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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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agités couvrirent les bruits de notre débarquement. Et nous en
fîmes forcément, car les bêtes, ankylosées par le froid piquant, se traînèrent
avec peine dans les tourbillons des hauts-fonds jusqu’à atteindre la terre
ferme.
    Wyrd confia les rênes des chevaux à Becga, et nous prit avec
Fabius légèrement à l’écart.
    — D’ici au point d’accostage du Hun, il va nous falloir
être discrets. Donc, avancer à pied.
    — Pourquoi ? demanda Fabius. Ça pourrait prendre
jusqu’au matin, voire durer toute la journée de demain. Le Hun et ses hommes
ont pu aborder à plusieurs milles en aval, peut-être même au-delà de Basilea.
    — Ou peut-être pas. Aussi ne fais pas tant de bruit.
Ils ont peut-être accosté à quelques stades d’ici. C’est pourquoi nous allons
nous y rendre en silence… mon apprenti, l’eunuque et moi-même. Toi, Optio, tu
vas rester ici avec les chevaux, les barges et les hommes.
    — Quoi ? Gerrae ! [50] Et pour
combien de temps ?
    — Baisse d’un ton, j’ai dit. Ne m’as-tu pas toi-même
promis d’obéir à mes ordres ? Tu vas rester ici jusqu’à ce que Thorn et
moi soyons revenus, ramenant avec nous, je l’espère de tout cœur, ce pour quoi
nous sommes là.
    — Quoi ?! rugit alors franchement Fabius, et Wyrd
n’hésita pas à le gifler sèchement d’un revers de main.
    Cela ne calma en rien l’irascible soldat, mais il se mit à argumenter
un peu moins fort.
    — Toi et tes deux moutards, vous allez mener l’assaut
sans moi ? Et moi pendant ce temps-là, je dois jouer ici les nounous avec
les chevaux et servir de bonne à tout faire pour garder les bateaux ? Que
je sois damné par Mithra si j’y consens !
    — Damné ou pas, Optio, c’est précisément ce que
tu vas faire. Quand nous aurons tous trois localisé l’endroit où a accosté le
Hun, nous n’aurons pas le temps de venir te reprendre. Nous devrons les
poursuivre au plus vite. Ensuite, au retour, quoi qu’il puisse se produire et
si nous revenons un jour, nous serons aux abois. Il nous faudra alors savoir
précisément où trouver les chevaux, et il faudra qu’ils soient là, ainsi que
les barges et leurs pilotes. Tu crois que tout ce petit monde, avec ces Huns
rôdant aux alentours, attendrait gentiment jusque-là sans quelqu’un pour les y
contraindre ? Tu es le seul qui puisse y parvenir, et tu vas le faire.
    Fabius continua malgré tout d’ergoter, de tempêter, d’exiger
et de supplier, tour à tour raisonnable, amer, excédé et pitoyable, tandis que
Wyrd et moi nous préparions à partir. Mais Wyrd ne prit pas la peine de
répondre, ni même de prêter l’oreille à ses plaintes. Je pris mon épée courte à
l’endroit où elle était pendue sur la selle de Velox, et la bouclai à ma
taille, glissai ma fronde dans ma ceinture, prête à l’usage, et mon juika-bloth perché sur l’épaule, je fus prêt à partir.
    Wyrd se munit quant à lui de sa hache à manche court, et
arrangea son arc de guerre, son carquois et ses flèches derrière ses épaules.
Le petit Becga ne put que tendre les rênes à Fabius, qui finalement, et bien à
contrecœur, se résigna à cesser de récriminer, se contentant de dire :
    —  Ave, Uiridus, atque vale [51] .
    — Morituri te salutant [52] , lui
lança Wyrd, qui ne plaisantait qu’à moitié, et il fit signe à Becga et moi-même
de le suivre.
    J’étais sidéré de l’aisance avec laquelle Wyrd nous
conduisait, malgré l’obscurité profonde, à travers la dense végétation qui
bordait la rivière. Il parvenait à nous en maintenir à distance suffisante pour
ne pas y tomber, sans jamais trop nous en éloigner. En dépit du terrain lourd
et de son pas rapide, Wyrd traçait son chemin dans un silence presque total,
nous frayant une piste que nous parvenions à suivre avec toute la discrétion
requise. Au bout d’un moment cependant, Becga s’essouffla peu à peu, et je dus
bientôt traîner derrière moi comme un sac le petit charismatique affaibli.
Après avoir grelotté durant la traversée, nous transpirions sous l’effort, dans
nos habits de coureurs des bois.
    J’ignore combien de temps et sur quelle distance nous
avançâmes, mais ce ne fut l’affaire que de quelques heures, sur quelques
milles. Le messager hun avait dû avoir l’aide, lors de sa traversée, de presque
autant d’hommes que nous, car il avait malgré le courant assez peu dévié de la
perpendiculaire, et abordé largement en amont de Basilea.

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