Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
infestent désormais les Hrau Albos sont d’aussi piètres
débutants que toi.
    — Vous y reviendrez donc, après vous être rendu à
Basilea ?
    — Pas forcément dans le coin où nous sommes, mais ja, je ne resterai à la garnison que le temps nécessaire pour y négocier mes
fourrures, et m’approvisionner en vivres frais. Les villes ne sont pas faites
pour moi, pas plus que moi pour elles. Je partirai alors vers l’est, en
direction du grand lac Brigantinus [30] , car au printemps, quand la douceur
fait fondre la glace des cours d’eau qui l’entourent, les premiers castors
sortent de leurs terriers, et leur peau est alors de premier choix.
    Je réfléchis. Ce vieil homme semblait mépriser ses
semblables, c’était patent. Il était fruste de manières, parlait comme un
charretier et blasphémait sans relâche, n’épargnant aucune religion. Si
j’envisageais de séjourner un certain temps avec lui, je subirais
inévitablement son influence et serais irrémédiablement damné. De plus, je ne
pouvais espérer le moindre traitement de faveur de la part de ce vieux brigand.
Pourtant, il maîtrisait à fond la magie des forêts. Et s’il avait dit vrai au
sujet des dangers potentiels…
    J’entamai, hésitant :
    —  Fráuja, comme nous allons tous deux dans la
même direction… ne pourrions-nous voyager ensemble… afin que vous m’appreniez
un peu de votre science des bois ?
    Ce fut son tour de réfléchir. Il me toisa un long moment
avant de lâcher :
    —  Akh, tu vas peut-être me servir à quelque
chose, après tout. Peux-tu porter ce gros ballot de fourrures, là-bas ?
    Pauvre vieille brute, songeai-je ; il n’est sans doute
pas aussi robuste qu’il voudrait le faire croire. Une fois en route, il doit
chanceler et trébucher à chaque pas, et grognon comme il est, il ne va pas
arrêter de se plaindre. Je ferais peut-être mieux d’y aller sans lui et de me
débrouiller seul, je n’en cheminerais que plus vite. Pourtant, je
répondis :
    —  Ja, je crois que je peux le faire.
    — Alors c’est entendu. À présent, assez parlé pour ce
soir. Et ici, gamin, tu pourras dormir plus au chaud que les nuits précédentes.
    Il préleva une de ses fourrures et me la lança.
    Quand il s’allongea auprès des restes d’un feu désormais
rougeoyant, il sortit de quelque part une écuelle de cuivre, dans laquelle il
devait avoir l’habitude de manger et de boire. Puis il attrapa un galet,
l’enserra dans son poing et fit en sorte de s’endormir en gardant la main
suspendue au-dessus du plat métallique. Je fus sur le point de lui en demander
la raison, mais je la devinai seul. Si le moindre bruit le faisait sursauter
pendant la nuit, la main se détendrait, laisserait choir le galet dans
l’écuelle, et le bruit métallique l’éveillerait aussitôt. Cela étant, il
m’avait maintenant à ses côtés, s’il fallait repousser je ne sais quel assaillant.
    Tout en m’enroulant avec force remerciements dans la
fourrure qu’il m’avait prêtée, je demandai :
    —  Fráuja, si nous devons être compagnons pour un
temps, comment dois-je vous appeler ?
    Il n’avait jamais spécifié clairement s’il était Alaman ou
pas, ni s’il était issu de quelque autre nation. De mon côté, je n’avais pu
identifier son accent. Son nom ne m’en apprit guère plus sur ses origines, bien
qu’il sonnât un peu comme une variante de l’ancien dieu Wotan [31] .
    — On m’appelle Wyrd [32] , le Traqueur
des Bois.
    Un moment après, il dormait à poings fermés, d’une
respiration lente et profonde, sans le moindre ronflement susceptible d’être
entendu par un prédateur, qu’il fut rapace ou Hun en maraude de nuit.

 
11
    Nous nous éveillâmes aux premières lueurs du jour, lueurs
d’un ciel couvert, mais non plus neigeux. Mon juika-bloth s’éleva à la
recherche de son déjeuner matinal, tandis que Wyrd et moi pissions chacun derrière
un arbre. Je le fis ostensiblement à la manière d’un garçon, mais il ne sembla
ni le remarquer, ni même y prêter attention. Après quoi nous allâmes au
ruisseau nous rafraîchir le visage dans une eau d’un froid presque douloureux.
    — Je vous remercie encore, fráuja, de m’avoir
prêté cette fourrure pour la nuit. J’ai pu dormir comme…
    — La ferme, grogna-t-il, plus ronchon que jamais. Tant
que je n’ai pas mangé, ma bonne humeur légendaire se fait attendre. Avant, je
ne suis pas disposé à jacasser. Viens, j’ai

Weitere Kostenlose Bücher