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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vu un comme le vôtre. Il ressemble davantage à
cette rune un peu torturée que l’on appelle sauil.
    —  Oui, car chacune de ses extrémités s’incurve
d’abord dans un sens, puis dans l’autre.
    Il poursuivit avec fierté :
    — Regarde, gamin. Là où un arc ordinaire n’est fait que
de bois, et n’a que l’élasticité et la résistance de cette matière lorsqu’on la
plie ou qu’on la tend, cet arc de guerre n’utilise le bois que comme composante
de base.
    Il en flatta légèrement les courbes extérieures.
    — Vois, son dos, ici…
    — Je dirais plutôt « l’avant », commentai-je.
    — Silence, et regarde. La partie bombée de l’arc, que
l’on appelle le dos, est dédoublée de tendons d’animaux séchés, lesquels
résistent à l’étirement. Côté opposé, la partie creuse que tu vois ici, son
ventre, est renforcée de corne, substance rebelle à la compression. À la force
naturelle qui pousse le bois plié à retrouver sa forme initiale s’ajoutent donc
conjointement la puissance de la corne qui contribue à le tendre, et
l’élasticité des tendons qui maintiennent sa courbure. Avec une telle puissance
concentrée, cet arc pourrait à soixante pas transpercer de sa flèche le tronc
d’un jeune sapin de bonne taille, et son efficacité redoutable permettrait
d’abattre à la même distance un oiseau comme celui-ci en plein vol.
    Il pointa du doigt mon juika-bloth en train de
rentrer d’un vol gracieux, cinglant vers nous d’un piqué en glissant à travers
les arbres, puis il ajouta :
    — Même à deux cents pas, cette flèche, si elle touche
un homme, le frappera suffisamment fort pour le tuer. Du moins s’il est vêtu
d’une simple protection de cuir, et non d’une armure de métal articulée.
Crois-moi, gamin, il faut près de cinq ans à un archer pour façonner un objet
tel que celui-ci. D’abord, il lui faut le temps de rechercher chacune de ses
composantes, le bois, la corne, les tendons et sélectionner pour chacune la
meilleure qualité. Il doit ensuite les faire vieillir et les découper aux
dimensions voulues, en respectant entre chaque opération des délais de séchage
convenables. Il s’agit après quoi de procéder à l’assemblage avec soin, ce qui
nécessitera d’en ajuster la taille jusqu’à ce que toutes les proportions soient
idéalement équilibrées. Ce n’est qu’au terme de plusieurs mois d’essais
probatoires qu’il pourra lui apporter enfin les ultimes réglages, afin d’amener
cet arc au stade de la perfection. Tu vois, cela peut prendre cinq ans avant
que l’archer puisse prononcer le mot « fini ». Akh, ja, gamin,
si ce sont les Goths qui fabriquent les meilleures épées et les plus fins
poignards, force est de constater que les plus fantastiques arcs de guerre
confectionnés au monde le sont… par les Huns.
    — Un Hun vous a donné cet arc ? Je croyais
pourtant qu’ils n’étaient pas de vos amis.
    Wyrd manqua de s’étrangler de rire.
    —  Ne, ni allis. Je le lui ai pris.
    — Vous avez pris un arc à un Hun ?
    Il précisa, pince-sans-rire :
    — C’est ça. Mais pas avant de m’être assuré qu’il n’en
aurait plus jamais l’usage.
    — Je vois…, murmurai-je, avec un respect non dissimulé.
Et je suppose, fráuja Wyrd, glissai-je avec précaution pour ne pas
heurter sa susceptibilité, que vous étiez à cette époque légèrement, euh… plus
jeune qu’aujourd’hui ?
    —  Ja, acquiesça-t-il, en apparence nullement
affecté. C’était il y a trois ans. J’avais dû jusqu’alors me débrouiller avec
un arc de chasse ordinaire, comme tu as dû en voir. Bon, nous perdons du temps.
Laisse-moi te charger, ma mule. Cette neige fraîche et profonde ne va pas nous
faciliter la marche. Or, je compte arriver à destination bien avant la nuit.
    Il souleva avec facilité le ballot de fourrures, et tandis
qu’il le fixait sur moi à l’aide de bandes de toile passées derrière mes
épaules, se croisant sur ma poitrine et finissant attachées à ma taille, je
parvins à demander :
    — Destination ? Oouf ! Quelle est notre…
oouf !… destination ?
    — Une certaine grotte de ma connaissance.
    Il leva bien haut son aventurine et scruta le ciel.
    — Par ici. Atgadjats !
    L’ordre signifiait « Fichons le camp ! » et
c’est ce que nous fîmes. Il n’avait dû sortir sa pierre de soleil que pour
m’impressionner, car il se dirigea droit face au vent de nord-est, direction
dans

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