Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
de
villégiature.
    — Tu lui as soumis tes projets, répétai-je, piqué. Je
n’ai pas souvenir que tu en aies touché mot à tes généraux, tes maréchaux ou
moi-même.
    — Ça viendra, ça viendra. Cela dit, si une femme
aimante peut aisément accepter de résider où son mari a choisi de le faire, je
puis difficilement t’en demander autant qu’à une épouse dévouée…
    Comme on peut s’en douter, cette dernière remarque m’irrita
au plus haut point, mais je me contentai de marmotter que je me rendrais et
demeurerais là où il lui plairait de m’envoyer.
    —  Ne, je connais trop ta nature vagabonde. J’ai
maintenant nommé assez de maréchaux pour en placer un à demeure dans toutes les
villes d’une certaine importance. Soas, par exemple, sera mon représentant
permanent à Mediolanum. Toi, Thorn, j’aimerais que tu sois mon ambassadeur
itinérant, ce que tu as toujours fort bien fait. Parcours l’Italie, rends-toi à
l’étranger, va où il te plaira et rapporte-moi ou fais-moi suivre des dépêches
sur tout ce qui pourrait m’intéresser. Cette mission de voyageur devrait être à
ton goût, n’est-ce pas ?
    Bien sûr que cette mission me plaisait. Cela ne m’empêcha
pas de répliquer avec une certaine raideur :
    — Je n’attends de mon roi aucune complaisance.
Seulement des ordres.
    — Très bien. En ce cas j’aimerais que tu te rendes
d’abord à Rome, je n’ai encore aucun député là-bas, et ne suis pas censé m’y
rendre avant un certain temps encore. Vas-y et reviens avec… ma foi, avec tout
ce que j’ai besoin de savoir de cette ville.
    Je saluai et dis :
    — Je pars à l’instant même.
     
    *
     
    Cette hâte à me mettre en route me donnait simplement une
bonne excuse pour fuir Ravenne avant le jour du mariage. Car si j’avais été là,
nul doute qu’on eût souhaité voir l ’herizogo Thorn, loyal maréchal et
ami intime du roi, se tenir bien en vue à ses côtés parmi les invités aux
cérémonies de cet heureux jour. Envoyé en mission, Thorn n’assista pas à la
messe nuptiale. Mais Veleda, elle, s’y rendit. C’est en effet une façon
typiquement féminine de traiter une démangeaison que rien ne peut parvenir à
calmer. Puisqu’on ne peut l’apaiser en grattant, eh bien, grattons-la encore et
encore, jusqu’à la faire saigner, jusqu’à ce que cela fasse mal, vraiment mal.
    Je me mêlai aux femmes de tous âges et de toutes conditions
qui se trouvaient sur le côté gauche du baptistère arien et me joignis aux
répons durant l’office, sans toutefois partager les commentaires chuchotés sur
l’allure ou l’extrême beauté de la mariée. D’accord, Audoflède était belle, et
Théodoric incarnait à la perfection l’image du roi ; de son côté, le vieil
évêque Néon résista héroïquement à la tentation de faire de cette messe si
remarquable une interminable cérémonie. Je supportai malgré tout ses longueurs
en me laissant aller à la contemplation des rayonnantes mosaïques du
baptistère. Elles avaient visiblement été ajoutées au bâtiment lors de la
conversion de l’établissement de bains en édifice religieux, car leurs sujets
étaient tous éminemment chrétiens. L’intégralité du plafond, par exemple,
représentait le baptême de Jésus, les apôtres du Christ entourant ce dernier nu
dans une rivière logiquement identifiée du nom de IORDANN, le Jourdain. Ce qui
était admirable, pour ne pas dire incroyable, c’était la précision avec
laquelle se trouvait rendue, grâce à de simples morceaux de pierre colorée et de
verre, la limpidité de l’eau qui baignait les jambes de Jésus, laissant aussi
apercevoir ses parties intimes…
    Lesquelles surplombaient de fait la cérémonie de mariage… liufs
Guth ! Quelle pensée déplacée, soudain, en cette église ! Je
rappelai violemment à l’ordre mon esprit vagabond et le gourmandai avec
sévérité, détournant les yeux de la céleste mosaïque en rougissant jusqu’aux
oreilles. Mon regard croisa en se baissant celui d’un grand et élégant jeune
homme situé du côté opposé de la chapelle, dont les yeux me sourirent.
    Lorsque nous couchâmes ensemble, je reconnus un optio de l’une des turmae d’Ibba que Thorn avait occasionnellement croisé,
mais je n’y attachai aucune importance. Si j’avais jamais su le nom de ce jeune
soldat, je l’avais oublié et peu m’importait. Il ne me demanda d’ailleurs même
pas mon propre nom, et je ne m’en

Weitere Kostenlose Bücher