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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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une fille. Si son épouse ne lui offre pas rapidement un
fils ou deux, les futurs occupants du tombeau seront exclusivement des
héritiers collatéraux, de lignée maternelle.
    Cela ne semblait pas encore préoccuper outre mesure
Théodoric. Il était gai et plein d’entrain lorsque je dînai avec lui et lui
relatai mes derniers voyages et activités.
    — As-tu l’intention de retourner à Rome, Thorn ?
Tu pourrais y délivrer un mandatum [130] de ma
part. Sais-tu que j’y ai fait ma première visite, durant ton absence ?
    Boèce m’avait conté la chose. On lui avait réservé le
Triomphe impérial, une procession splendide et son séjour sur place avait été
agrémenté de fêtes extravagantes : courses de chars au cirque, combats
entre hommes et bêtes sauvages au Colisée, pièces au Théâtre de Marcellus,
festins dans les plus belles demeures de la ville. Il avait été invité à
s’adresser au Sénat, et son discours lui avait valu de la part des sénateurs une
bruyante ovation debout.
    — Mais ce qui m’a surtout frappé, continua-t-il, c’est
l’inexorable et lente dégradation de la cité que tu déplorais si amèrement dans
tes lettres. J’ai ordonné que toutes les mesures soient prises afin de stopper
le pillage des sites artistiques et d’assurer la préservation des trésors
architecturaux. J’ai l’intention, à cet égard, d’octroyer à la ville de Rome
une rente annuelle de deux cents librae d’or, qui devront être
strictement affectés à la restauration et la préservation des édifices, des
monuments, des murs qui le justifient.
    — J’applaudis cette initiative, affirmai-je. Mais le
Trésor permet-il cette munificence ?
    —  Ja , je dois d’ailleurs corriger une petite
négligence de ma part. Quand j’ai annoncé au Sénat le versement de cette
subvention annuelle, j’ai spécifié qu’elle serait consacrée seulement aux
monuments et autres bâtiments, mais j’ai oublié de mentionner au passage les
statues. Comme tu le sais, elles sont également victimes de vols sauvages et
sont éparpillées aux quatre vents. Je souhaite donc faire savoir clairement
qu’elles sont également concernées par l’utilisation de ces sommes. Mon
questeur et exceptor Cassiodore est en train d’achever le mandatum en question. Va le lui demander, Thorn, et veille à ce qu’il soit lu au Sénat.
Je veux aussi qu’on le publie dans le Journal et que les crieurs publics
en proclament la teneur dans les rues.
    Je me rendis donc auprès de Cassiodore fils, qui sourit et
me dit :
    — Vous souhaitez peut-être le lire, avant que je ne le
scelle ?
    Et il fit glisser sur la table une pile de papyrus jusqu’à
moi.
    — Lequel est le mandatum que je suis censé
transmettre ? demandai-je en fourrageant dans le tas de papiers.
    — Pardon ? (Il me fixa, perplexe.) Eh bien, c’est
le mandatum , tout cela.
    — La liasse complète ? C’est cela, l’ordre de
Théodoric interdisant les destructions du patrimoine de Rome ?
    — Oui, bien sûr… (Il semblait surpris.) N’est-ce pas ce
que vous êtes venu chercher ?
    — Cassiodore, mon bon Cassiodore, expliquai-je avec une
bienveillance amusée. Un mandatum n’est rien d’autre qu’un ordre
officiel. Et ce que je dois aller annoncer à Rome tient en deux mots tout
simples : « Arrêtez cela. »
    — Oui, et alors ? (Il paraissait froissé.) C’est
bien ce qui est dit… Lisez.
    — Lire ? C’est tout juste si j’arriverais à le
porter !
    J’exagérais, bien sûr, mais pas tant que cela. Le papyrus du
dessus, adressé « au Sénat et au Peuple de Rome », débutait en ces
termes :
    « Le noble et estimable art de la statuaire italienne
remonte, paraît-il, aux premiers Étrusques. La postérité et les siècles ont
passé et ont fini par doter la cité de Rome d’une population virtuelle presque
aussi nombreuse que sa population naturelle. Je veux parler de cette abondance
de statues de dieux, de héros et fameux Romains du temps passé, des
considérables troupes de chevaux de pierre et de métal qui ornent nos rues, nos
places et nos forums. Si la nature humaine était dotée d’une révérence
suffisante, elle suffirait à préserver les trésors de la statuaire romaine,
rendant inutiles les cohortes de vigilance qui patrouillent dans nos rues. Mais
que devons-nous penser des marbres coûteux, des bronzes précieux dont la valeur
intrinsèque se double de tout l’art qui les a façonnés, et

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