-ce que le fait de notre vieille rivalité, après tout.
    — Fi de discours. Nous sommes de la même race. Nous ne connaissons pas le pardon. Qu’attends-tu de moi, Sassenage ?
    Enguerrand eut un rictus supérieur.
    — Que tu prennes soin d’elle et des enfants qu’un autre t’a donnés. Tu vois, j’ai bien moins d’exigence que tu n’en aurais.
    — Et c’est tout ?…
    Luirieux était stupéfait.
    — Non. Je te rends à ta charge de prévôt, puisque personne ne semble s’en plaindre dans la contrée. Quant à moi, je pars. Tu ne me reverras pas. Mais je saurai par son père si tu la fais souffrir un jour. Lors, je reviendrai et, sois-en sûr, je te tuerai.
    Il s’écarta, laissa Luirieux à son expectative. Le baron patientait devant l’escalier, Sidonie l’avait déjà emprunté.
    — Attends, Sassenage.
    Enguerrand se retourna.
    — Comment as-tu su pour Mounia ?
    Enguerrand savoura cette seconde. Le premier coup de poignard de sa vengeance. Le tout premier pour ouvrir la plaie.
    — Par mon fils. C’est lui qui m’a retrouvé.
    Hugues de Luirieux eut l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds.
    — Ton fils ? Mais…
    Enguerrand eut un petit rire mauvais.
    — Tu l’ignorais, mais Mounia était enceinte lorsque tu l’as vendue à Bayezid. Elle s’est affranchie de lui comme elle s’est affranchie de toi et de Djem. Je pars, je te l’ai dit. Les

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