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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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Théo rompit le silence :
    — Dessin de belle facture, n’est-ce pas ?
    Dorval sursauta.
    — Vous m’avez fait une de ces trouilles ! bredouilla le gardien, qui tremblait de tout son corps.
    « Mais… Mais… Comment avez-vous pénétré ici, monsieur Trélissac ?
    — Par la porte d’entrée, répondit Théo comme si cette réponse était une évidence.
    — Ce n’est pas possible, les détecteurs sont en marche.
    — Alors, disons que je suis l’homme invisible !
    — Ne plaisantons pas avec ça, monsieur…
    — Je suis très sérieux, monsieur Dorval, ce musée n’est vraiment pas fiable. Pas fiable dans son système d’alarme… Pas fiable dans son personnel ?
    — Vous insultez ceux qui travaillent ici…
    — Ce n’est pas faire insulte à votre travail de gardien que de constater qu’il est facile comme un bonjour de se faire enfermer dans ce musée, secundo que l’un des surveillants de nuit dudit musée a disparu mystérieusement et, tertio, que le concierge a préféré se pendre que d’avouer qu’il avait débranché délibérément le système d’alarme.
    — Je suis d’accord, cela fait beaucoup de coïncidences. Mais de là à laisser supposer que nous sommes complices de ce qui s’est passé…
    — Je ne crois pas avoir utilisé le terme de complicité, mais puisque c’est vous qui l’employez… Dites-moi, Grégoire… Vous permettez que je vous appelle Grégoire ?
    — C’est-à-dire que je m’appelle Gérard…
    — Où suis-je allé pêcher ce prénom ? fit Théo en prenant son air le plus angélique.
    Dorval arrosa de sa torche le plancher du musée afin de mettre de l’obscurité entre les deux visages qui se faisaient face.
    — C’est curieux, j’ai toujours cru que vous vous prénommiez Grégoire, insista Trélissac. Vous êtes sûr que, dans une autre vie, vous ne vous appeliez pas Grégoire ?
    — Non, je ne vois pas…
    Puis Théo s’empara du poignet droit de Dorval au bout duquel se baladait la lampe électrique et la dirigea sous le menton de celui-ci.
    — Vous êtes sûr, Dorval, que vous n’avez jamais usé de ce prénom pour différentes activités qu’il ne m’appartient pas de condamner, mais qui ont fait de vous une monnaie d’échange ?
    Il était impossible pour le jeune Trélissac de savoir si Dorval affichait un teint blême ou s’il rougissait de honte. Mais sa respiration saccadée trahissait un malaise qui rendait sa voix grêle en même temps que son corps se raidissait.
    — Qu’est-ce que vous me voulez à la fin ?
    — Finalement, Gérard, vous êtes un esthète, un homme de l’art. À Bordeaux, je me suis laissé dire que vous fréquentiez l’école des Beaux-Arts, place Renaudel, à l’heure où les salles de classe sont fermées. Un peu comme moi ce soir qui investit ce musée au cœur de la nuit. C’est bien là, n’est-ce pas, qu’à cette époque vous monnayiez vos charmes ?
    — On gagne sa vie comme on peut. Vous n’avez pas à me juger ! Je n’ai pas eu la chance d’avoir un pater qui m’ait payé des études dans les hautes écoles, comme vous !
    — Moi, je n’ai pas eu de pater du tout ! Raté, répliqua net Trélissac.
    Un silence s’insinua entre les deux garçons.
    — Qu’est-ce que vous voulez me faire dire ? hurla tout à coup Dorval. Que je faisais le tapin ? Que je taillais des pipes à de bons pères de famille, à de riches négociants bordelais ? Eh bien, oui… Et même que j’y prenais du plaisir !
    — Ça ne regarde que vous, Gérard. Je suis juste surpris par l’intérêt que vous portez aux dessins qui remplacent les toiles volées. Vous les avez observés avec un soin très particulier. C’est étonnant pour quelqu’un qui n’a pas fait d’études… disons artistiques.
    — J’ai appris à m’intéresser au travail de Lautrec. Il dessinait bien, n’est-ce pas ? Vous avez vu ce tableau avec les trois chevaux ? Les trois canassons, ils sont plus vrais que nature !
    — Sauf que ce dessin n’est pas de Toulouse-Lautrec, rectifia Trélissac.
    Le gardien parut embarrassé comme un analphabète à qui l’on demande de lire le journal.
    — Et c’est de qui alors ?
    — De Princeteau, un de ses amis peintres.
    — Ah bon… soupira Dorval, un peu déçu.
    — Pourtant, Paul Dupuy vous a appris des choses sur l’artiste ?
    — Paul ? Il était incollable sur Lautrec !
    — Vous n’avez pas une petite idée du lieu où il se

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