Thorn le prédateur
dans sa
cellule, je me glissais hors de la mienne, escaladais les murs d’enceinte et
m’enfuyais de l’abbaye.
Hormis le désir de m’affranchir de l’austère discipline du
couvent et de prendre un bon bain dans les folles eaux des cascades, ce qui me
poussait ainsi vers l’extérieur dès que je le pouvais, c’était l’envie de
m’occuper de mon juika-bloth et de poursuivre son dressage.
J’avais désormais acquis, à Sainte-Pélagie, le statut de
« la fille chargée de toutes les tâches d’extérieur salissantes ».
Aussi, je profitai de la première occasion pour m’éclipser à la faveur de la
nuit, et filant à travers le Balsan Hrinkhen jusqu’à Saint-Damien, je
montai discrètement au pigeonnier pour y délivrer mon oiseau, et rentrai au
couvent avec la même prestesse. Durant une partie du trajet, le juika-bloth sembla apprécier d’être transporté sur mon épaule, bien que légèrement secoué
par le rythme de mon allure. Tout le restant du chemin, il voleta devant moi,
comme pour encourager ma course à perdre haleine. Rentrée à la basse-cour du
couvent, je cachai l’aigle de sang dans le grenier à foin de l’étable,
l’installai confortablement dans une cage en osier tressée par mes soins, et
lui offris, afin qu’il se sentît chez lui, un copieux repas de souris vivantes,
capturées et conservées à cet effet.
Dès lors, je m’arrangeai pour que la présence de l’oiseau à
Sainte-Pélagie restât ignorée de tous, tout en lui assurant de façon régulière
la nourriture et la boisson nécessaires, ainsi que, généralement la nuit, la
possibilité de voler librement. De temps à autre, il arrivait qu’un serpent de
lait se glissât à la dérobée dans l’étable dans l’espoir de se désaltérer d’un
seau de lait abandonné. Je l’attrapais et le gardais captif jusqu’à ce que
l’occasion me fut donnée d’entraîner mon juika-bloth à plonger à mon
ordre sur cette proie, aussitôt que je lui criais : « Sláit ! » Dès que je fus rassurée quant à sa totale obéissance, et que j’eus vérifié
qu’il n’avait rien oublié de ce que je lui avais enseigné, j’entrepris de lui
inculquer un nouveau tour que j’avais imaginé.
Mais c’est à peu près à cette époque que, dans les effluves
d’une belle journée d’automne, je tressaillis soudainement sous la caresse
intime d’une petite main féminine, et que je pus entendre une douce voix
gémir : « Ooh-oooh… » C’est à cet instant que Sœur Deidamia fit
irruption dans ma vie.
7
J’ai déjà conté ma première rencontre avec Deidamia à
Sainte-Pélagie, ainsi que la dernière. Il y en eut bien d’autres entre deux,
durant lesquelles, je l’ai dit, nous nous enseignâmes mutuellement un grand
nombre de choses. Du fait que Deidamia ne cessait de se lamenter de ne pas être
une femme « entière et bien développée », ayant constaté que le
« petit bouton » situé entre ses jambes ne produisait pas de liquide
à l’instar du mien, j’étais sans cesse en train d’essayer de la consoler,
quitte à tenter de remédier à ce manque qui la taraudait tant.
Dans cette intention, j’avançai un jour, circonspecte :
— J’ai un jour entendu un homme… parlant de son, euh,
de son objet… dire que sa taille pouvait être allongée, bien que le sien fut
déjà respectable.
— Tu en es vraiment sûre ? s’exclama Deidamia,
pleine d’espoir. Et tu crois que mon bouton pourrait en bénéficier, lui
aussi ? Comment cet homme disait-il s’y prendre, pour cela ?
— Eh bien… dans son cas… il suffisait qu’une femme le prît
dans sa bouche de temps en temps, et euh… le masse vigoureusement, des lèvres
et de la langue.
— Et ça le faisait grandir ?
— À ce qu’il prétendait.
— Il a vraiment dit qu’il avait grandi ?
— Désolée, sœurette, mais je ne connais rien des
détails de la chose.
J’étais surtout décidée à demeurer très prudente en
l’occurrence, afin que Deidamia ne puisse deviner que loin d’avoir seulement
entendu parler de cette pratique, je l’avais moi-même expérimentée. J’étais
sûre, au souvenir du dégoût que cela m’avait toujours inspiré, de l’en écœurer
aussitôt à son tour.
Elle avança d’une voix timide, mais les yeux brillants de
convoitise :
— Penses-tu que… ?
— Pourquoi pas ? Cela ne coûte rien d’essayer.
— Et ça ne te dérangerait pas de… faire toi-même
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