Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
que tu m’as rendus. Va t’acheter
tout ce que tu juges utile pour la suite de notre voyage. Ou tout ce qui pourra
te tenter.
    Je le remerciai chaleureusement de sa munificence, et dis à
Dylas que je lui savais gré de l’excellent repas qu’il nous avait servi. Après
quoi, ayant souhaité aux deux amis une bonne fin de soirée arrosée d’une
confraternelle beuverie, je pris congé.
    J’attendis d’être dehors pour recompter l’argent. Il y avait
là un solidus d’or, de nombreux solidi et siliquae d’argent, une flopée de sesterces de laiton et de nummi de cuivre, en
tout la valeur éblouissante de deux solidi d’or.
    Promenant le regard autour de moi, je constatai que Basilea
avait repris vie. Les rues étaient à nouveau arpentées par des hommes, des
femmes et des enfants. Les chaumières voisines avaient les volets ouverts, et
l’on y entendait le léger bruit aigu de la navette des métiers à tisser des
maîtresses de maison. En bas de la colline de la garnison, dans la partie
ombragée où la neige s’accrochait encore au sol, quelques soldats en permission
s’amusaient comme des gamins, assis sur leurs boucliers dont ils se servaient
comme des luges, au milieu de joyeux éclats de rire. Les boutiques des cabanae avaient rouvert leurs devantures, et une foule affairée y circulait, entrant et
sortant chargée du ravitaillement qu’on avait épuisé durant ces éprouvantes
journées de claustration forcée.
    Je ne voyais vraiment pas de quelles provisions je pourrais
avoir besoin pour le voyage. J’avais déjà acheté et acquis plus ou moins
fortuitement plus de trésors que les gens n’en amassent en une vie : un
cheval splendide, sellé et bridé, une épée avec son fourreau, une flasque de
militaire, plus tout ce que j’avais acheté à Vesontio. Mais je me voyais mal
partir avec de l’argent dans les solitudes sauvages, où il ne me serait
d’aucune utilité, et j’avais de quoi acheter à peu près tout ce qu’on trouvait
en vente à Basilea… excepté les charismatiques du Syrien à dix solidi. Je
n’avais pas la moindre intention de m’en acheter un, mais la pensée de ces
créatures pathétiquement asexuées me fit penser à autre chose, moi qui étais la
parfaite antithèse de l’asexuation.
    Je possédais déjà les rudiments du costume féminin (une robe
et un foulard) au cas où je trouverais avantageux, un jour ou quelque part,
d’être pour tout un chacun une femme. Mais il me manquait la touche finale, la
parure, le maquillage. Je marchai donc d’un pas tranquille parmi les cabanae, cherchai d’abord une myropola, et en trouvai une. J’entrai dans la
boutique, et histoire de dissimuler que j’achetais pour moi et de justifier
l’importante somme que je possédais, je me présentai à la vendeuse comme étant
l’un des domestiques envoyé en courses par une femina clarissima. Comme
celle-ci avait de bonnes chances de connaître déjà par cœur toutes les jolies
femmes résidant à Basilea, je lui expliquai que la mienne était sur le point
d’arriver, et qu’en chemin, elle avait perdu sa trousse entière de maquillage.
    — Naturellement, ajoutai-je, ma maîtresse souhaiterait
apparaître à son avantage lorsqu’elle arrivera dans la ville, aussi m’a-t-elle
envoyé en avance acheter des produits de remplacement pour elle, tels que
teintures, lotions, enfin tout ce qui s’ensuit. Cependant, caia myropola, ne
connaissant rien à ces choses, je vous fais confiance pour me fournir tout ce
qu’une femme raffinée pourrait désirer de mieux.
    La jeune femme sourit, plutôt avidement, à l’idée de
l’extravagant bénéfice qui se dessinait, et me répondit :
    — Je vais avoir besoin de la couleur du teint et des
cheveux de votre maîtresse.
    — C’est justement pour cela qu’elle m’a choisi…,
enchaînai-je, car il se trouve que nous avons sensiblement les mêmes.
    — Hm-mm, murmura la myropola la tête légèrement
penchée de côté, me détaillant d’un air très professionnel. Voyons… Je
pencherais pour un fucus [56] pêche rougissante… un creta [57] brun cendré…
    Là-dessus, elle circula dans la boutique d’un air affairé,
attrapant ici une jarre, là une fiole, et bien sûr des pinceaux.
    C’était un coûteux achat, mais je pouvais largement me le
permettre, et je quittai la parfumerie porteur d’un paquet bien enveloppé
d’onguents en pots et de poudres, de liquides en bouteilles et de bâtons de
craie, soit

Weitere Kostenlose Bücher