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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Ce n’est qu’en me
heurtant dans le dos de Wyrd que je compris qu’il avait repéré l’embarcation,
et s’était arrêté. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, je pus
distinguer un chaland à fond plat grossièrement équarri qu’on avait halé sur la
berge, bien dissimulé sous des broussailles, et je vis qu’il était vide. Nous
demeurâmes immobiles comme des pierres, tentant de ne pas tressaillir et de
calmer notre respiration, tandis que Wyrd aux aguets scrutait les alentours. Il
me toucha la poitrine, me recommandant de ne pas bouger et de garder Becga
jusqu’à son retour, avant de disparaître, aussi fugace qu’une ombre. Un instant
après il reparut comme par magie devant moi, et chuchota :
    — Il semble qu’ils n’aient laissé aucun garde. Aide-moi
à repousser le chaland dans le courant… Doucement, surtout, doucement.
    Cela ne pouvait évidemment se faire sans un minimum de
bruit ; le bateau était trop lourd pour être soulevé, et l’on entendit un
crissement assez prononcé durant la manœuvre. Mais l’intérêt ne m’en échappait
pas. Quand nous aurions à retraverser la rivière, si bien sûr cela arrivait,
cela gênerait considérablement les Huns lancés à notre poursuite. Toujours
est-il que nous pûmes remettre l’embarcation à l’eau, la regarder filer, et la
voir se retourner lentement dans le courant, sans qu’aucun ennemi ne se fût
matérialisé pour nous affronter. Wyrd déclara donc sans élever la voix, mais
sans chuchoter pour autant :
    — J’ai suivi un moment leur piste. Ils étaient si
pressés qu’ils n’ont pas pris soin de masquer leurs traces. À en juger par leur
hâte, je suppose qu’ils savaient qu’ils n’auraient pas un long chemin à faire.
Nous n’irons pas aussi vite qu’eux, car nous devons impérativement être
discrets et prudents, mais nous devrions atteindre leur repaire bien avant
l’aube. Toi et l’eunuque, tâchez de rester aussi loin de moi que possible, mais
sans me perdre de vue. Il y a sans doute des sentinelles postées tout le long
du chemin, et d’autres disséminées autour de leur camp. Dès que vous me verrez
ou m’entendrez m’arrêter, pétrifiez-vous sur place.
    Les Huns n’avaient visiblement pas supposé qu’ils pourraient
être pris en chasse, certains, comme l’avait supposé Wyrd, que nul ne les
chercherait dans les basses terres. En tout cas, aucune sentinelle n’avait été
laissée de garde sur la piste. La seule fois où Wyrd fit une pause, cette
nuit-là, ce fut lorsque nous aperçûmes derrière les arbres une pâle clarté
rouge, qui n’était autre que les premières lueurs de l’aube. Mais Wyrd, situé
assez loin devant nous, avait repéré autre chose, que nous ne pouvions voir. Il
se glissa de côté dans les arbres, nous incitant à garder une immobilité
totale. Je perçus peu après le bruit d’une furtive échauffourée dans les
buissons, après quoi Wyrd réapparut au même endroit, nous faisant signe de le
rejoindre.
    Nous le trouvâmes agenouillé auprès d’un Hun qui gisait mort
sur le sol. Wyrd, qui avait étranglé l’homme avec sa corde, rajustait l’arc à
son épaule. Il ne prononça pas un mot, et nous nous tûmes également. Puis nous
reprîmes notre progression vers l’horizon rougeoyant, lequel s’éclairait au fil
de notre avance, et dessina bientôt les contours d’une colline boisée. Là,
parmi les arbres, nul guetteur ne semblait posté. Nous en gravîmes la courte
pente à quatre pattes, et parvenus à quelques mètres du faîte, rampâmes sur le
ventre tels des scarabées.
    Le spectacle qui se dévoila à nos yeux était celui d’une
vallée presque nue, piquetée de nombreux feux de camp. Les arbres avaient été
abattus, comme le montrait la lumière des flammes, pour servir à la
construction de quelques huttes rudimentaires, environnées d’un certain nombre
de tentes misérables, faites d’un amalgame confus de peaux de bêtes. Du côté le
plus éloigné de la vallée s’étendait une ligne de piquets auxquels étaient
attachés des chevaux, pitoyable rangée de rosses décharnées et hirsutes. Enfin,
en dépit de l’heure matinale, on pouvait voir déambuler dans la clairière une
quarantaine de personnes. Étant situés à plus d’une centaine de pas du camp, il
nous était difficile de distinguer, dans leurs haillons miteux et en lambeaux,
s’il s’agissait d’hommes ou de femmes. Mais leur stature rabougrie et leurs
jambes

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