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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Aide-moi à ranimer le feu, que j’y cuise les derniers morceaux de viande. Ces garnements vont avoir faim à leur retour.
    Nycola rassembla les tiges de palmier éparpillées en hâte la veille, un sifflement léger aux lèvres.
    Au-dessus d’eux le ciel peu à peu perdait de son flamboiement au profit d’une lumière voilée. Dans quelques heures ce serait la fournaise et ils seraient heureux de regagner les rivages du Nil, songea Mounia, avide d’un bon bain.
    Pendant qu’il rallumait les braises, elle récupéra une gourde et se rinça la gorge de quelques goulées restées fraîches. Lorsqu’elle la reposa, Nycola, redressé, la fixait d’un œil chaleureux.
    Elle lui sourit.
    — Merci pour cette nuit. J’avais vraiment besoin de dormir… Maintenant que tout danger est écarté, tu devrais en faire autant.
    Il lui sourit.
    — Ce n’est pas vraiment ce qui me vient à l’esprit en restant auprès de toi.
    Prise de court par l’allusion, elle rougit.
    Il se mit à rire.
    — Rassure-toi, je sais que seul Enguerrand aura ce privilège-là, mais je voulais que tu le saches. Tu es belle, Mounia, et je suis heureux, jusqu’à vos retrouvailles, de pouvoir veiller sur toi.

44
     
    Khalil n’osait bouger. Allongé à même le sol sur ses vêtements épars, le regard perdu dans l’obscurité, fixant un point imaginaire au plafond, il se demandait si l’on pouvait connaître plus grande félicité. Du coup, pour en préserver chaque seconde, il retenait son souffle, les bras croisés derrière sa nuque, malgré la fraîcheur de l’air qui dardait de frissons sa peau nue, là où celle d’Elora ne la réchauffait.
    Ce fut elle qui brisa l’enchantement en faisant courir sur son torse une main douce.
    — Tu dors ?
    — Hen hen.
    Elle rit.
    — Hen oui ou hen non ?
    — Oui pour que tu n’aies pas l’envie de te lever, et non pour que tu continues ta caresse.
    Elora ne sut quoi répondre. Malgré l’inconfort du tunnel qui leur mâchait les os, elle aussi avait conscience du privilège de ce moment. Elle se pelotonna contre lui, lui recouvrit la jambe de la sienne pour mieux s’amarrer à sa chaleur, lui transmettre sa lumière. Ses doigts s’enroulèrent à l’arrondi d’une épaule. Khalil gémit de contentement.
    — Je comprends mieux, maintenant, pourquoi ils ont tous voulu te posséder. Les Borgia. Le sultan.
    — Et ?
    — Je tuerai celui qui réessaiera.
    — Je suis capable de me défendre toute seule.
    — Je n’en doute pas, mais le voudras-tu ?
    Elle tiqua.
    — Douterais-tu de moi ?
    Il dégagea une main pour l’attirer davantage contre lui.
    — Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, Elora. Je sais juste que ce pouvoir te sert pour arriver à tes fins.
    — Comment oses-tu le penser ? s’indigna-t-elle gentiment en lui pinçant le bras.
    Il ne réagit pas à sa pitoyable torture. Il avait besoin, là, maintenant, qu’elle sache à quel point il l’aimait. À quel point il la voulait pour lui seul et jusqu’à la fin des temps.
    — J’ai entendu dame Hélène dire au prince que c’était ainsi que tu avais obtenu l’annulation de son mariage.
    Une fraction de seconde, Elora eut envie d’étrangler Alexandre VI Borgia. Auprès de qui s’était-il vanté ? De son fils ? Ou bien un valet l’avait-il vue quitter la chambre et avait-il répandu la nouvelle ? Il faut dire à sa décharge qu’elle s’était jouée de la rumeur les concernant.
    — Tu ne réponds pas ? s’inquiéta plus timidement Khalil.
    Craignait-il de l’avoir fâchée ? se demanda Elora. Autant qu’il sache la vérité. La seule vérité.
    — Je ne peux pas démentir, Khalil, parce que j’ai voulu que le pape croie m’avoir possédée.
    Aux battements désordonnés de son cœur, elle comprit qu’une pointe de jalousie le transperçait. Elle enchaîna :
    — Mes pouvoirs, comme tu dis, me donnent de grands avantages. Il est vrai qu’Alexandre VI m’a menée en sa couche…
    Un sourire de victoire lui échappa au souvenir de cette scène tandis qu’elle se mettait sur le dos.
    — … mais au lieu de me déflorer comme d’autres de mon âge avant moi, il s’est escrimé dans le vide, juste là, ajouta-t-elle en s’asseyant pour mieux lui glisser la main entre ses jambes.
    Khalil perçut sous ses doigts le creux laissé par le galbe de ses cuisses.
    — Tu veux dire…
    — Que tu es le premier, Khalil, le seul, et que tu le resteras.
    Pour preuve, elle

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