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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Ainsi
trouveras-tu sans peine ta direction.
    — J’ai beaucoup à apprendre, fis-je dans un soupir.
    — Si tu veux devenir un véritable homme des bois et un
chasseur, ja.
    —  Mais vous fráuja, vous l’êtes déjà,
n’est-ce pas ? Vous avez dit vivre depuis longtemps dans ces forêts.
Qu’est-ce qui vous pousse vers la ville ?
    — J’ai peut-être les branches un peu emmêlées,
lâcha-t-il avec humeur, mais je ne suis encore ni sénile, ni fou. Je ne chasse
ni par habitude ni par pure fantaisie, crois-le bien, et encore moins pour
satisfaire un morbide goût du sang ou juste pour me nourrir. Si je chasse,
c’est pour trouver des peaux, des fourrures. Celles que tu vois ici par
exemple, sont des peaux d’ours.
    Il m’indiqua un ballot sombre ficelé d’une lanière de cuir
que je n’avais pas encore remarqué, soigneusement calé dans la fourche d’un
arbre.
    — Je les vends aux colons romains de Bâle, et d’autres
endroits dont les occupants sont trop timorés ou décadents pour s’aventurer
hors des murs et aller les chercher. Iésus , pas étonnant que l’Empire
soit tombé dans un tel état. Sais-tu, galopin, que la plupart des insipides
Romains d’aujourd’hui sont devenus si précieux et raffinés qu’ils ne dînent
plus, désormais, que de poisson et de volaille ? Ils laissent la bonne
viande rouge aux travailleurs, aux paysans et à nous autres, les étrangers non
civilisés.
    — Je l’ignorais. Mais je suis heureux d’être un Goth
non civilisé, si cela m’autorise à manger ces viandes méprisées par ces parangons
de délicatesse. Et vous fráuja, faites-vous partie de ces étrangers
qu’on nomme les Alamans ?
    Il ne répondit pas directement, mais m’expliqua :
    — Voilà plusieurs années que les Alamans ont délaissé
ces montagnes. Ils ont fini par limiter leurs pérégrinations aux terres de
moindre altitude situées entre le Rhenus [28] et le
Danuvius [29] . Comme je te l’ai dit, ces forêts élevées où nous
nous trouvons sont hantées par des étrangers plutôt malfaisants.
    — S’il ne s’agit point d’Alamans, qui sont-ils
donc ?
    —  Akh, les Alamans sont des nomades au sang
chaud, certes vifs au combat, mais qui ont des lois et s’y soumettent. Moi,
garnement, ce sont des Huns dont je te parle. Des traînards isolés, des
déserteurs, des proscrits et des réprouvés, la lie de cette sale engeance,
restée en arrière alors que les autres regagnaient l’enfer d’où ils sont venus.
    — La Sarmatie, je crois.
    — Possible, grogna-t-il. On raconte qu’il y a
longtemps, vivaient parmi les Goths certaines femmes haliuruns si viles
et bassement méprisables qu’elles furent bannies de leurs propres tribus. Et
ces sorcières errantes, au cours de leur exil, rencontrèrent des démons des
solitudes et s’accouplèrent avec eux, donnant naissance à ces Huns. Par les
dix-sept mamelles de Diane l’Éphésienne, je veux bien croire à cette
histoire ! Seul un mélange du sang noir de sorcières avec celui des démons
peut expliquer l’abominable férocité des Huns. Même si la plupart sont partis,
ceux qui restent se sont organisés en bandes, avec femmes et rejetons (soit de
leur race pourrie, soit enlevés à d’autres nations), et ces mégères et leurs
morpions, laisse-moi te le dire, sont aussi vicieux que leurs congénères
masculins. Ces meutes hantent les forêts des Hrau Albos, lançant de
brutales razzias sur les villages des basses vallées avant de venir se retirer
dans ces bois. Aucun légat de garnison romaine ne serait assez fou pour lancer
à leurs trousses une légion. Les légionnaires sont en effet habitués à
combattre en terrain découvert ; ils se feraient massacrer ici. Les
Alamans natifs de cette région, quant à eux, sont de fiers combattants, mais ne
sont pas pour autant candidats au suicide. Aussi, plutôt que d’avoir à
supporter la présence de ces terribles Huns, ils ont préféré abandonner ces
hauteurs qui leur appartenaient naguère.
    — Mais vous, vous y êtes resté, fráuja. Seriez-vous
donc insensible à la peur qu’inspirent universellement les Huns ?
    Il renifla avec mépris.
    — J’avais cinquante ans quand le Khan Etzel, surnommé
Attila, est mort. Et avant qu’il ne meure, j’avais arpenté durant trente-cinq
ans diverses forêts. Depuis sa disparition, ce sont ces bois-ci que je
parcours. Je les connais mieux que n’importe quel Hun. Comparés à moi, ces
charognards qui

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