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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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en soit
ainsi ?
    — Thorn, ma sœur, entreprit-elle avec patience. Les
seins, avec un joli visage et une chevelure luxuriante, constituent chez une
femme les traits les plus attractifs. Regarde les miens. Ne sont-ils pas beaux, niu ?
    —  Aucun doute là-dessus, sœurette. Mais hormis
qu’ils constituent des jouets fort agréables, à quoi peuvent-ils donc
servir ?
    — Oh, à rien, c’est vrai… pour une nonne. Mais pour
n’importe quelle autre femme, ils ont la même fonction que les mamelles d’une
vache. C’est grâce à eux que la mère va pouvoir allaiter ses enfants.
    — J’ai souvent sucé tes seins, Sœur Deidamia. Je n’ai
jamais eu de lait.
    — Oh, vái ! Ne sois pas sacrilège ! Tu
sais bien que je suis vierge. Et de toutes celles qui n’ont jamais existé, la
seule à avoir produit du vrai lait, c’est la Vierge Marie.
    — Ah ! Voilà pourquoi l’on prétend qu’elle aurait
éparpillé son lait, créant ainsi la Voie lactée qui tapisse la voûte nocturne.
Je n’avais jamais pensé que c’était du lait provenant de ses seins…
    — Et ce n’est pas tout, confia Deidamia, baissant la
voix. C’est grâce au lait de Marie, qu’Aethera est devenue la Mère supérieure
du couvent.
    — Quoi ?
    — Grâce à notre abbesse, Sainte-Pélagie détient une relique
véritable, et reconnue.
    — La belle affaire ! Quelle abbaye n’en a
pas ? Saint-Damien possède bien un orteil du martyr du même nom. Et un
morceau de la Vraie Croix, de surcroît, ramené de la Terre sainte par Hélène la
bienheureuse.
    —  Akh ! Des morceaux de la Vraie Croix,
tout comme de vrais clous, il y en a un peu partout dans la Chrétienté. Ce qu’a
ramené à Sainte-Pélagie Mère Aethera est autrement plus rare. Elle possède une
fiole de cristal contenant une goutte, mais une seule, du lait authentique de
la Vierge Marie.
    — Vraiment ? Et où se trouve-t-elle ? Je ne
l’ai jamais vue. Comment a-t-elle pu se la procurer, d’abord ?
    — Tu penses bien que je l’ignore. Peut-être un pèlerin
la lui a-t-il offerte, ou bien l’a-t-elle récupérée lors d’un pèlerinage effectué
par elle-même. Mais elle la conserve attachée par une lanière autour de son
cou, nichée en sécurité sur sa propre poitrine. Elle ne la montre qu’aux
novices les plus âgées d’entre nous, celles ayant les seins déjà formés, et
seulement à Noël, lorsqu’elle nous enseigne l’histoire de la Nativité.
     
    *
     
    En échange de la confidence que venait de me faire Deidamia,
je lui en fis une, à mon tour. Je lui présentai mon juika-bloth, et lui
expliquai comment je l’entraînais en secret.
    — Le nom que tu lui donnes signifie « je combats
jusqu’au sang », fit remarquer Deidamia. Et tu lui enseignes à attaquer un
œuf ?
    — Sa proie naturelle est le serpent ; dès qu’il en
voit un, il fond sur lui sans hésiter. Mais il se délecte également des œufs de
ces reptiles. Il n’a bien sûr pas besoin de les attaquer en force, puisqu’ils
gisent au sol sans défense, et ne peuvent s’enfuir.
    — Mais celui que tu tiens n’est pas celui d’un
serpent ! C’est un banal œuf de poule. Il est bien plus gros, et ne lui
ressemble donc en rien.
    — Ma chère Deidamia, j’ai mieux à faire que de dénicher
de véritables œufs de serpent ! Je travaille avec ce que je trouve. Je
vais enduire celui-ci d’un peu de saindoux pour qu’il luise comme un véritable
œuf de serpent, un peu gélatineux d’aspect. Et je le poserai dans cette sorte
de nid confectionné par mes soins avec de la mousse rouge.
    — D’accord, mais il demeure beaucoup trop gros.
    — Il n’en sera que plus visible pour mon juika-bloth. Comme je te l’ai dit, je l’entraîne à attaquer cet œuf ; je veux qu’il
plonge du haut du ciel, et le déchire à l’aide de son bec et de ses serres.
D’habitude, cet oiseau se contente de se poser près de l’endroit où gît l’œuf, et
de lui donner quelques coups de bec pour l’ouvrir.
    — Intéressant, fit Deidamia, sans paraître le moins du
monde intéressée. Tu t’ingénies donc à dresser un oiseau à agir contre sa
propre nature !
    — Oui, c’est du moins ce que j’espère. Voyons un peu ce
qu’il a appris.
    J’ôtai le capuchon couvrant la tête de l’aigle et le lançai
dans les airs, où il s’éleva en larges spirales, loin au-dessus de nous. Je
disposai alors mon nid de mousse rouge sur le sol, et le garnis de ma

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