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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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véritablement hors du coup, de vous montrer coopérant, sinon…
    — Sinon ? riposta Dorval, nerveux.
    — Sinon, vous allez au-devant d’emmerdements !
    Et Théo d’ajouter :
    — Mieux vaut soulager votre conscience !
    — Vous parlez comme un curé.
    — Ne sommes-nous pas dans l’enceinte d’un palais épiscopal ? renchérit Théo, qui ne parvenait pas à faire de son interlocuteur un être antipathique – bien au contraire.
    — De toute façon, tout ce que je pourrais vous dire, vous allez le cafter au flicard de Toulouse.
    — La police, Cantarel, Dorléac et moi n’avons qu’un seul objectif : récupérer au plus tôt les tableaux volés. Après…
    — Après quoi ? clama Dorval.
    — Je vais vous faire une vraie réponse de curé : après, il vous sera beaucoup pardonné.
    — Monsieur Trélissac, avec tout le respect que je vous dois, j’ai l’impression que vous vous foutez littéralement de ma gueule !
    — Si vous n’êtes pour rien dans la disparition des Lautrec, il faut le prouver. Et très vite !
    — Vous me voyez en trafiquant d’art ?
    — Pour être très honnête avec vous : non. En revanche, que vous fassiez la sale besogne pour le compte d’un commanditaire ne me paraît pas une hypothèse farfelue. Votre goût pour l’argent facile peut faire de vous un excellent homme de paille.
    — Putain, si je vous dis que j’y suis pour rien !
    Le jeune gardien avait violemment tapé du poing sur la table, renversant le chargeur de la torche électrique. Ses tempes trahissaient le bouillonnement de ses veines, ses narines frémissaient.
    — Un dernier détail, monsieur Dorval, assez privé j’en conviens. Quelle était vraiment la nature de votre relation avec Paulo. Était-il généreux ?
    — Vous plaisantez ou quoi ? Dupuy, depuis des mois, il n’avait plus une thune !
    — Il avait son salaire, comme vous du reste. Le statut d’agent municipal n’est peut-être pas très lucratif, mais il y a la sécurité de l’emploi, comme l’on dit. Alors, que faisait votre ami de sa paie ?
    — Il me disait qu’il devait rembourser une vieille dette… lâcha Dorval, évasif.
    — Une dette de quel ordre ? insista Théo.
    — Est-ce que je sais, moi ?
    — Parlez-moi franchement : est-ce que Dupuy n’était pas plutôt victime d’un chantage ?
    — Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
    — Je ne sais pas, moi. Des gens malintentionnés le menaçant de révéler son homosexualité.
    — C’était sa hantise, vous avez raison… Quand il me demandait de passer le voir chez lui, il voulait que ce soit toujours après le coucher du soleil.
    — En réalité, il n’était libre de ses mouvements et de ses mœurs que quand il n’était pas à Albi.
    — Il avait toujours l’impression d’être épié, confirma le gardien de musée qui lissait le pli de son pantalon de service.
    — Fréquentait-il les fils Labatut ?
    — Pas que je sache. Pourquoi me demandez-vous ça ? Ils ne sont pas de la chapelle, ni l’un ni l’autre. Encore que le cadet, je n’en mettrais pas ma main à couper. Ce sont de petits glandeurs qui ont fait le malheur de ce pauvre René. C’est pour cela qu’il a préféré en finir avec la vie !
    — De quoi vivent-ils ?
    — J’en sais fichtre rien. Ils venaient taper le vieux assez souvent. J’apprendrais qu’ils sont un peu proxénètes sur les bords, cela ne me surprendrait qu’à moitié…
    — On m’a dit en effet que quand ils débarquaient à la loge du musée, c’était toujours accompagnés de pépées plutôt bien roulées.
    Théo regardait Dorval du coin de l’œil en même temps qu’il sirotait sa Kanterbräu.
    — Style ?
    — Plutôt vulgaires. On trouve les mêmes tous les soirs, hiver comme été, sur les berges du canal du Midi à Toulouse.
    — Je vois le genre, appuya Trélissac, même si je ne vous trouve pas très confraternel.
    — Faites pas chier avec ça ! C’est du passé. Je n’ai ni honte ni fierté !
    — À vrai dire, les fils Labatut ont de qui tenir. Leur mère n’est pas franchement farouche…
    — Tous les gardiens, sauf Paulo, lui sont passés dessus !
    — Même vous ? demanda Théo.
    — Je ne m’interdis rien dans la vie. Elle est encore très bien conservée pour son âge.
    — Je confirme.
    — Ne me dites pas que, vous aussi… monsieur Trélissac ?
    — Non, mais il y a eu de sa part tentative de corruption.
    — La Micheline,

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