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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Supérieure. Je rétablirai le paiement de la consueta dona annuelle. Je restituerai de surcroît à Théodoric le titre
que son père s’était vu accorder sous le règne de Léon l’Ancien, celui de magister
militum praesentalis, commandant en chef de toutes les forces frontalières
de l’Empire d’Orient.
    La princesse rosit de contentement et murmura :
    — Ceci est d’une grande délicatesse de votre part, Sebastós.
    —  Je vais faire envoyer un autre grammateús à votre xenodokheíon, afin que vous lui dictiez l’acte de cession de
Singidunum. Après quoi, dès que nous aurons dûment apposé nos signatures et nos
sceaux sur ces documents, je souhaiterais que vous preniez immédiatement vos
dispositions pour faire porter en toute hâte ce pactum à Théodoric, à
Singidunum. Je répugne à me séparer aussi abruptement d’invités tels que vous,
mais je veux croire que vous me ferez tous deux le plaisir d’une prochaine
visite en compagnie de votre honoré Magister Militum Théodoric, dès que
vous disposerez du temps nécessaire pour jouir des charmes de notre cité
impériale.
     
    *
     
    Amalamena parvint à contenir sa jubilation féminine jusqu’à
ce que nous chevauchions de nouveau côte à côte, suivis de notre escorte de
gardes et de musiciens nous raccompagnant à notre palais d’invités. Elle laissa
alors éclater un rire bien plus musical que tous les sons qui nous
environnaient, pour s’exclamer :
    — Vous avez réussi, Thorn ! Vous avez obtenu de
l’empereur tout ce qu’avait demandé Théodoric, et plus encore !
    —  Ne, ne, Princesse, l’honneur ne m’en revient
pas. Aristote a eu raison, c’est votre beauté qui a fait plier ce vieux
soldat bourru et grognon. Et pas seulement votre beauté, mais aussi votre
irrésistible séduction, Amalamena. Vous êtes une vraie Cléopâtre, une seconde
Hélène.
    Son rougissement de plaisir la rendit plus radieuse encore,
pendant que je regrettais aussitôt, pour ma part, de l’avoir comparée à ces
deux reines, toutes deux ayant, selon Plutarque et Pausanias, prématurément
disparu dans le discrédit. Mais au moins, songeai-je, elles avaient accompli au
cours de leur existence des faits dignes d’être remémorés sur leur tombe… ce
qu’Amalamena venait de réaliser à son tour.
    — Je vous remercie, Thorn, de m’associer aussi
galamment à ce succès. Mais le plus important est que Zénon ait bel et bien
accepté.
    — Il a donné son accord, ja. Attendons de voir
s’il le respecte.
    — Comment donc ? Vous douteriez de la parole d’un
empereur ?
    — C’est un Isaurien, et un Isaurien est un Grec.
Avez-vous lu Virgile, Princesse ? «  Quiquid id est, timeo Danaos … » [145]
    — D’accord… mais Zénon est en train de tout mettre par
écrit. Pourquoi ne lui accorderiez-vous pas toute votre confiance ?
    — Pour trois raisons. La première est le dernier regard
qu’il a lancé à Recitach. Et ce regard n’avait rien à voir avec une injonction
voulant plus ou moins dire « tais-toi ! ». J’y ai plutôt lu pour
ma part un conseil équivalant à « laisse-moi faire ! ». Recitach
aurait évidemment dû, nonobstant cette tacite collusion, continuer à protester
violemment, pour sauver les apparences… Vous rendez-vous compte que Zénon nous
a alloué tout ce à quoi prétendait son père, l’or qui lui revenait, et jusqu’à
son commandement militaire ? Mais ce goujon de Recitach a été trop stupide
pour cela. Ensuite, bien que Zénon ait accordé à votre frère différents titres
ronflants, il ne l’a jamais qualifié de « roi des Ostrogoths ». Il
réserve à l’évidence cet honneur à Théodoric Strabo.
    — Maintenant que j’y repense, ja , vous avez
raison.
    Cette pensée tempéra nettement l’enthousiasme d’Amalamena.
    — Cependant… s’il nous confie le pactum… s’il
envoie l’or…
    — Si je détenais en ce moment cet or, Princesse, je
parierais jusqu’au dernier nummus que le phare situé derrière
nous – et vous l’aurez remarqué, je ne me suis pas retourné depuis que
nous avons quitté le palais – est déjà en train d’envoyer de petits nuages
de fumée pour mettre chacun au courant de ce qui vient de se passer.
    Elle pivota sur sa selle… et poussa un violent gémissement.
M’étant également retourné, je constatai que la fumée du phare s’élevait
toujours en une calme colonne, à peine effilochée par la brise légère. Mais

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