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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pour une de ses frottées à l’ail, comment en vouloir à ce jouvenceau !
    Ragaillardie par l’heureuse nouvelle, Algonde ne sut qu’approuver. Déjà, Gersende se détournait d’elle pour glisser une œillade affectueuse en direction de Constantin, dont le regard s’était troublé.
    — Apprête-toi, mon petit. Et cesse de t’inquiéter. Si gros que soit ce jourd’hui le ventre de ta mère, il a gardé l’empreinte que tu y as laissée.

38
     
    En quelques secondes, répondant à l’arrivée du carrosse, la cour intérieure du castel de Sassenage s’anima. Il y avait fort longtemps qu’Hélène ne s’y était montrée et l’annonce qu’elle en était, ce jourd’hui et par la volonté de son père, la nouvelle dame, impliquait qu’on lui rende doublement hommage.
    Algonde et Constantin n’avaient pas bougé de la chambre, Gersende ayant jugé que l’isolement serait plus propice à de vraies retrouvailles. Cela n’avait pas empêché Algonde de se replacer devant la fenêtre.
    Avec son amie et la tendresse qu’elle lui portait, c’était aussi et surtout des nouvelles de Mathieu qu’elle espérait.
    Malgré ses contorsions, Algonde avait davantage vue sur la fauconnerie que sur les tours-portières, mais le bruit caractéristique des roues sur les pavés et l’acclamation des habitants suffirent à son allégresse.
    Une voix monta, ronde et chaleureuse. Celle de Gersende. Algonde la devinait sans peine plantée devant la portière qu’un serviteur s’était précipité pour ouvrir.
    — Soyez la bienvenue chez vous, dame Hélène.
    — Tu ne saurais imaginer à quel point j’en suis comblée, ma bonne Gersende.
    Le silence s’était fait dans la cour, recueilli, respectueux. Les deux mains en appui sur le rebord, Algonde se tordit le cou pour tenter de voler un peu d’images à ce renfoncement de mur qui l’en empêchait. Elle ne put apercevoir qu’un détachement de cavaliers aux couleurs du prévôt.
    De nouveau la voix d’Hélène.
    — Ne reste pas à baver d’envie sur mon ventre, Janisse. La mangeaille ne t’en donnera jamais un de même…
    Quelques rires accueillirent la boutade. Hélène les couvrit de nouveau.
    — Prête-moi plutôt le bras pour descendre ce marchepied, j’ai les reins moulus et risque d’écraser ce gringalet qui l’a déplié.
    — Par ma barbe damoiselle ! c’est vrai que vous êtes plus grosse qu’un tonnelet ! s’empressa Janisse, égal à lui-même.
    Son franc-parler n’ayant jamais transgressé le profond respect qu’il portait à ses maîtres, il y avait longtemps que ceux-ci le considéraient comme une qualité.
    De nouveau, les rires fusèrent.
    Algonde regretta de ne pouvoir jouir du spectacle. Quelques secondes passèrent, qu’elle imagina au service d’Hélène, puis de nouveau la voix de Gersende, bienveillante.
    — Et toi, mon garçon, veux-tu aussi de l’aide que tu attendes comme ça planté en haut des marches ?
    — J’ai besoin de personne !
    Algonde sentit son cœur se nouer. Elle connaissait cette voix, pas son agressivité. Un crissement suivit. L’interpellé venait de sauter sur les pavés. Indifférent à sa colère, Janisse salivait.
    — Je vous ai préparé collation, dame Hélène. Une tourte aux écrevisses, des cailles truffées et des œufs au lait. Si ce n’est assez, je peux rajouter un peu de mijoté de sanglier aux airelles. L’hydromel sera mieux que le vin dans votre état, mais ce sera comm…
    — D’abord Le Galoup, trancha le garçonnet, effronté.
    — En voilà des manières, garnement. Ne t’a-t-on rien appris ? Tu mériterais une frottée ! gronda Gersende.
    Le timbre d’Hélène s’envola de nouveau, adouci d’excuses autant que de tristesse.
    — Petit Pierre ne réclame que ce que je lui ai promis durant tout le trajet. Par la volonté de mon époux qui l’a adopté, c’est mon fils désormais…
    Le sang d’Algonde lui sembla se retirer d’un coup de ses veines. Petit Pierre. Adopté. Impossible. Quelle loi le permettrait ?
    En contrebas, Hélène poursuivait son envolée :
    — … M’accorderez-vous quelques minutes, maître Janisse, pour satisfaire sa curiosité ?
    — Autant qu’il vous plaira, dame Hélène. Tout tient au chaud et sera servi quand vous le souhaiterez.
    — Dans mon logis…
    — Il est prêt, intervint Gersende.
    Le reste de leur échange fut avalé par la bâtisse dans laquelle, selon toute vraisemblance, ils venaient

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