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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’une
cape, car le simple toucher de la peau d’une femme brûle comme le feu. »
    Me concernant : « Comme un homme blessé, jeune
Thorn, ta vie a été sauvée par le sacrement du baptême. Mais tu vivras le
restant de tes jours dans une longue et précaire convalescence. Ce n’est qu’en
mourant entre les bras de notre Mère l’Église que tu accéderas à la guérison
définitive. »
    Et chaque fois que l’abbé venait s’asseoir près de moi, il
s’arrangeait pour me susurrer, un brin de dégoût dans la voix, quelque chose du
genre : « Les Goths, mon fils, sont des étrangers… Des hommes aux
noms de loup et aux âmes de loup… Tout être intègre doit les fuir et les
exécrer. »
    — Mais Nonnus Clément, lui répondis-je alors,
c’est à des étrangers que notre Seigneur Jésus s’est d’abord révélé, après sa
glorieuse nativité… N’était-il pas un enfant de Galilée, alors que les Rois
Mages arrivaient de la lointaine Perse ?
    — Euh, eh bien…, bredouilla l’abbé, il y a étrangers et
étrangers. Les Goths, eux, sont des étrangers barbares. Des sauvages. Des
bêtes. Et comme l’indique à l’évidence le nom de leur tribu, les Goths sont les
terribles Gog et Magog, ces forces malfaisantes dont la venue a été annoncée de
la manière la plus inquiétante dans les Livres d’Ézéchiel et de l’Apocalypse.
    — Dans ce cas, dis-je songeur, les Goths sont des êtres
aussi détestables que les païens. Ou même que les Juifs.
    —  Ne, ne, Thorn. Les Goths sont encore bien plus
répréhensibles, car ce sont des hérétiques… des Ariens. Un Arien est quelqu’un
à qui on a montré la lumière divine, et qui a préféré une dégoûtante hérésie à
la foi catholique. Saint Ambroise l’a affirmé, ces hérétiques sont encore plus
blasphématoires que l’Antéchrist, plus même que le Diable en personne. Akh, Thorn,
mon fils, si les Ostrogoths et les Wisigoths n’étaient que des étrangers, et
seulement des sauvages, on pourrait encore les tolérer… mais en tant qu’Ariens,
ils doivent être haïs.
    Pas plus Dom Clément que qui que ce soit d’autre n’aurait
alors pu prévoir que durant le temps de ma propre vie, le monde qui nous
entourait serait dirigé par le premier chef depuis Constantin universellement
proclamé « le Grand », qu’il serait le premier depuis Alexandre à
mériter un tel titre, et que moi, Thorn, je me tiendrais à ce moment-là à ses
côtés.

 
3
    Ce que je reçus d’éducation profane à Saint-Damien me fut
inculqué dès mes plus jeunes années par un moine gépide, Frère Méthode, qui
s’exprimait dans la Vieille Langue. Comme tous les jeunes gens, je ne me privais
pas de lui poser les questions les plus folles, et le moine devait faire appel
à beaucoup de patience pour répondre à toutes mes requêtes.
    « Tout est possible à Dieu », était-il en train de
me réciter en gotique : Allata áuk mahteigs ist fram Gutha. Je
l’interrompis alors :
    — Si tout est possible à Dieu, Frère Méthode, et s’il
fait tout pour le bien de l’humanité, alors pourquoi a-t-il laissé subsister
les punaises, niu ?
    —  Hum, eh bien… Un philosophe a naguère émis
l’hypothèse que Dieu avait créé les punaises pour nous empêcher de trop dormir.
(Il haussa les épaules.) Peut-être Dieu avait-il décidé à l’origine que les
punaises ne tourmenteraient que les païens, et…
    Je l’interrompis à nouveau :
    — Pourquoi les incroyants sont-ils appelés des païens,
Frère Méthode ? Frère Hilarion, qui m’apprend à parler correctement le
latin, dit que le mot paganus ne désigne rien d’autre qu’un simple
campagnard.
    — C’est exact, concéda le moine dans un soupir, et il
prit une profonde inspiration. La campagne est pour notre Mère l’Église plus
difficile à débarrasser de ses croyances néfastes que les villes, aussi la
Vieille Religion a-t-elle persisté plus longtemps parmi les gens des campagnes.
D’où il s’ensuit que le mot « païen », désignant un vulgaire paysan,
en est venu à incarner celui qui est encore englué dans l’ignorance et la
superstition. Ces bouseux sont aussi le plus souvent coupables d’hérésie, et…
    Je le coupai derechef :
    — Frère Hilarion dit que le mot haeresis signifie simplement « choix ».
    —  Akh ! grogna le moine, grinçant
légèrement des dents. Eh bien, maintenant, c’est devenu un choix démoniaque, tu
peux m’en croire. Un

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