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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’un contingent de soldats furieux et bien armés. Ce qui
permettra un massacre bien mérité.
    Je me permis d’intercaler une question :
    — Peut-être, s’ils tombaient par hasard sur l’innocente
victime qu’est Becga, pourraient-ils exempter ce dernier du massacre ?
    Les deux hommes ignorèrent ma suggestion et Wyrd
enchaîna :
    — Pendant ce temps, Calidius, tu vas envoyer une troupe
bien plus importante vers le campement des Huns, et…
    — Conduiras-tu ces hommes, décurion Uiridus ?
    — Je vous demande infiniment pardon, clarissimus, répliqua
Wyrd piqué au vif, mais je suis un peu fatigué de chevaucher, j’ai l’estomac dans
les talons, et j’avoue être singulièrement lassé, pour l’instant, de la vue
tout comme de l’odeur des Huns. Il en va de même de mon impudent apprenti ici
présent. Je donnerai volontiers à vos hommes les instructions nécessaires, et
vous recommande de confier la direction des troupes à une de mes vieilles
connaissances, le signifer Paccius. Il a bien mérité cette petite
promotion.
    — Oui, oui, bien sûr… Je suis désolé, Uiridus. Tu as
bien gagné un peu de repos, et même davantage, fit le légat, avec une évidente
sincérité. J’étais tellement à la joie d’avoir retrouvé sain et sauf mon
petit-fils bien-aimé, et si réjoui à l’idée d’en finir avec ce tas de vermines
de Huns, que j’ai parlé sans réfléchir. Je vais donner des ordres en ce sens à
l’instant, et te faire préparer un repas afin que…
    — Non merci, vraiment. Je n’ai pas faim de viandes
délicates ni de pisse de chat. Ce qu’il me faut maintenant, c’est une bouffe
qui me remplisse les tripes et un vin qui me monte à la tête. On va faire une
descente dans les cabanae , à la taverne de ce vieux Dylas. Envoie-moi
là-bas Paccius, dès qu’il sera prêt, que je lui délivre mes instructions.
    — Très bien. Je vais te faire précéder d’un héraut, qui
répandra partout l’autorisation officielle d’enlever les barres des portes, et
le droit de circuler à nouveau librement. Uiridus, tu viens de soulager Basilea
d’un grand poids. Je te remercie du fond du cœur… ainsi que toi, Thorn.
    Exceptionnellement, il avait fait l’effort de bien prononcer
mon nom.
    Nous n’eûmes donc pas besoin, cette fois, de tambouriner à
la porte de la taverne de Dylas. Le caupo nous l’ouvrit avec
hospitalité, et en grand. J’eus alors ma première occasion de découvrir de lui
un peu plus que son œil rougi et larmoyant. Dylas était au moins aussi vieux
que Wyrd, tout aussi gris de cheveux comme de barbe, mais considérablement plus
grand et gros comme une barrique, avec un visage semblable à un pavé de bœuf
cru. Lui et Wyrd se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, se tambourinant
furieusement le dos de coups de poing amicaux, et se décernant réciproquement
les qualificatifs affectueux les plus répugnants des langues latine et gotique
réunies. Dylas brailla à quelqu’un dans l’arrière-cuisine : « Ramène
de la viande, du fromage et du pain ! » et décrocha lui-même une
gigantesque outre à vin et des cornes servant de timbales pendues à une vieille
poutre, et nous invita à prendre place autour de l’une des quatre tables de son
établissement.
    Wyrd me présenta à Dylas, qui grogna et hocha aimablement du
chef, me tendant immédiatement une des chopes de corne. Je la tins en bouchant
de mon pouce le trou percé à son extrémité la plus effilée, tandis que Dylas me
la remplissait. Quand chacun eut sa corne pleine, il reposa l’outre, leva la
sienne devant Wyrd, puis devant moi, et dit : Iwch fy nghar, Caer Wyrd,
Caer Thorn. Il s’agissait clairement d’une salutation, mais je ne reconnus
pas dans quelle langue. Nous levâmes nos cornes, penchâmes nos têtes en
arrière, débouchâmes les issues, et laissâmes le vin se déverser dans nos
bouches. Comme l’avait dit Wyrd, ce vin-là n’était ni parfumé, ni coupé
d’eau : c’était de l’Oglasa corsé, mûr et bien rouge. Comme nul ne peut
reposer une corne tant qu’elle n’est pas vide, nous finîmes tous la nôtre, et
je fus complètement étourdi, d’où mon refus poli quand Dylas remplit à nouveau
les deux autres.
    — Le bruit court déjà, Wyrd, que tu ne serais pas pour
rien dans la résolution de la crise de Basilea, commença Dylas. Comment as-tu
fait ?
    Wyrd le lui dit, du moins je le suppose, car il employa la
même langue étrangère que Dylas

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