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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Giso.
Je souhaiterais donc te proposer le poste de préfet de cette extrémité de la
nouvelle route commerciale. Cette fonction ne te vaudra sans doute qu’un
modeste stipendium, mais elle te procurera bien d’autres avantages. Tu
pourrais faire payer aux marchands un droit de timbre contre l’apposition de
ton sceau, ou…
    —  Ne, ne, se récria-t-il vertueusement. C’est déjà
un tel honneur pour le modeste ver de terre arménien que je suis, que je ne
saurais le souiller d’une quelconque rétribution supplémentaire. Dites au roi
que j’accepte ce poste avec gratitude, et assurez-le que son préfet ne
prélèvera pas un seul nummus sur le prix des marchandises que lui et son
peuple recevront de Pomore.
    Les deux grands axes de communication finirent donc par
retrouver la prospérité dont ils avaient joui à l’apogée de l’Empire romain.
Convergeant vers ceux-ci par tout un réseau de routes secondaires et de voies
maritimes, des produits venus des lointaines nations de l’Europe, voguant sur
l’Océan Sarmate, la mer Noire ou l’Océan Germanique, arrivèrent de Bretagne, de
Scotia [138] , de Skandza, de Colchis [139] ou de
Cherchonèse, jusqu’à la soie et d’autres marchandises rares venues du pays des
Sères. Pendant ce temps, les vaisseaux construits à l’initiative de Théodoric
entretenaient un actif négoce sur tout le pourtour méditerranéen, tant avec les
Vandales d’Afrique qu’avec les Suèves d’Espagne ainsi qu’avec les colonies
romaines d’Égypte, de Palestine, de Syrie, de Jordanie et du Sinaï.
    Il arriva parfois, comme cela se produit toujours dans l’histoire,
que ce prospère et bénéfique commerce avec l’étranger fût interrompu par des
guerres ou des soulèvements. Certains se produisirent dans des lieux trop
éloignés de Théodoric ou d’Anastase pour que ceux-ci puissent s’en mêler. Mais
d’autres intervinrent suffisamment à la portée de Théodoric pour qu’il y envoie
des armées afin de les réprimer. Ni lui ni moi n’en fîmes partie, pas plus que
les vieux chefs qui avaient exercé au temps de notre active jeunesse. Le vieux Saio Soas et les généraux Ibba, Pitzias et Herduic avaient pris leur retraite,
ou étaient déjà morts. Les jeunes généraux s’appelaient maintenant Thulwin et
Odoin, que je n’avais jamais rencontrés, ou Witigis et Tulum, que j’avais
brièvement connus alors qu’ils n’étaient encore qu’ optio et signifer, au temps du siège de Vérone.
    L’un des insurgents qu’ils eurent à combattre était en tout
cas une vieille connaissance. Il appartenait à la tribu gépide qui avait
vainement tenté d’arrêter notre marche vers l’Italie. L’embuscade qu’ils nous
avaient tendue à Vadum, sur la rivière Savus, leur avait coûté un grand nombre
d’hommes et leur roi Thrausila, tuant de notre côté le roi Feletheus. Mais ces
Gépides semblaient avoir effrontément décidé de mettre une nouvelle fois notre
courage à l’épreuve, pas loin du lieu où ils nous avaient naguère affrontés.
Sous les ordres de leur nouveau roi Thrasaric, le fils du roi défunt, ils
assiégèrent, envahirent et occupèrent Sirmium, cette cité de Pannonie grande
productrice de porcs où avait hiverné notre armée lors de sa marche vers
l’ouest, en arrivant de Novae.
    Vu l’odeur infecte de la ville, j’aurais personnellement
incliné à l’abandonner aux Gépides, mais il n’en était bien entendu pas
question. Non seulement ils auraient pu prétendre interrompre durablement le
trafic fluvial, mais plus important peut-être, cette cité marquait la limite
orientale des terres de Théodoric. En dépit de l’amitié officielle existant
entre lui et Anastase, cette province de Pannonie constituait toujours un point
de contact incertain entre leurs deux sphères d’influence, et aucun n’eût
toléré qu’un tiers y interférât.
    Ainsi, dès que notre armée se glissa en Pannonie, Anastase
déclara avec colère que cette intrusion au sein de son Empire d’Orient était
intolérable. Il y avait du vrai dans cette accusation, car après que nos hommes
eurent délogé sans difficulté les Gépides de Sirmium, ils les pourchassèrent un
temps vers l’est avant de rebrousser chemin vers l’Italie. L’incursion suffit à
Anastase pour déclarer la guerre à Théodoric, afin de punir « sa
présomption et son insubordination ». Cette rodomontade n’était de la part
de l’empereur qu’un geste destiné à affirmer

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