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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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jeux, exhibitions, spectacles, combats de lutte ou de pugilat et
des affrontements entre des hommes armés et des bêtes sauvages. Mais je doute
que le visiteur ordinaire, debout en train d’admirer l’immense édifice,
remarquerait ce que m’indiqua ce coquin de soldat qu’était Ewig :
    — Avez-vous vu, Saio Thorn, le nombre de jeunes
femmes blondes collées aux portes lorsque les gens quittent
l’amphithéâtre ? Des putains, bien entendu ; elles rappliquent toutes
ici dès qu’un spectacle se termine. Elles font des affaires, vous pouvez me
croire, tant les hommes qu’elles sollicitent ont été excités jusqu’à la
lubricité par les exploits virils, la sueur et le sang qu’ils viennent de voir
à l’intérieur.
    Pour ma part, le spectacle le plus excitant auquel il me fut
donné d’assister à Rome – et qui ne m’amena à aucun état de lubricité, je
le précise – fut la lutte contre un incendie que menèrent une nuit des
sentinelles du feu rompues à ce type de combat. Des incendies dévastateurs peuvent
bien sûr se produire dans d’autres cités, mais le ciel m’en est témoin, seule
Rome pouvait donner naissance à un aussi effrayant brasier, car cette ville est
la seule, sur sa colline du Cælius, à posséder des bâtiments résidentiels à
cinq ou six étages. Or c’est l’un d’eux qui s’était embrasé. Les soldats du feu
ne furent pas longs à converger en masse, transportant des matelas bourrés de
haillons trempés dans du mauvais vin, qui leur servirent de boucliers pour
entrer dans l’édifice porter secours aux habitants. Pendant ce temps, d’autres
envoyaient sur les toits, à l’aide de catapultes, des grappins munis de
crochets auxquels on avait accroché des cordes. Celles-ci se déroulaient alors
le long des parois, permettant aux gens bloqués dans les étages supérieurs de
s’échapper par l’extérieur, pour se laisser choir, au niveau de la rue, sur des
coussins étalés à leur intention. D’autres encore, pendant ces manœuvres,
s’attaquaient au feu lui-même, usant à cet effet de machines transportées sur
des charrettes, appelées siphons de Ctésibios. Deux hommes de chaque côté de la
charrette enfonçaient et relevaient alternativement de solides manches, et
cette action propulsait, je ne sais comment, l’eau d’un réservoir dans un tuyau
qu’un autre homme dirigeait vers les flammes. Grâce à l’action conjuguée de
cette eau lancée jusqu’au toit du bâtiment et des matelas et balais saturés de
vin, les soldats du feu étouffèrent la conflagration du bâtiment presque aussi
vite que moi lorsque j’urinais sur un feu de camp.
    Ewig m’emmena plusieurs fois dans une petite charrette tirée
par des mules faire son marché, afin de se procurer la marchandise pour sa
taverne. Cependant, nous ne nous rendîmes presque jamais sur l’une des places
de marché de la ville, et je compris vite que les gens auxquels il me
présentait n’étaient pas tous particulièrement recommandables. Nous nous
rendîmes souvent dans la rue de Janus, où siègent les usuriers, les changeurs
et les prêteurs sur gages. Nous allâmes aussi assez souvent traîner du côté des
débarcadères de la Grange au Poivre, où sont entassées bien d’autres
marchandises que le poivre. Il nous arriva même de temps à autre de déambuler
sur la Via Nova, où les plus élégantes boutiques de Rome vendent à haut prix
leurs luxueux produits. Mais le travail d’Ewig dans ce quartier avait plutôt
tendance à le conduire dans d’obscures arrière-cours. L’endroit où nous nous
retrouvâmes le plus souvent, ce fut sur les quais de l’Emporium, le long de la
rivière. Un jour, Ewig se faufila discrètement sous un des hangars du
débarcadère et en revint chargé d’outres de cuir qu’il empila dans la
charrette. Je lui demandai alors, d’un ton plus curieux qu’accusateur :
    — Dites-moi, caupo, ne me dites pas que vous
vous procurez la totalité des provisions de votre taverne par le vol ?
    —  Ne, Saio Thorn, je ne vole jamais rien. Je me
contente de racheter leur butin aux voleurs. Ces outres d’excellents vins et
huiles de Campanie, je les ai achetées à un marin de ce bateau que vous voyez
là-bas. Il vient d’arriver de Neapolis rempli de gros tonneaux, bien pleins eux
aussi. Durant le voyage, un marin fait glisser juste un peu le cerceau d’un
tonneau, et perce un trou dans l’une des douves à l’aide d’une vrille. Il en
retire

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