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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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brillante
imitation d’un œuf de serpent. Je le pointai du doigt, et criai à
l’oiseau : «  Sláit ! » Il plana encore quelques
instants, le temps de focaliser son regard sur sa proie, puis replia ses ailes,
et fondit vers le sol telle une lance. Bec et serres en avant, il frappa l’œuf
avec une telle violence qu’il le désintégra presque, projetant tout autour de
petits éclats jaunes plus ou moins gélatineux et des débris de coquille. Je
laissai l’oiseau picorer la pâtée gluante éparse sur le sol, puis
appelai : «  Juika-bloth ! » , et il revint promptement
se percher sur mon épaule.
    — Impressionnant, concéda Deidamia, pas plus
impressionnée que cela. Mais dis-moi, tout cela m’a furieusement l’air d’un
passe-temps pour garçon. Crois-tu que tout cela convienne vraiment à une jeune
novice ?
    — Je ne vois pas pourquoi les hommes et les jeunes gens
se garderaient les jeux les plus excitants, ne nous laissant que les plus
délicats.
    — Mais c’est que nous le sommes, délicates ! Pour
ma part, je préfère laisser aux hommes ce genre d’occupations exténuantes.
    Elle bâilla alors avec un ennui consommé, avant de me
sourire d’un air espiègle.
    — Allez va, tu peux bien continuer de jouer à ce que tu
veux, petite sœur… Je n’y vois strictement aucun inconvénient !
    En revanche, la sinistre Sœur Aethera, dignement épaulée par
cette revêche bique cancanière de Sœur Elissa, eut de quoi trouver à ma
conduite de sérieux inconvénients puisque, comme je l’ai relaté, elles
tombèrent un jour toutes deux sur Deidamia et moi, nous prenant en flagrant
délit.
    L’abbesse en furie ne me soumit point, comme avait pu le
faire Dom Clément, à un interrogatoire empreint de compassion ; elle ne
m’accorda pas non plus l’absolution, et n’attendit même pas le lendemain pour
me traîner de Sainte-Pélagie jusqu’à Saint-Damien. Je ne peux que lui exprimer
ma reconnaissance d’avoir procédé à mon exclusion le jour même, car il est
certain que si Mère Aethera avait pris le temps de peser consciencieusement la
gravité de mon crime, elle aurait alors certainement trouvé approprié de
dérouler son terrible nerf de bœuf, et les coups ainsi délivrés auraient fort
bien pu me tuer. Je n’en étais pas moins triste qu’elle ait pu ainsi me
chasser. Sœur Deidamia avait été transportée jusqu’à sa cellule toujours
évanouie, aussi n’eus-je même pas la possibilité de la revoir une dernière
fois, pour implorer son pardon et lui dire adieu.
     
    *
     
    J’ai déjà également raconté comment Dom Clément, avant qu’il
ne me congédie définitivement du Balsan Hrinkhen, m’avait informé ce
même jour du genre de créature perverse et paradoxale que j’étais en réalité.
Mais je me suis très peu étendu sur cette déconcertante révélation. Le fait est
qu’avant même que Dom Clément ne me convoquât dans ses quartiers pour ce qui
devait être notre ultime conversation, il était allé s’absorber un long moment
au chartularium, enfoui dans l’étude des archives de l’abbaye.
    — Thorn, mon enfant…, entama-t-il, d’un air sans doute
aussi lugubre que le mien. Comme tu le sais, l’abbé et l’infirmier qui t’ont
examiné pour la première fois, quand ils t’ont trouvé abandonné au seuil du
monastère, étaient tous deux décédés lorsque je suis entré en fonctions ici. Et
ni moi ni Frère Hormisdas, qui a succédé au précédent infirmier, n’avons jamais
eu la moindre raison de t’examiner à nouveau. Mais j’ai retrouvé dans les archives
un rapport dans lequel ce prédécesseur – un certain Chrysogène –
explique ce qu’il a découvert lorsqu’il t’a démailloté pour la première fois.
J’aurais évidemment dû songer à le rechercher plus tôt ; mais il est rare
qu’on établisse un rapport à l’arrivée d’un nouvel oblat, et plus rare encore
qu’un tel document soit conservé dans nos archives. Il va de soi que si
celui-ci l’a été, c’est justement dû à l’exception particulière que constitue
ton cas. Et le compte-rendu de Chrysogène ne se limite pas à te décrire tel
qu’il t’a trouvé, mais précise en outre ce que ce bon frère t’a fait, en sa
qualité de médecin.
    — On m’a fait quelque chose ? demandai-je, presque
agressif. Voulez-vous me dire que c’est ce Chrysogène qui m’a fait tel
que je suis, niu ?
    — Ne, ne, Thorn. Un mannamavi, un
androgyne, si tu

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