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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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chaque matin, avant
même le chant du coq, pour la prière des Vigiles. Après quoi (du moins pour la
plupart d’entre nous), nous faisions notre toilette, suivie à l’aube du service
des matines. Une fois avalée la frugale collation de pain et d’eau tenant lieu
de petit déjeuner, nous nous rendions à la première heure du matin à l’office
de la prime. Trois heures plus tard, en milieu de matinée, avait lieu celui de
la tierce. En fin de matinée, à la cinquième heure, nous avions droit à notre
seul repas chaud et copieux de la journée, le prandium, suivi à midi de
l’office de la sexte. Après cela, à moins qu’un travail ne nous soit réclamé,
nous avions droit à la sieste, le repos de la sexta. En milieu
d’après-midi, nous participions à la neuvième heure à la célébration de la
none, et à la tombée du jour aux vêpres ; après quoi tous les
travailleurs, à l’exception des frères s’occupant du bétail, avaient loisir de
se consacrer à leurs occupations personnelles, qu’il s’agisse de lecture, de
raccommodage, de leur toilette ou de je ne sais quoi d’autre. Cependant, à tout
moment de la journée ou presque, si un frère se trouvait temporairement
inoccupé, on pouvait le trouver à genoux marmottant pour lui-même en silence,
dans un muet mouvement de lèvres, d’imperceptibles dévotions, prélevant des
cailloux sur une pile pour les envoyer sur une autre – petits pour les Avé, plus gros pour les Notre Père et les Gloria  – afin
d’atteindre le nombre quotidien de prières imposées, chacune ponctuée d’un
signe de croix hâtivement tracé sur le front.
    À côté de ces offices journaliers, nous devions chaque
semaine avoir chanté les cent cinquante psaumes, plus les cantiques affectés à
cette période. Les moines cultivés devaient lire deux heures par jour, et même
trois durant le Carême. Venaient bien entendu s’y greffer tout au long de
l’année les messes dominicales en commun, celles des diverses fêtes
religieuses, celles du baptême pascal et d’autres encore, assez fréquentes,
célébrant mariages ou décès. Soixante jours par an, nous jeûnions. En tant
qu’oblat et postulant, je devais ajouter à ces nombreuses obligations des
moments d’instruction religieuse, ainsi que d’éducation séculière.
    Tout cela était fort profitable. Dès mes premières années,
je pris ainsi l’habitude de travailler dur et d’étudier avec le plus grand
sérieux, et l’on ne me laissa que rarement l’occasion de fureter au-delà des
falaises rocheuses qui enserrent le Cirque de Baume. N’ayant pas expérimenté
d’autre vie que celle-là, j’aurais pu m’en satisfaire à jamais, et n’en
connaître aucune autre. Je me suis parfois reproché plus tard, lorsque le vin
ou l’amour m’avaient adouci l’âme, d’avoir aussi durement agi à l’égard de
Frère Pierre. Sans ce misérable en effet, je serais resté enfermé entre quatre
murs, dans quelque cloître ou chapelle du monastère Saint-Damien, et le secret
de ma nature aurait continué d’en être un y compris pour moi, caché sous la
bure d’un moine, d’un acolyte, d’un diacre, d’un prêtre, d’un abbé, voire d’un
évêque.
    J’avais en effet acquis dans le domaine des Saintes
Écritures catholiques, de la doctrine, des canons de l’Église et de sa
liturgie, des connaissances plus étendues que la plupart des postulants de mon
niveau. Tout cela parce que Dom Clément, dès son arrivée au poste d’abbé de
Saint-Damien, avait pris un intérêt particulier à mon instruction, s’impliquant
personnellement dans celle-ci. Comme tout le monde, il me pensait de souche
gothe, et à l’évidence persuadé que cette ascendance avait dû, dès ma
naissance, imprimer en moi les croyances de ces ignares de Goths –
entendez par là leurs mauvaises croyances, ou leur incroyance. Il avait tenu à
prendre sur son temps pour expurger avec soin ces scories de mon esprit, afin
d’y substituer les fermes et sains principes du catholicisme.
    Sur l’Église : « C’est notre Mère, aux enfants
innombrables. C’est d’elle que nous sommes nés, son lait nous a nourris, son
esprit nous a donné vie. Parler de toute autre femme qu’elle serait
indécent. »
    Sur les autres femmes : « Si d’aventure un moine
était amené à faire traverser un ruisseau y compris à sa propre mère ou sœur,
il aura soin de l’envelopper soigneusement au préalable d’un manteau ou

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