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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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par miracle réchappé.
    — Loué soit Mithra, souffla le légat, je ne l’ai point
tué.
    Quand Paccius revint, il était suivi de deux gardes,
traînant entre eux l’esclave, moitié courant, moitié trébuchant. Quoique bien
bâti et clair de peau, il tremblait, semblait terrorisé et allait quasiment nu,
à l’exception d’un petit cache-sexe et des crasseux bandages sanglants qui
entouraient ses deux mains. Dès que l’homme fut maintenu droit devant nous,
celles du légat se crispèrent, comme s’il résistait à l’envie de l’étrangler.
Mais Wyrd s’adressa à lui d’un ton calme, dans la Vieille Langue :
    —  Tetzte, ik kann alls. (Ce qui signifie :
« Canaille, je sais tout. ») Confirme-moi simplement les faits,
poursuivit-il, et je te promets de te libérer du pistrinum.
    Au moment où Wyrd traduisait en latin cette dernière
proposition, le légat eut un accès indigné de protestation, mais Wyrd
l’enjoignit au silence.
    — D’un autre côté, tetzte, refuse d’admettre la
vérité, et je te jure que tu supplieras qu’on te ramène dans ton trou.
    —  Kunnáith, niu ? (« Vous savez,
alors ? ») croassa l’esclave.
    — Je sais, acquiesça Wyrd d’un ton suffisant, comme
s’il savait bel et bien. (Il poursuivit l’entretien, traduisant au légat sa
conversation en latin.) Je sais comment tu as d’abord rencontré ce Hun en
maraude, dans les faubourgs de Basilea, en allant rendre visite au
maréchal-ferrant. Comment tu as fait en sorte que les conspirateurs hunniques
soient présents au moment où Dame Placidia et son fils se rendaient chez cet
artisan. Comment tu l’as rassurée, lui expliquant qu’il n’y avait aucun danger,
et la poussant à refuser l’escorte de ses gardes. Comment enfin, tu es resté
lâchement à l’écart tandis que tes compagnons esclaves tentaient à mains nues
de s’opposer aux Huns et de les mettre en fuite. Ce qui les a tués.
    —  Ja, fráuja, murmura le tetzte. (Et bien
qu’il fît froid dans ce jardin, il se mit à transpirer soudainement.) Oui, vous
savez tout.
    — Tout sauf deux choses, conclut Wyrd. D’abord,
qu’est-ce qui t’a pris ?
    — Ces reptiles jaunes m’avaient promis de m’emmener
avec eux, et de me laisser errer librement en leur compagnie dans la forêt,
affranchi de ma condition d’esclave. Mais lorsqu’ils ont eu ce qu’ils voulaient,
ils m’ont ri au nez, m’ont dit de foutre le camp… et que je pouvais les
remercier de me laisser la vie sauve. Je n’avais plus qu’à rentrer ici et
tenter de me faire passer pour une victime… (Il lança de côté un regard effrayé
en direction du légat, qui bouillonnait en silence.) Car c’est bien ce que
j’avais été, pas vrai ?
    Wyrd se contenta de renifler, et poursuivit :
    — Il y a une deuxième chose que j’aimerais savoir. Où
ont-ils emmené la femme et l’enfant ?
    —  Meins fráuja, je n’en ai aucune idée. Si comme
ils me l’avaient promis ils m’avaient emmené avec eux, alors je le saurais.
Mais je l’ignore.
    — Je peux t’assurer, tetzte écervelé, que tu ne
serais pas allé très loin en leur compagnie. Mais tu as parlé avec ces Huns.
N’ont-ils pas mentionné un lieu, un point repérable, ne serait-ce qu’une vague
direction ?
    L’esclave fronça les sourcils et se mit à transpirer,
concentré sur ses souvenirs. Mais il ne put que conclure :
    — Ils ont bien montré du doigt, de temps à autre, les Hrau
Albos, mais sans donner d’indication plus précise. Je te le jur e,
fráuja.
    —  Je te crois, fit Wyrd, résigné.
    Sur quoi le légat rugit, et se précipita vers le cou de
l’esclave, les mains en crochet. Wyrd anticipa le coup. D’un geste fluide, il
sortit son couteau-serpent et le plongea dans l’abdomen de l’esclave, juste
au-dessus du cache-sexe, et remonta le long du ventre jusqu’à venir buter sur
le plexus. Les yeux de l’esclave en sortirent de leurs orbites, tandis que les
intestins débordaient en gargouillant, mais il n’émit aucun son, et s’affaissa
mort entre les bras des deux gardes qui le tenaient. Paccius les conduisit,
avec leur fardeau, hors du jardin.
    Sifflant entre ses dents, le légat lâcha :
    — Par le Styx, Uiridus, pourquoi as-tu fait cela ?
    — Je tiens mes promesses. J’avais promis de le libérer
du pistrinum.
    —  C’est ce que j’aurais fait moi aussi, mais…
infiniment plus lentement. Peu importe après tout, cette brute ne nous a rien
avoué

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