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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Tcherkesses, tout ce dont vous avez déjà entendu
parler, et d’autres sans doute dont vous ignorez tout. Selon moi, les
Tcherkesses sont d’une beauté supérieure.
    — Tout ce qui m’intéresse est qu’ils soient jeunes,
adolescents tout au plus, vifs d’esprit, solides, encore non formés… et par
conséquent bon marché. Je ne cherche ni concubines, ni jouets sexuels
masculins. Je veux simplement de jeunes personnes vierges de tout enseignement,
que mon académie puisse façonner et raffiner, forger et polir.
    — Message reçu. Demain nous passerons les marchés en
revue, et je gage que vous repartirez avec une barge remplie de nouvelles
recrues. Si vous le permettez, j’aimerais dorénavant être votre
« nez » ici, comme Maghib l’est pour moi à Pomore. J’alimenterai
votre ferme et ne vous fournirai que du premier choix. En parlant de races et
de couleurs, il est arrivé récemment sur le marché deux ou trois jeunes femmes
d’un peuple d’Orient appelé les Sères [128] . Elles
sont exquises, assez menues, d’une finesse de silhouette dont vous n’avez pas
idée et toutes jaunes de peau… partout. Je me demande d’ailleurs comment
d’aussi fragiles beautés ont pu accomplir le long voyage qui les a menées
jusqu’ici. Question prix en revanche, elles ne sont pas vraiment abordables.
L’une d’entre elles est toujours ici. Elle a été achetée par Apostolidès,
tenancier du meilleur lupanar de Noviodunum. Après notre nahtamats, j’irai
vous y présenter. Vous devez essayer cette jeune dame. Elle vous reviendra
certes un peu cher, mais elle vaut largement la dépense, vous pouvez me croire.
    Tandis que nous dînions d’huîtres, d’asperges et d’un civet
de lièvre fourré aux prunes, le tout arrosé d’un vin de Céphalonie,
j’interrogeai Meirus sur la façon dont on percevait ici, en plein Empire
d’Orient, le règne de Théodoric sur ce qui avait été l’Empire d’Occident.
    —  Vái ! De chez nous jusqu’aux îles de
l’Étain, cette vision doit être la même partout, quelle que soit l’appartenance
sociale. Il est, me semble-t-il, de notoriété publique que ce règne s’annonce
comme le plus calme et le plus prospère que Rome ait jamais connu, au moins
depuis l’époque des « cinq bons empereurs » allant de Nerva le Sage à
Marc Aurèle le Doré, ce qui remonte à quatre siècles.
    — Je suis heureux d’apprendre que l’approbation est
aussi générale.
    — Ma foi, si les gens admirent l’habileté de son
gouvernement, ils ne révèrent pas nécessairement sa personne. Nul n’a oublié la
trahison qui lui a permis d’occire Odoacre, et l’on pense en règle générale que
les proches de Théodoric ont tout intérêt à marcher sur des œufs en sa
présence, s’ils veulent éviter un coup d’épée intempestif.
    —  Balgs-daddja ! grognai-je. Je suis l’un
des plus proches et je n’ai jamais eu à marcher sur des œufs.
    — D’autres envient ouvertement sa maîtrise politique.
Notre empereur Anastase, par exemple, n’aime pas particulièrement Théodoric.
Cela dit, ce vieux grincheux n’a jamais apprécié grand monde. Mais il est naturellement
très agacé de voir quelqu’un de moins titré que lui l’éclipser par son
habileté.
    — Pensez-vous qu’il pourrait chercher à lui causer du
tort ?
    — Pas de sitôt, non. Il a pour l’instant bien d’autres
chats à fouetter, avec la recrudescence de la vieille tension ancestrale qui
nous oppose aux Perses, à la frontière de l’Est. Ne, les problèmes de
Théodoric ne surgiront pas de l’étranger, mais bien de l’intérieur, juste sous
son nez. Quand j’ai dit qu’il était admiré d’ici jusqu’aux îles de l’Étain,
c’est parce que, pas plus ici que là-bas, ne s’étend l’influence de l’Église
catholique. Partout où elle peut vraiment agir, comme en Italie et dans
d’autres régions limitrophes, elle cherchera par tous les moyens à rabaisser
ses mérites et à dénigrer son prestige.
    — Je sais. C’est méprisable, du reste. Pourquoi
l’Église catholique et ses sbires ne le traitent-ils pas avec la même
indifférence que celle qu’il manifeste à leur égard ?
    — Vous venez de mettre le doigt dessus. Justement parce
qu’il ne leur accorde aucune importance. Ils seraient sincèrement ravis d’être
persécutés, opprimés, voire bannis par ses soins. Mais son indifférence est
pour eux la pire des attaques, mille fois plus douloureuse

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