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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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genoux et j’ai éprouvé, à voir son corps à demi nu ployé devant moi, une sensation de brûlure, le désir de la soumettre et de la posséder.

 
     
34
    J’ai laissé le désir m’imposer sa loi.
    J’ai ordonné à deux esclaves de laver le corps de Léda Ben Zacchari, puis j’ai joui de lui autant que j’ai pu.
    Elle fermait les yeux, lèvres serrées. Elle écartait les bras comme si j’avais voulu la crucifier.
    Et souvent j’ai pensé que je la suppliciais.
    Je me levais alors, arpentais la tente ou, lorsque nous fumes à Césarée de Philippe ou à Antioche, ou à Béryte, la chambre du palais où j’étais logé.
    Elle était étendue, nue, immobile, ses mains frôlant le sol de part et d’autre du lit.
    Je m’approchais. Je la saisissais par les épaules, la secouais.
    Ce qui m’irritait le plus, c’était son silence, ses yeux clos, la passivité avec laquelle elle subissait mes caresses, mes morsures.
    Elle était comme morte et je ne parvenais jamais à être rassasié d’elle.
    J’ai tenté de la faire souffrir pour qu’elle tressaille, se cabre, crie. Mais mes dents avaient beau laisser leurs marques sur l’intérieur de ses cuisses, et même le sang perler, elle paraissait insensible.
    Je lui remontrais que si je ne l’avais pas choisie, et à supposer qu’elle fut encore en vie, elle serait en ce moment livrée aux soldats, ou bien poussée dans un amphithéâtre, ou encore elle marcherait les fers aux pieds, avec les autres jeunes captifs, vers l’Égypte où, si son dieu la protégeait, elle deviendrait une esclave domestique. Et ce même dieu, s’il l’ignorait ou voulait la punir, la livrerait aux soldats pour qu’ils jouent avec elle, puis la jettent aux chiens. À moins que, comme les jeunes gens vigoureux, elle ne soit vouée aux travaux forcés dans le delta.
    Voilà ce que je lui avais épargné, moi qu’elle ne regardait pas, à qui elle ne parlait pas, moi à qui elle n’abandonnait qu’un corps inerte.
     
    Je me refusais à lui lier les poignets ou les chevilles lorsque je quittais la tente.
    Je l’avait avertie : elle pouvait essayer de fuir, mais les soldats continuaient à fouiller les ruines et les souterrains de Jérusalem. Chaque jour ils débusquaient des insurgés qui s’y étaient cachés. Ils les torturaient pour leur faire avouer où les trésors du Temple et les coffres déposés dans le Sanctuaire par les riches familles avaient été enfouis. Après quoi ils les égorgeaient.
    Elle connaîtrait ce sort, ou bien, après l’avoir possédée, les soldats l’éventreraient, où la précipiteraient vivante dans l’un des ravins où les cadavres achevaient de pourrir.
    Elle pouvait donc quitter la tente. Peut-être même réussirait-elle à sortir du camp, mais elle ne pourrait jamais s’éloigner des ruines de Jérusalem et atteindre ces villes d’Hébron, d’Hérodion, de Macheronte et de Massada où, disait-on, des zélotes et des sicaires s’étaient rassemblés avec la volonté de poursuivre le combat – j’avais appris qu’ils attaquaient, dans la vallée du Jourdain et le désert de Judée, des cohortes romaines et des caravanes de marchands.
     
    Je rapportais ces faits à Léda Ben Zacchari, espérant surprendre un tressaillement de son corps, un regard, une expression de son visage, mais elle restait prostrée ; et quand je regagnais la tente à la fin d’une journée d’absence, je la retrouvais recroquevillée comme si elle avait été enchaînée.
    Alors je m’immobilisais devant elle et j’avais l’impression que mon corps se couvrait d’immondices, que des excréments imprégnaient ma peau, envahissaient tout mon être. Je devenais aussi puant qu’une hyène ou qu’un chacal, aussi galeux qu’un chien errant. Et aussi cruel que ces soldats qui avaient éventré des Juifs pour rechercher dans les entrailles de ces fuyards les pièces d’or qu’ils avaient peut-être ingérées.
    Moi aussi, à ma manière, je cherchais de l’or dans les entrailles de Léda Ben Zacchari.
    Je suffoquais, pris de nausées.
    Je quittais à nouveau la tente.
     
    C’étaient des jours de victoire. Les soldats allaient par bandes, chargés de butin, le glaive à la main, toujours sur leurs gardes. Les incendies couvaient sous les ruines et parfois des flammes jaillissaient encore, encerclant des patrouilles qui appelaient en vain à l’aide.
    Il fallait aussi dégorger les souterrains et les égouts, en faire sortir les habitants

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