Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Flavius Vespasien lever le bras droit, tracer, dans l’air brûlant de ce plein été, un carré et, frappant du talon, donner ainsi l’ordre d’installer à cet emplacement le camp des légions.
    Il s’est tourné vers Titus auprès de qui je me tenais.
    — Les Juifs doivent voir nos aigles, nos enseignes, nos machines de siège, et entendre nos trompettes jour et nuit, savoir que nous sommes plus de soixante mille. Il faut que la terreur entre en eux, que la mort les saisisse avant que nous ne la leur donnions. Je veux que la merde coule le long de leurs jambes et qu’ils se tiennent le ventre !
    Il a croisé les deux mains sur le sien, contractant son visage comme s’il allait se soulager, là, devant ses légats et ses tribuns. Nous savions tous qu’il était souvent sujet à des coliques qui le faisaient se contorsionner, cependant que son visage était déformé par des grimaces de douleur.
    Il a répété :
    — Je veux qu’ils se chient dessus, qu’ils empestent la merde, qu’ils crèvent dans la merde !
    Ainsi a commencé le siège de Jotapata.
     
    La peur d’abord a produit ses effets.
    Des hommes tremblants ont, la première nuit, quitté la ville, se présentant à nos sentinelles, expliquant qu’ils avaient déserté et ne voulaient pas combattre les Romains.
    On a poussé ces déserteurs devant Flavius Vespasien et Titus. On les a forcés à s’agenouiller, à dire ce qu’ils savaient.
    Certains ont refusé de parler. J’ai entendu leurs cris cependant que les bourreaux les écorchaient.
    D’autres, la sueur couvrant leur corps, ont parlé de leur chef, ce Josèphe Ben Matthias que toute la Galilée et toute la Judée respectaient, auquel les habitants de Jotapata obéissaient. C’était un homme jeune et savant, issu d’une lignée de grands prêtres, qui avait appris des Romains l’art de la guerre. Josèphe voulait résister jusqu’à l’automne, quand la pluie inonderait la campagne et remplirait les citernes de la ville. Car l’eau manquait déjà à Jotapata, tout comme les vivres.
    Ces déserteurs pitoyables, Vespasien les a renversés d’un coup de pied.
    Ils ne méritaient même pas la mort des soldats, par le glaive. Qu’on les laisse mourir de soif et de faim !
    Il s’est adressé à ses légats.
    — Il faut étrangler cette ville, qu’elle crève comme ces gens-là !
    Il a donné l’ordre d’entourer Jotapata de deux cercles de fantassins et un de cavaliers afin que pas un habitant ne puisse sortir de la ville.
    Il a fait disposer près des remparts les archers arabes et les frondeurs syriens, puis cent soixante machines de siège, et à son signal les flèches, les pierres, les javelines lancées par les hommes ou les balistes, les catapultes et les scorpions, frappèrent les Juifs des remparts et écrasèrent sur les places de la ville, qu’on apercevait depuis la colline nord, des centaines d’habitants rassemblés pour les distributions d’eau.
    Il y eut des cris stridents de femmes qui parvenaient jusqu’à nos lignes, pénétraient sous ma tente, et je plaquais mes paumes sur mes oreilles pour ne pas entendre, ne pas imaginer.
    Mais j’assistais et participais aux combats.
     
    Car les Juifs non seulement ne cédaient pas, n’ouvraient pas les portes de leur ville, mais lançaient des contre-attaques, incendiaient les machines de siège, étendaient sur les remparts des peaux de bœufs fraîchement tués pour que les boulets glissent et retombent sans défoncer les murs.
    Ils mirent le feu au gigantesque bélier que des centaines de soldats portaient et lançaient en avant. Ils s’emparèrent de la tête de ce bélier, la hissèrent au sommet des remparts pour nous défier.
    Puis ils déversèrent de l’huile bouillante sur les assaillants, et les légionnaires tremblaient de peur et de rage en voyant leurs camarades se tordre de douleur, l’huile ayant pénétré sous les armures, rongeant les chairs.
    J’ai lu dans les yeux de Flavius Vespasien l’incertitude, et dans ceux de Titus le désarroi, l’impatience, la colère.
    Cette ville ne plierait-elle donc jamais ?
     
    Les vivres et l’eau lui manquaient pourtant.
    Les trois cercles de troupes, comme des lacets de cuir autour du cou d’un condamné, se resserraient.
    Mais à chaque fois qu’une brèche était ouverte dans les remparts, les Juifs la colmataient d’abord avec leurs corps, puis avec de nouvelles pierres.
    Quand Vespasien a donné l’ordre d’élever un

Weitere Kostenlose Bücher