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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mais il décida que c’était le moment ou jamais de tester le pouvoir des trois. Le seul problème était qu’il en ignorait le fonctionnement et le résultat.
    Dans le doute, il enleva son braquemart à sa ceinture et fit volte-face, suivant le cri perçant de la bête qui planait en cercles au-dessus de l’étang.
    N’écoutant que son courage, Enguerrand battait déjà l’air de la pointe de son épée ; Nycola s’était rapproché de Constantin et d’Elora, figés en bordure.
    Vue de là, pourtant, la créature, d’une blancheur immaculée, n’apparut pas à Khalil si gigantesque et si effroyable, malgré les crêtes qui lui dévalaient l’échine jusqu’à la queue terminée en pointe de lance.
    Il avança en rentrant la tête dans les épaules, l’arme au poing. Faible rempart contre le monstre.
    Un nouveau cri, plus strident encore, fendit le silence. Le dragon demeura stationnaire à quelques toises au-dessus du réservoir qui achevait de se vider, les pattes griffues repliées sous son poitrail. Par l’épaisseur de sa carapace, il était invincible à toute arme et sa faction le rendait d’autant plus dangereux, comprit le petit Bohémien en même temps qu’Enguerrand.
    Même si, pour l’heure, il se contentait de les fixer de ses gros yeux globuleux, il lui suffirait d’allonger brusquement le cou en direction d’Elora, de Nycola et de Constantin pour n’en faire qu’une bouchée ou les réduire en cendres.
    Khalil hésita à les rejoindre, cherchant à actionner en lui quelque mécanisme improbable. Rien ne vint.
    Sinon la voix de Constantin tournée vers Elora.
    — J’étais sûr que ce serait celui-là. Il y a de la bonté dans son regard. Nous n’avons rien à craindre de lui. C’est un ami…
    Et, au grand étonnement de Khalil, il s’agenouilla devant la bête. Nycola fit de même. Puis Elora avant de jeter par-dessus son épaule :
    — Rangez vos armes et faites allégeance.
    Emporté par l’élan d’Enguerrand, Khalil obtempéra.
    Toujours faire confiance à Elora… C’était la règle. Même si, cette fois, il n’était pas certain que ce soit le meilleur choix.
    Pourtant.
    Le dragon déplia ses pattes et se posa avec une délicatesse insoupçonnée tout en haut du dôme, au milieu de l’étang vidé, l’entourant de sa longue queue.
    Le plus tranquillement du monde, nota Khalil, enfin soulagé.
    Pendant quelques minutes, à l’exception de Mounia et Lina, couvertes de boue, qui revenaient en rampant, ils restèrent immobiles, puis Nycola se redressa.
    — Je ne serai pas long, se contenta-t-il de dire, sûr de son fait.
    Et sans plus attendre, il traversa le réservoir, évitant les flaques qui s’y trouvaient encore, droit vers une ouverture dessinée à flanc de butte.
    Lorsqu’il ne fut plus qu’à quelques coudées, le dragon blanc abaissa sa tête musculeuse et crêtée jusqu’à lui. Nycola attendit qu’il le renifle avant de relever une main. L’animal la laissa se poser sur sa joue cuirassée, ébaucher un semblant de caresse, puis s’écarta.
    Lina n’avait plus de jambes et de cœur lorsque, enfin, Nycola disparut à l’intérieur du sanctuaire.
    Il en ressortit cinq minutes plus tard, les épaules prises par les deux sangles d’un imposant sac de cuir rectangulaire. La bête ne bougea pas. Pas davantage lorsqu’il remit pied sur la rive.
    Elle se contenta de les regarder, avant de pousser sur ses pattes, de battre des ailes et de s’élever dans les airs.
    Ils suivirent son envol, troublés par cette rencontre improbable.
    Le dragon atteignit les nuages, les creva de sa musculeuse puissance et disparut, abattant sur eux une pluie aussi soudaine que froide, qui, si elle ne dura que quelques secondes, les inonda.
    Alors seulement ils firent cercle autour de Nycola.
    — On peut la voir ? réclama Mounia, rincée comme Lina par l’orage.
    — On peut, affirma le Bohémien, avant d’ajouter : Elle est excessivement lourde. Soutenez-la, s’agirait pas de la briser maintenant.
    Tandis que Khalil et Constantin se plaçaient derrière lui, il accepta l’aide d’Enguerrand pour dégager les sangles de ses épaules.
    Quelques minutes plus tard, ils l’avaient mise à plat sur l’herbe jaunie et, accroupis autour, ils laissaient Nycola défaire les lacets puis écarter la peau qui la recouvrait. Elle leur apparut enfin, large d’une demi-toise, haute d’un quart et épaisse de trois pouces, comme taillée dans une brume ocrée,

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