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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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et quelle constance tu manques les animaux
tranquillement endormis à côté desquels tu passes. Tu ne serais même pas digne
d’embrasser le cul de Diane chasseresse ! Quand j’ai vu que tu allais
définitivement foutre en l’air ma zone de chasse et, parti comme tu l’étais,
réveiller les ours, j’ai décidé de t’attendre et de te laisser me rejoindre.
Qui es-tu, imbécile ?
    Plus piteux encore qu’auparavant, je répondis :
    — Je m’appelle Thorn.
    Il rit, mais pas d’un rire spécialement amusé.
    — Eh ben ! Tu portes bien ton nom. Une sacrée
épine à mon pied [26] , voilà ce que tu es. Tout juste bon à venir
déranger mes affaires, et c’est tout. Que viens-tu donc faire ici, misérable
galopin ? Tu ne chasses que pour te nourrir, apparemment, et de la façon
la plus inepte, encore. Par les cornes de cocu de saint Joseph, ma parole,
sais-tu que tu aurais déjà dû crever mille fois ? Tu es si emprunté en
termes de survie, mon pauvre, qu’on se demande comment tu as su attraper
l’aigle que tu trimballes, niu ? As-tu survécu des serpents qu’il
te laissait partager ? Aurais-tu faim, galapiat ?
    — Et soif aussi, murmurai-je.
    — Il y a derrière ces buissons un petit filet d’eau qui
dégouline par là-bas, s’il te reste la force de briser la glace qui le
recouvre.
    Il continua de discourir tandis que je me désaltérais
longuement, avec avidité et reconnaissance. J’étais quelque peu abasourdi
devant la loquacité de l’individu, ainsi que par sa désinvolte impiété et son
incroyable facilité à proférer les blasphèmes les plus grossiers. Je dois
toutefois admettre qu’il était assez impartial quant aux dieux et autres
vénérables personnages qu’il profanait au fil de ses diatribes.
    — Il y a dans les bois qui nous entourent quantité
d’autres rapaces que l’oiseau que tu te trimballes, sacripant. Et autrement
redoutables, crois-moi. Ils te dépouilleraient de ton sac et de tes bagages, de
ta besace et de tout ce qu’elle contient. Quant à ce qu’ils feraient subir
ensuite à ton pauvre corps vulnérable, c’est au-delà de tout ce que tu peux
imaginer. Je n’en reviens pas que tu n’aies pas encore été la proie de l’un de
ces maraudeurs de fils de pute d ’haliuruns. Si tu as faim… tiens, prends
ça.
    Tandis que je m’accroupissais de nouveau, il me lança
par-dessus le feu quelque chose de cru, de marron et de flasque, qui
m’éclaboussa de sang quand je l’attrapai.
    — Du foie d’élan. Je me l’étais gardé pour me faire un
petit plaisir, mais j’en ai déjà bouffé pas mal, ces temps derniers. Et par les
sept douleurs de la Vierge, tu m’as tout l’air d’en manquer sérieusement, de
foie. Prends-toi un bâton et fais-toi rôtir ça sur les flammes.
    —  Thags izvis, fráuja, murmurai-je, lui
accordant ainsi le respectueux titre de « maître ».
    —  Vái, t’es comme qui dirait pas très causant,
hein, chenapan ? Encore un trait de novice, ça. Quand t’auras vécu dans la
brousse aussi longtemps que moi, et causé, blasphémé et juré sans arrêt rien
que pour toi-même, t’auras la langue un peu mieux pendue que ça, crois-moi,
qu’il y ait ou pas quelqu’un pour t’entendre, ne serait-ce même qu’un vautour.
    Et pour causer, il causait. Il le fit sans cesser un
instant, tandis que je mangeais. J’étais si avide de cette viande que je pris à
peine le temps de la saisir sur les flammes et qu’aussitôt, usant davantage de
mes dents que de mon couteau, je me mis à la déchiqueter et la mâcher
voracement. J’élevais jusqu’au bec de mon juika-bloth, perché sur mon
épaule, les morceaux tombés de ma bouche.
    — La neige s’épaissit, commenta le vieil homme. Tant
mieux. Elle nous fera une couverture d’autant plus chaude, lorsqu’elle nous
recouvrira. Tu ne m’as pas encore raconté, garnement, ce que tu fabriques dans
les Hrau Albos  ! Si tu es, comme je le suppose, un esclave fugitif,
pourquoi fuir vers ces forêts inhospitalières, niu ? Tu te trouves
dans ces terres sauvages aussi peu à l’aise qu’un crocodile en plein désert.
Pourquoi ne pas t’être réfugié à la ville, où tu aurais pu te fondre dans la
masse ?
    — Je ne suis pas un esclave, fráuja, fis-je la
bouche pleine, dégoulinante du sang qui me coulait dans le cou. Je n’ai jamais
été esclave. Jusqu’à il y a peu, j’étais encore postulant dans un monastère.
Mais j’ai été… j’ai décidé

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