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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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entraînerait la reddition de tous les insurgés.
     
    Nous nous sommes donc avancés vers Jotapata, découvrant la ville au dernier moment, et, tout à coup, alors que nous nous apprêtions à exiger des habitants qu’ils nous en ouvrent les portes, des Juifs en embuscade aux abords de la cité nous ont attaqués avec courage et ardeur.
    Et nous, citoyens de Rome, soldats de l’empereur du genre humain, nous avons été repoussés, contraints au corps à corps, puis à la retraite.
    Flavius Vespasien, Titus, les tribuns, les légats, les centurions, les légionnaires avaient tous cru que la campagne serait facile, que les Juifs s’agenouilleraient en attendant qu’on décidât si l’on devait les égorger ou les pousser dans l’arène pour qu’ils s’entretuent, les jeter aux fauves ou bien les vendre comme esclaves. Comment n’auraient-ils pas voulu une revanche implacable ?
     
    J’ai vu les légions aménager en hâte et avec hargne leur camp en Galilée, les soldats en une journée et une nuit aplanir le terrain, creuser les fossés qui dessineraient le carré du camp, puis dresser les remparts, édifier les tours, placer entre elles les machines de guerre, enfin, entre les allées qui divisaient le camp, élever les tentes, prévoir l’emplacement du forum, le quartier des artisans.
    J’ai vu cette fourmilière disciplinée et laborieuse se précipiter pour les rassemblements quand retentissaient les sonneries de trompettes. Chaque soldat voulait qu’on se venge de l’échec devant Jotapata, que la vraie guerre commence, qu’on tue, qu’on s’empare du butin.
    Je sentais l’impatience de ces hommes, je voyais leur joie quand Vespasien, puis Titus, les légats, les tribuns, les centurions enfin lançaient leurs ordres.
    Et je me sentais pris moi aussi par ce désir de guerre.
     
    J’ai crié d’enthousiasme quand, dès le premier assaut, les soldats de la XV e légion se sont emparés de la cité de Gabara, petite ville sur la route de Jotapata.
    L’un des vainqueurs, couvert de poussière et de sang, s’est présenté devant Flavius Vespasien et Titus qui l’ont félicité.
    L’homme était essoufflé. Il expliquait que les combattants juifs avaient réussi à fuir, que les rues de la ville étaient désertes, mais que les habitants s’étaient sans doute réfugiés dans les caves de ces maisons basses, bâties sur le roc, serrées les unes contre les autres.
    J’ai regardé Vespasien. Penché vers le soldat, son visage creusé de rides profondes était encore plus contracté qu’à l’habitude. Il frottait lentement ses mains épaisses qui avaient depuis l’adolescence brandi le glaive et frappé.
    Il a prononcé quelques mots que j’ai devinés plus qu’entendus.
    J’ai vu le soldat se redresser, le visage rayonnant, et partir en courant vers les remparts en faisant de grands gestes auxquels les légionnaires répondirent en levant leurs armes et en hurlant.
    Ils ont exécuté les ordres de Vespasien.
    Ils ont forcé les portes des maisons, égorgé tous les hommes, épargné seulement les tout jeunes enfants et les femmes.
    Les plus jeunes d’entre elles ont été violées ; certaines, pour échapper à la soldatesque, ont couru jusqu’aux remparts et se sont jetées dans les fossés.
    Hommes et femmes, je les ai entendus mourir.
    Et je me suis souvenu de l’appel à la clémence de la reine Bérénice, et des mots de révolte de Léda, fille de Yohanna Ben Zacchari.
    L’un ne pouvait empêcher les massacres, les autres ne conduisaient qu’à la mort.
    Car rien ne pouvait arrêter les soldats de Rome.
    Ils mirent le feu à la cité de Gabara et j’ai reconnu cette odeur de chairs brûlées que j’avais sentie en regardant les flammes dévorer les chrétiens entassés sur les bûchers ou cloués sur les croix. Cette odeur fade et écœurante s’est répandue dans toute la campagne environnante.
    Les légionnaires incendièrent les vergers, les récoltes, les hameaux. Ils tuaient tous les hommes et poussaient les femmes et les enfants vers ces enclos où s’entassaient les survivants de Gabara voués à l’esclavage.
    C’était cela, la guerre : le sang répandu, la mort ou la servitude, les maisons incendiées, la frénésie de tuer et de piller.
    La prochaine proie était Jotapata, la ville de Josèphe Ben Matthias.

 
     
6
    C’est au nord de Jotapata, à quelques centaines de pas seulement des remparts de la ville, en haut d’une colline, que j’ai vu

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