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Testament Phonographe

Titel: Testament Phonographe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Léo Ferré
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des biffetons « Banque de France », des faux, sur le ventre de certaines Girls in Magazines. En tournant la page, o n pourra voir, juste en dessous. Les girls, ça se regarde où ça s’invente. En dessous de trente ans, c’est plus lisse, et c’est, des fois, encore un peu môme . Après, ça se froisse, et on les jette. Il faudra que je change de support. Le papier, y’ en a marre !
    De ce papier-xylo qui fait grincer, gémir les arbres que je porte en moi. Quand on scie un arbre, j’ai mal à la jambe et à la littérature. Quelle horreur, la parlotte ! Écrire partout, à l’envers de toi, sur mon cœur, sur ma loi, dans mon froc, lorsque tu me regardes précisément et que je te dis que je suis dingue de toi, pour te faire couler ton printemps court…
    Cours, cours, petite, n’oublie pas.
    Sur mon cahier quadrillé c’est la misère. J’essaie de mettre au carreau mes ailes, mon djob. Rien à glander, to day, au club des métaphores. Il faut que ma plume feutrée, ma petite japonaise glissante et noire soit serve d’une certaine rigueur de gueulante.
    Le drapeau noir, c’est encore un drapeau.
    Il faudrait que je leur lance un Manifeste de la Méthode.
    Quelque chose de concret, du style genre polyester qui aurait l’air de ne pas moisir dans les gothiques et qui psalmodierait tranquillement des lamentations tocs devant le Mur des Fédérés…
    Sur la fenêtre, je pourrais mettre un vieux chiffon rouge, histoire de bien signifier mes origines. Des tambours, aussi, et des crécelles à couvrir de leurs criasseries les millions de chevaux Paris, Milan, New York and so and so on.
    Au large, hommes tergaliens, boys d’alpaga, filles jeanisées au maxi, avec vos clous dessinant les orages du Guevara.
    Le Che crevé, crucifié, pourri déjà, même sur vos images.
    Dépoitraillez-vous, Hommes, s’il en reste, et ven ez vous chauffer au bain-marie de ma métaphore, celle qui appelle chat une amphore et gouttière un vieux thème serbo-croate.
    Au large ! Monoclœz-vous l’œil de rechange et changez de basse-cour.
    Fuyez vers les tramontanes d’Éros, puisez dans les accordéons des rythmiques plus sûres, vers les caniveaux. Plongez-y en lune à becs frisants… Vous y verrez peut-être une gorgée de solitude…
    Quand je me regardais, en ces temps, au ras du trotte madame, la neuille, des fois, une image reflétée me donnait la solution du style.
    Ma méthode est simple : Mettez-vous à coucou, Place de la Bastille et prenez-vous pour un serpentaire. Vous verrez alors qu’il n’y a plus de métaphore possible quand on se dénature, quand on se désanalyse, quand on s’antidate et qu’on s’insectise, quand, mouche devenue, pour prendre le quart dans un hôtel fameux où la passe est sanguine ou à Bidon’s City, vous pourrez sentir s’exhaler la queen, et la vrombir, et la gémir, et la voir même prendre son pied à certaines désinences. Alors, vous aurez accompli la mutation que j’attends de vous, Mouches vertes des prairies du double… Je vous ai créées.
     
    Je dirigeais alors des fantômes bon marché, dès que j’achetais dans des économats spécialisés en bizarreries, en relativisme du tout venant. J’avais une carte qu’on me tamponnait à chaque coup. L’employé me disait :
    — Alors, ça biche, Ferré ? Vous en prenez pour votre pognon ?
     
    Un réverbère propre à décrypter les étymologies les plus perverses
    Un chandelier en robe du soir
    Un réveille-la-Mort des fois qu’on oublierait de s’actualiser
    Un canevas dernier modèle pour tricoter de l’affection technicolor
    Des ciseaux pour tailler dans le vif du sujet même si le sujet ne colle pas à la syntaxe
    Des hôtels barbelés au travers desquels je pisserais quand même
    Des mômes à comètes et à cendriers portables histoire d’être confortable au risque de payer de leur vie
    Des vies punies de vide et de tambours voilés frappant tout doux. ta résurrection journalière
     
    Quand je dors je suis mort sans bière uniquement avec du Coca sur ta table de chevet
    Je lis des sons particuliers quand Ludwig sanglote doucement les bras tendus vers la Neuvième
     
    Les épices m’ont toujours brûlé le charm e
    J’ai du slave qui se balade quelque part entre peau et jactanc e
    La mer, chez moi, dans la rue, cela m’était facil e
    Je l’appelais, elle arrivait : le flot, bouillonnant, au ras de chaussé e
     
    L’eau cette glace non posée
    Cet immeuble cette mouvance
    Cette

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