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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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alors une partie du contenu puis replace le cerceau sur le trou. Quand
la marchandise est délivrée, ces pertes sont attribuées au suintement naturel.
J’espère que vous n’y voyez pas d’inconvénient, maréchal… pas plus que vous ne
faites d’objections à le boire dans ma taverne, ni à le payer si peu cher.
    —  Ne, ne, fis-je en riant. J’ai toujours éprouvé
une certaine admiration pour l’initiative et l’esprit d’entreprise.
    Chaque fois que nos pérégrinations nous menaient vers le
centre de la ville, je prenais soin de me rendre au coin du forum situé côté
Capitole pour y lire le Journal affiché au temple de la Concorde. Ewig,
ne sachant pas lire, se souciait peu de m’y accompagner. Cloué sur les murs par
l’ accensus [117] du forum – le même qui, à
midi, hurlait «  Meridies ! » [118] pour
informer les passants de l’heure qu’il était –, le Journal était un
résumé écrit de tous les faits dignes d’être relatés qui s’étaient produits
dans Rome et ses environs. Il donnait la liste des naissances et des décès des
familles les plus éminentes, mentionnait les transactions d’affaires les plus
significatives, les accidents et désastres récents tel l’incendie sur la
colline du Cælius, mais aussi les avis de fuite d’esclaves ou les annonces des
spectacles et jeux à venir.
    D’autres fois, je me promenais seul en des endroits n’ayant
pas d’intérêt pour Ewig (ou ne pouvant lui fournir aucun butin) tel que
l’Argiletum, la rue des libraires. Et je fus très intéressé de trouver ces
commerçants, d’ordinaire parmi les plus placides, de très mauvaise humeur.
J’appris qu’ils se trouvaient quotidiennement importunés par l’évêque de Rome,
ou plus exactement par ses consultores inquisitionis, prêtres qui
descendaient dans leurs échoppes mettre à sac leurs étals et inspecter leurs marchandises.
Ces agents du pape n’ayant cependant aucune autorité pour confisquer les livres
recensés dans l ’Index Vetitiae de Gélase, ils insistaient pour y fixer
des étiquettes, afin qu’un client chrétien fouillant dans ces rouleaux et codices puisse aisément distinguer lesquels il pouvait acheter et lire sans crainte de
ceux qui étaient « pernicieux » sur le terrain doctrinal ou moral.
    Je pris note de ces petits faits et des informations
publiées dans le Journal qui me parurent susceptibles d’intéresser
Théodoric, y ajoutai quelques remarques de mon crû sur l’état de Rome, et fis
régulièrement envoyer mes notes par un messager dans la lointaine Ravenne du
nord. L’une de ces observations, j’en étais sûr, intéresserait particulièrement
Théodoric.
    Lui et moi avions été témoins, dans la cité de Vérone, de la
vanité de certains empereurs du passé, qui avaient érigé de triomphants
monuments en lieu et place de puissants murs de défense. Nous avions également
remarqué combien de nombreuses autres villes avaient eu à souffrir de
l’indifférence de leurs gouvernants et de l’indolence de leurs administrations,
laissant se dégrader des aqueducs pourtant vitaux pour la survie des habitants.
Nous avions pu observer la lente dégradation de voies telles que la Via Popilia
et bien d’autres, tombées progressivement dans un triste état d’abandon, tout
comme certains ponts, routes secondaires et canaux. Il était à présent de mon
triste devoir d’informer Théodoric que Rome, la Cité éternelle, avait elle
aussi été honteusement négligée et ne mériterait bientôt plus le pompeux
qualificatif qu’on lui accordait.
    Durant plus d’un millénaire, Rome n’avait jamais cessé de
s’agrandir, de s’étendre, sans cesse plus imposante et rayonnante. Mais
parvenue à un point assez récent de son évolution, quelque chose, dans cette
machine bien huilée, s’était brisé. Si cette beauté avait été dès lors ne
serait-ce que préservée (car nulle cité ne peut bien sûr embellir indéfiniment)
cela n’aurait guère porté à conséquence. Mais tous à Rome, gouverneurs,
administrateurs, et même ses propres habitants, semblaient avoir totalement
cessé de s’en préoccuper. Non seulement rien n’était fait pour protéger les
trésors architecturaux de la cité des ravages du temps, mais on laissait ces
irremplaçables témoignages de l’héritage de Rome tomber en ruine, quand on ne
les défigurait pas en se servant sans vergogne de leurs pierres. Certains
bâtiments, arcs et portiques les

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