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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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laquelle nous avancions déjà depuis longtemps. Wyrd arpentait cette neige
montant à mi-jambes au rythme d’un jeune homme, et les traces qu’il y laissait
me facilitaient un peu la tâche tandis que je titubais derrière lui.
    Je pensais que j’avais commis une impertinente erreur en
imaginant que ce « vieux croûton » – comme Wyrd s’était
vulgairement désigné lui-même – pouvait être de quelque façon que ce soit
affaibli ou décrépit. Il avait dit être âgé de cinquante ans à la mort
d’Attila. Ce qui faisait qu’à moins de mentir effrontément, il en avait
désormais soixante-cinq, une longévité exceptionnelle, que seuls atteignaient
certains citadins privilégiés ou des ecclésiastiques. Or, à soixante-deux ans,
il avait je ne sais comment réussi à tuer un guerrier hun pour s’emparer de son
arc. Le vieux Wyrd n’avait peut-être plus beaucoup de « moelle dans son
os », selon sa triviale expression, mais s’il avait passé l’âge de toute
activité sexuelle et ce jusqu’à faire abstraction du sexe de son nouveau
compagnon, il semblait bien que ce soit la seule chose qu’il n’était plus en
âge de faire. Je n’avais à présent plus de doutes : Wyrd était capable de
charrier un tel rouleau de fourrures bien plus aisément que moi, et ne devait
avoir eu aucun mal à le soulever chaque soir à la hauteur d’une fourche élevée,
voire à l’y projeter. Cette nuit cependant, nous allions pouvoir camper à
l’abri dans une grotte douillette. C’était toujours bon à prendre.
    Mais une longue et éprouvante route nous en séparait. Même
devancé par Wyrd qui m’ouvrait la piste, je chancelais et trébuchais souvent,
et fus bientôt à la recherche de mon souffle, haletant et suant. Le vieil homme
avait eu raison : pas besoin de fourrure supplémentaire ni de tison pour
réchauffer l’atmosphère devant ma bouche. Si froid et venteux qu’il fît,
j’étais en nage. Le ballot sur mon dos allait de ma taille à au-dessus de ma
tête et mon juika-bloth trônait perché tout en haut. Du moins y
resta-t-il jusqu’à ce que je l’invite sans ménagements à voleter à nos côtés,
me soulageant du même coup de cette infime surcharge.
    Sans jamais ralentir sa marche ni perdre son souffle, Wyrd
ne cessait de parler, ou plutôt de hurler, pour dominer le tumulte de l’aquilon
alpin. Il prodiguait des commentaires ininterrompus sur le temps, sur le
terrain, sur la faune et la flore locales, sur d’autres climats, obstacles de
reliefs, animaux et plantes qu’il avait pu connaître, lardant sans vergogne ses
propos de ses habituels blasphèmes, profanations et obscénités.
    — Regarde par là, sur cette parcelle de terrain où la
neige a été balayée par le vent. Tu vois ces restes de plante ratatinés,
gamin ? C’est du laser, et tu seras heureux d’en trouver si tu es un jour
constipé, à la recherche d’une bonne purge. Extrais un peu de sève de ce laser,
et avales-en une dose. Ça te videra des pieds à la tête, c’est moi qui te le
dis.
    — Toujours utile… à savoir… fráuja …, haletai-je.
    — Tu les trouves monotones, ces Hrau Albos, gamin ?
Attends de voir les plaines marécageuses de Singidunum [33] , sur la
terre des Goths. Elles sont si planes et la végétation y est si basse que les
principales hauteurs que puisse accrocher l’œil, c’est un paysan solitaire,
pourvu qu’il se tienne debout. Ou sa chèvre. Voire son oie.
    — Extrêmement… intéressant… fráuja Wyrd,
pantelai-je.
    — Maintenant, nous arrivons vers un bois de pins,
gamin. Savais-tu que ces conifères, si tu les rôtis avant de les faire brûler,
répandent une douce odeur aromatique, un peu similaire à celle de
l’encens ? Mieux encore, tiens-toi bien : il paraît que le parfum que
dégage sa combustion est un puissant stimulant de l’ardeur des désirs féminins.
Certains païens l’utilisent au cours d’orgies dans leurs temples, pour exciter
la volupté de leurs ferventes adeptes. Ja, par les quarante-neuf filles
débauchées du roi Thespios, ça doit leur rendre la chatte plus incandescente
que l’encens !
    Sans un cri, je tombai la tête la première dans la neige, et
y restai inerte, vidé de mon dernier souffle et incapable désormais de mouvoir
ne serait-ce que mon propre poids, sans compter celui qui me montait au-dessus
de la tête. Wyrd, qui n’avait rien remarqué, poursuivit sa randonnée pédestre,
notant cependant d’un air

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