Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
quelques tranches de bacon émincé à
partager.
    — Et moi un peu de saucisse fumée, renchéris-je. Cela
vous donne une soif incroyable, faisons-lui un sort tant que nous avons de
l’eau à volonté.
    Tandis que nous mastiquions notre rude saucisse sèche, je
remarquai :
    — J’ai déjà tenté d’étancher une soif impérieuse avec
de la neige, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi ce n’est pas aussi
efficace que de l’eau. Après tout, la neige n’est que de l’eau qui s’est…
    —  Iésus , grogna Wyrd. Jamais je n’aurais dû te
pousser à parler. Tu n’es qu’une cervelle de moineau, je te le dis. Un homme
peut mourir de soif dans un massif enneigé aussi grand que les Alpes où nous
sommes.
    Je répliquai, un peu irrité à mon tour :
    — Je m’en suis bien rendu compte ! Mais je ne vois
pas pourquoi.
    Il émit un soupir d’exaspération.
    — Concentre-toi, gamin. Je n’explique jamais les choses
deux fois. Dès qu’un homme ou une femme avale de la neige, ça lui glace
tellement la bouche, la gorge et le gosier qu’ils se contractent, et ne peuvent
avaler assez de cette neige pour étancher sa soif. Et s’il voulait la faire
fondre au feu de bois, ramasser le combustible aggraverait encore sa soif.
Préparons-nous à y aller, à présent. Je vais porter nos deux sacs. Descends-moi
ces peaux d’ours, que je les fixe sur ton dos.
    — Pourquoi relancez-vous le feu, demandai-je, puisque
nous partons ?
    — Je ne relance rien du tout, lâcha-t-il, tout en
étalant une branche fraîche sur les braises restantes, et en soufflant sur
celles-ci pour l’enflammer. Quand l’air est vif comme aujourd’hui et que j’ai
du chemin à faire, je prends toujours avec moi une branche rougeoyante, et j’en
conserve la flamme à proximité de ma bouche, histoire d’inhaler de l’air chaud.
Ça aide fort bien à supporter le froid. Je t’ai dit d’aller me chercher ces
peaux.
    J’obtempérai, et me rendis compte que l’endroit où elles
étaient posées était si haut que je dus me munir d’une branche abattue par le
vent afin de déloger de la fourche le ballot, qui tomba à mes pieds dans la
neige. Je me demandai comment Wyrd, qui me dépassait à peine d’un empan, avait
pu faire pour le jucher à cet endroit. Je ne l’imaginais guère en train de
grimper à l’arbre. Quand je soulevai le ballot, je titubai et m’écriai de
nouveau : «  Iésus ! » J’ignorais combien de peaux
d’ours il pouvait contenir, et le poids de chacune d’entre elles, mais elles
étaient si bien compactées qu’ensemble, elles atteignaient au moins la moitié
du mien. Comment diable avait-il déposé ce paquet tout là-haut ? Et
comment allais-je pouvoir traîner ce fardeau sur une distance quelconque ?
Quand je revins, oscillant dangereusement les bras chargés de ces peaux, vers
le feu à présent recouvert de neige, Wyrd affirma, comme s’il avait prévu mes
récriminations :
    — Si un vieux croûton comme moi a pu trimballer ça
jusqu’ici, tu peux le faire aussi. Ça te semblera moins lourd dès que je te
l’aurai mis sur le dos.
    Il avait planté sa branche fumante dans la neige, et déjà
enroulé mes affaires dans la fourrure que j’avais utilisée comme couverture
pour la nuit. Je n’osai rien dire, mais constatai d’un air piteux qu’il n’avait
pas l’intention de m’en revêtir pour la journée de marche, pas plus qu’il
n’avait prévu de branche fumante à mon intention. Comme s’il avait lu de
nouveau en moi, Wyrd assura :
    — Jouer les mules pour moi te tiendra suffisamment
chaud. Tu verras.
    Il entreprit de rouler ses propres possessions dans la
fourrure qui lui avait servi de couche pour la nuit. Il découvrit ainsi à ma
vue deux objets sur lesquels il avait dormi avec soin pour les protéger :
un arc et un carquois muni de nombreuses flèches.
    — Je vous ai entendu invoquer à deux reprises la déesse
païenne Diane chasseresse ; j’aurais dû me douter que vous chassiez à
l’aide d’un arc.
    — Tu croyais peut-être que je tuais les ours et les
élans à mains nues ? répliqua-t-il d’un ton dédaigneux. (Mais sa voix
s’adoucit lorsqu’il ramassa et caressa son arc.) Ja, voici ce que j’ai
de plus beau, le trésor sur lequel je peux toujours compter.
    — Certains hommes, là d’où je viens, possèdent des arcs,
fis-je. Mais les leurs sont plus longs, et simplement incurvés en forme de C
majuscule. Jamais je n’en avais

Weitere Kostenlose Bücher