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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’abord enraciné à Rome. Il
est resté depuis leur religion favorite. De nos jours, même les serviteurs
importés de l’étranger – fussent-ils des Nubiens ou des Éthiopiens qui, au
fin fond de leurs terres sauvages de Libye, avaient dû adorer des dieux d’une
inimaginable étrangeté – se sont allègrement convertis au christianisme.
Les esclaves, tout comme les négociants, embrassent cette foi parce qu’ils y
voient une transaction profitable. Contre une bonne conduite ici-bas, on leur
promet une riche récompense dans l’au-delà : un esclave peut-il espérer
mieux, en ce bas monde ? Mais les Romains de toutes classes craignaient
que cette unité chrétienne des esclaves ne finisse par les pousser à une
révolte de masse.
    Je savais pour ma part à quel point cette crainte était
infondée. En effet, le christianisme enseigne que plus votre vie est misérable
sur cette terre, plus belle elle sera dans les cieux. Cette religion incite
donc justement les esclaves à se contenter de leur piètre condition, à demeurer
soumis et à accepter avec résignation leur humble situation. « Serviteurs,
obéissez aveuglément à vos maîtres. » Il va donc de soi, au contraire, que
plus les esclaves sont chrétiens, moins il y a de chances qu’ils ne songent à
se rebeller. Quant à l’autre crainte évoquée plus haut – que des femmes
libres se commettent de leur plein gré avec des esclaves mâles – ma nature
féminine m’inclinait à penser que nulle loi n’empêcherait jamais la chose
d’arriver, si elle devait se produire. D’expérience, j’aurais pu assurer les
sénateurs de Rome et tous les hommes libres de l’inanité de ces appréhensions.
Une femme qui désire un homme finit toujours par parvenir à ses fins.
    Que l’esclave mâle soit affublé d’un costume distinctif ou
coiffé d’une repoussante perruque, qu’il s’agisse d’un horrible Nubien noir ou qu’il
soit enchaîné à un mur dans la redoutable prison romaine du Tullianum, si une
femme le veut, elle l’aura.
     
    *
     
    — Résultat, dès que je lancerai mon commerce d’esclaves
dans cette ville, fis-je, on m’accusera de pervertir la morale de Rome.
    Meirus partit d’un bon rire.
    — De quel genre de morale parlez-vous ?
    Le vieux Boueux n’avait pas changé. Il devait être très
vieux à présent, songeais-je, mais son ample barbe était toujours d’un noir
aussi profond, et le vinaigre de son tempérament ne s’était guère adouci. Les
seules différences notables par rapport à l’homme que j’avais connu autrefois
étaient qu’il avait quelque peu forci et portait des vêtements plus recherchés,
ainsi que de nombreuses bagues aux doigts. Il devait tout cela à sa nouvelle
prospérité, m’expliqua-t-il, laquelle reposait sur le succès de son commerce
d’ambre, entièrement dû à l’activité de son partenaire Maghib – eh oui,
son partenaire  ! – sur la Côte de l’Ambre. Au marché aux
esclaves de Novae, je n’en avais trouvé que très peu correspondant à mes
critères et valant la peine d’être achetés. J’avais eu la même déconvenue à
Prista et à Durostorum ; quant aux ports fluviaux du bas Danuvius, ils ne
possédaient pas de stocks d’esclaves assez importants dans lesquels puiser.
J’avais donc dû revenir jusqu’à Noviodunum, où le trafic est intense avec la
mer Noire ; là, bien entendu, je m’étais mis en quête du vieux Meirus.
    — Ce qu’il faudrait, dit-il en nous servant une
nouvelle rasade de vin, c’est faire en sorte que vos esclaves soient si compétents
dans leur domaine que si l’un d’eux était pris au lit avec la femme du maître,
ce soit sa propre femme que le maître ait envie de congédier.
    — C’est bien ce que j’espère réussir. J’ai déjà placé
en apprentissage les jeunes gens et jeunes filles que j’ai achetés auprès de
mes meilleurs serviteurs : le responsable de mon cellier, mon majordome,
mon notaire. En m’arrangeant pour adapter le travail proposé à ce que j’avais
pu deviner de leurs aptitudes. Mais j’aimerais confier à chacun de mes tuteurs
plusieurs élèves à la fois. Et sur les ports du Danuvius, je n’en ai pas trouvé
de vraiment intéressants.
    — Vous êtes venu où il fallait. Ici, à Noviodunum, il
en arrive de toutes les tailles, de toutes les formes, de tous âges et de
toutes couleurs. Hommes, femmes, eunuques, charismatiques, des Perses, des
Khazars, des Mysiens, des

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