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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mots qui suivirent me firent considérer Wyrd avec surprise,
et un respect nouveau.
    — Quand nous avons vaincu Attila, dans la vaste plaine
des Champs Catalauniques, on s’adressait à toi comme à un décurion
d’auxiliaires, et tu faisais partie des antesignani [45] combattant en toute première ligne.
Ces quinze dernières années, tu ne t’es jamais fait prier pour tuer des Huns.
    — Ni à l’époque, ni maintenant, effronté
centurion ! répliqua vertement Wyrd. Simplement, je ne cherche plus à
sortir de mes traces pour tuer des ennemis. À ta place, Calidius, je me
soucierais moins des victimes de cet enlèvement que de ces mollassons que tu as
ici sous tes ordres. Si l’un de ces charognards de Huns a pu venir arracher ici
ne serait-ce qu’une bride de vos chevaux, ils méritent tout le blé et le vin
que vous gardez dans vos réserves. Et désormais, chacun de tes légionnaires,
chacune de tes sentinelles et le moindre de tes auxiliaires devraient en être
réduits à manger honteusement l’orge et à boire le vinaigre de la disgrâce.
    Le légat secoua la tête d’un air accablé.
    — Nulle disgrâce n’est hélas à imputer à quiconque.
Toute la faute en incombe à une femme entêtée. (Il grimaça.) Une femme qui
porte bien mal son nom : Placidia. Son fils de six ans, nommé
Calidius – en mon honneur, tu l’auras deviné –, possédait un poney.
Celui-ci, n’ayant pas été monté durant l’hiver, avait besoin de se faire
tailler les sabots. Il se trouve que le meilleur maréchal-ferrant de Basilea
habite au diable vauvert, dans un quartier fort excentré des faubourgs de la
ville, mais le jeune Calidius voulait absolument s’y rendre avec son poney,
afin d’assister à cette opération. Aussi, bien que Placidia fut enceinte et
proche de son terme, donc pas en état de paraître en public, cette femme
audacieuse et un brin téméraire a insisté pour accompagner son fils. Ainsi,
sans permission d’aucune sorte, elle et son fils se sont aventurés dehors, avec
juste quatre esclaves pour porter la lectica dans laquelle ils
voyageaient, et un cinquième pour conduire le poney, le tout sans escorte
militaire. Alors…
    — Excuse-moi, Calidius, l’interrompit Wyrd, bâillant à
s’en décrocher la mâchoire. Mon apprenti et moi sommes épuisés, et aurions le
plus grand besoin d’un bon bain chaud. As-tu besoin de me détailler à ce point
tout cela ?
    —  Quin taces ! [46] Tu as toi aussi la langue bien
pendue, quand tu t’y mets, je suis bien placé pour le savoir. Et ces détails
sont significatifs, car les Huns devaient se trouver en embuscade aux abords de
la ville, dans l’attente d’une occasion de ce genre. Une de leurs bandes est
tombée sur le petit groupe, ils ont tué les quatre porteurs et la troupe a pris
le large, emportant la lectica. L’esclave survivant est revenu ici avec
le poney. Et d’horribles nouvelles.
    — Je suppose que tu l’as immédiatement fait tuer ?
    — Je n’ai pas eu cette miséricorde, je l’avoue. Il a
été confiné à vie dans le pistrinum, trou que les esclaves appellent
« l’enfer des vivants », où il est désormais condamné à tourner la
meule à grains. Une sentence à perpétuité dans de telles conditions n’est pas
si cruelle, vu la faible espérance de survie qui y prévaut. L’usure des os, la
chaleur suffocante, la poussière étouffante… Bref, toujours est-il que deux
jours plus tard, porteur d’un drapeau blanc, un Hun qui baragouinait un peu de
latin est arrivé. Il a réussi à m’expliquer que Placidia et le petit Calidius
avaient été pris vivants, et qu’ils l’étaient encore. Ils le resteraient,
affirmait-il, pourvu que je le laisse repartir sain et sauf, lui garantissant
de pouvoir revenir me proposer les conditions préparées par ses compagnons. Je
lui donnai satisfaction, et le même vil Hun revint deux jours plus tard,
porteur d’une longue liste de demandes en guise de rançon. Je ne vais pas te la
réciter en entier : caisses de nourriture, chevaux, selles, armes, et j’en
passe… mais sache-le, ces exigences me sont impossibles à satisfaire. Je ne
saurais m’y plier. J’ai temporisé, disant que j’avais besoin de peser si les
otages en valaient la peine, et lui ai promis ma réponse pour dans trois jours.
Ce qui veut dire que ce damné nain jaune sera de retour dès demain. Tu
comprends à présent le désespoir dans lequel je me débattais, pourquoi je me
suis réjoui

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