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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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hurla :
    — Que tous ici l’entendent en réponse à cet acte sanglant. J’épouse Hugues de Luirieux de mon plein gré, mais l’enfant qu’on m’a confiée autrefois continuera de vivre là où elle a grandi, sous la protection d’Aymar de Grolée.
    Fouetté brutalement, le sang de Mathieu lui monta aux joues. En une fraction de seconde, il revit le visage d’Hélène lorsqu’il l’avait interceptée dans la forêt, aux abords de Bressieux, son angoisse, incompréhensible alors, à propos d’Elora. Et ces dernières semaines, son insistance à vouloir lui parler.
    Il fit volte-face, ahuri par le doute qu’Enguerrand avait fait naître. Par l’espoir qu’Hélène réveillait.
    Elle lui sourit. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. Déjà Luirieux s’interposait.
    Mathieu le vit tendre un index, gueuler.
    — Gardes, arrêtez ces hommes !
    — Le chien ! grinça Briseur en regrettant sa bourlette.
    — Hardi, compagnons ! les entraîna Mathieu, ramené à l’urgence par la vision de Torval et Ronan de Balastre qui se précipitaient en bousculant les invités.
    Les trois compères profitèrent de ce mince rempart humain pour passer le portail. D’un même élan, ils dévalèrent les marches du parvis en direction de la foule compacte.
    — Celma, les enfants ? demanda Mathieu, indifférent aux cris des hommes de main du prévôt qui, pour les courser, requéraient l’aide des hallebardiers.
    — Je m’en charge, assura Briseur. Filez à Bressieux.
    — On se retrouve à la Chesnue, gueula encore Mathieu tandis qu’ils se laissaient avaler par le nombre.
    Derrière eux, La Malice venait de crocheter du pied le mollet d’une dame imposante. Elle perdit l’équilibre, voulut se raccrocher à son voisin trop chétif, l’entraîna sous son poids, tomba en piétinant une autre femme qui, de vengeance, se mit à la grêler de coups furieux.
    En une fraction de seconde, l’échauffourée faisait diversion et barrait la route à leurs poursuivants.
    Briseur obliqua vers la droite. La Malice et Mathieu vers la gauche, certains dès à présent qu’on ne les prendrait pas.

23
     
    À l’intérieur de l’église, Hélène priait. Autant pour le salut de ses amis que dans l’espoir d’un châtiment pour leur tourmenteur.
    Fort de sa totale maîtrise de la situation, le prévôt avait accepté que le frère médecin examine le blessé, immobile et sanguinolent. Le frère, qui n’en finissait plus de compter les coups de dague, réclama que Sidonie s’écarte un peu pour lui donner plus d’aisance. Indifférent à son estafilade qu’on avait bandée en priorité, Hugues de Luirieux en profita pour la prendre par le coude et l’attirer en retrait.
    — Eu égard à son rang et au vôtre, j’attendrai que votre fils se remette pour l’arrêter. Jusque-là, je vous le confie, mais sachez que je vous tiendrais pour personnellement responsable s’il se soustrayait à la justice.
    Sidonie se dégagea de sa tenaille un peu trop marquée pour le toiser avec mépris.
    — Pavoisez aujourd’hui, prévôt. Demain vous mettra face à vos propres crimes. J’y veillerai.
    Haussant les épaules, Luirieux interpella un des soldats, demeuré en faction près d’Enguerrand, et le chargea de rappeler l’évêque.
    Sidonie blêmit.
    — Vous n’allez tout de même pas…
    Il prit la main glacée d’Hélène, parvenue à leurs côtés, la porta à ses lèvres, avant de couler un œil cynique à Sidonie, effarée.
    — Épouser votre bru ? N’est-ce point pour cela que nous sommes rassemblés ?
    Sidonie fouilla les traits tirés d’Hélène. Cette lueur de soumission derrière la colère. Quel chantage opérait-il donc sur elle ? Elle serra les poings, détourna son œil attristé pour le ramener vers le pourpoint ensanglanté de Luirieux.
    — Votre état…
    — … ne m’empêchera pas de festoyer, répondit-il froidement.
    Hélène posa sur le bras de Sidonie ses doigts tremblants. Apaiser la situation. Mentir. Elle le devait. Sidonie saurait lire entre ses mots. Elle se força à sourire.
    — Nous avons ce jourd’hui suffisamment donné à nos pairs l’occasion de médire des Sassenage, ne croyez-vous pas ? Mon terme approche. Il est temps d’y remédier.
    Sidonie l’embrassa tendrement.
    — Si c’est ce que tu souhaites.
    — Ne vous souciez que d’Enguerrand, s’il vous plaît.
    Sidonie comprit qu’il serait vain d’insister. Tout en elle pourtant appelait la

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